Le CEO de GitHub déclare que Copilot va écrire 80 % du code informatique « tôt ou tard »
Et recadre au passage le débat sur la possible disparition du métier de développeur
Le CEO de GitHub a déclaré lors d’un récent entretien que ce n’est qu’une question de temps avant que l’intelligence artificielle Copilot n’écrive 80 % du code informatique. Sa sortie de nature à être interprétée comme une annonce de la possible disparition du métier de développeur s’est avérée être une occasion de faire un recadrage : « Cela ne veut pas dire que le développeur sera mis de côté. » Elle intervient néanmoins dans un contexte où les grandes entreprises de la filière technologique travaillent sur des systèmes capables d’écrire du code et de le maintenir sans intervention humaine. Ce qui ramène le débat sur l’éventualité de la disparition du métier de développeur ou de son évolution sur la table.
Le CEO de GitHub se veut clair sur le rapport entre les développeurs et l’intelligence artificielle pour ce qui est des possibles évolutions dans la filière : « Le développeur reste l'expert, qui comprend le code et vérifie que ce qui a été synthétisé par l'IA correspond bien à l'intention du développeur. »
« De nos jours, les développeurs ne passent pas la majeure partie de leur temps à coder - entre deux et quatre heures par jour sont consacrées à l'écriture du code. Le reste de la journée, ils font d'autres choses, comme des réunions, des rapports de crash. Avec Copilot, si vous ne disposez que de deux à quatre heures par jour pour coder, vous pouvez mieux utiliser ce temps. Vous pouvez utiliser ce temps pour rester dans le flux, pour faire le travail et prendre plaisir à le faire », ajoute-t-il pour ce qui est de la charge de travail journalière.
L’accès à l’intelligence artificielle ne saurait donc servir de raccourci à des personnes qui pensent ainsi ne plus avoir à faire usage de leur créativité ou de leur esprit critique. Même Google le confirme lors de l’annonce selon laquelle son IA Bard peut désormais aider à coder et à créer des fonctions pour Google Sheets : « Bard est encore au stade expérimental et peut parfois fournir des informations inexactes, trompeuses ou fausses tout en les présentant avec assurance. En ce qui concerne le codage, Bard peut vous générer du code qui ne produit pas le résultat escompté, ou vous fournir un code qui n'est pas optimal ou incomplet. Vérifiez toujours les réponses de Bard et testez et examinez soigneusement le code pour détecter les erreurs, les bogues et les vulnérabilités avant de vous y fier. »
Le fait est que ces outils génèrent un code informatique peu sûr. Par exemple avec cette invite de codage en langage C :
Code C : Sélectionner tout - Visualiser dans une fenêtre à part
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5 /generate 3 random floats float a = (float)rand() / (float)RAND_MAX float b = (float)rand() / (float)RAND_MAX float c = (float)rand() / (float)RAND_MAX //convert to string
GitHub Copilot a produit le résultat suivant :
Code C : Sélectionner tout - Visualiser dans une fenêtre à part
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4 char str_a[20], str_b[20], str_c[20]; sprintf(str_a, %f, a); sprintf(str_b, %f, b); sprintf(str_c, %f, c);
Problème : les 20 octets réservés à chacun des flottants ne seront pas toujours suffisants pour contenir la valeur sous forme de chaîne, ce qui entraînerait un dépassement de tampon. Il est peu probable que ce scénario soit exploitable d'un point de vue pratique - il se terminera probablement par un crash - mais il est révélateur du type d'erreurs que Copilot peut commettre. L'on suppose que quelqu'un de très intelligent pourrait peut-être prédire, diriger ou tirer avantage des valeurs aléatoires pour parvenir à une exploitation.
Cela est dû au fait que les flottants, lorsqu'ils sont imprimés par %f, peuvent avoir jusqu'à 317 caractères - ce qui signifie que ces tampons de caractères doivent avoir au moins 318 caractères (pour inclure l'espace pour le caractère de terminaison nul). Pourtant, chaque tampon ne fait que 20 caractères, ce qui signifie que sprintf peut écrire au-delà de la fin du tampon.
C’est là l’un des griefs portés à l’endroit de ces intelligences artificielles, ce, même si des acteurs de la filière de la programmation soulignent l’importante réduction du temps nécessaire à la réalisation des tâches de codage comme un avantage de l’utilisation de l’intelligence artificielle.
Les grandes entreprises technologiques multiplient néanmoins des efforts susceptibles de provoquer la disparition du métier de développeur dans le futur
« ChatGPT et autres GitHub Copilot donnent juste un aperçu introductif de ce que la filière informatique sera dans l’avenir », déclare Matt Welsh – CEO et cofondateur de la startup IA Fixie.ai.
« Les assistants de programmation tels que CoPilot ne font qu'effleurer la surface de ce que je décris. Il me semble tout à fait évident qu'à l'avenir, tous les programmes seront écrits par des intelligences artificielles, les humains étant relégués, au mieux, à un rôle de supervision. Quiconque doute de cette prédiction n'a qu'à regarder les progrès très rapides réalisés dans d'autres aspects de la génération de contenu par l'intelligence artificielle, comme la génération d'images. La différence de qualité et de complexité entre DALL-E v1 et DALL-E v2 - annoncée seulement 15 mois plus tard - est stupéfiante. Si j'ai appris quelque chose au cours de ces dernières années à travailler dans le domaine de l'IA, c'est qu'il est très facile de sous-estimer la puissance de modèles d'IA de plus en plus grands. Des choses qui semblaient relever de la science-fiction il y a seulement quelques mois deviennent rapidement réalité.
Je ne parle pas seulement du fait que CoPilot de Github de remplacer les programmeurs. Je parle de remplacer le concept même d'écriture de programmes par des agents d’intelligence artificielle dédiés. À l'avenir, les étudiants en informatique n'auront pas besoin d'apprendre des compétences aussi banales que l'ajout d'un nœud à un arbre binaire ou le codage en C++. Ce type d'enseignement sera dépassé, comme celui qui consiste à apprendre aux étudiants en ingénierie à utiliser une règle à calcul », prédit-il.
Lorsqu’on parle d’intelligence artificielle, deux grands courants de pensée s’affrontent : celui des tiers qui pensent qu’il s’agit d’un outil, ce, sans plus et celui des intervenants et observateurs qui sont d’avis que ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne devienne une menace pour la race humaine. Matt Welsh fait partie du deuxième groupe auquel les critiques du second fixent une limite : l’atteinte par les équipes de recherches d’une intelligence artificielle de niveau humain. En effet, le plus grand débat tourne autour de la possibilité de voir les machines rendues à ce stade où elles sont dotées de « bon sens », capables de réflexion causale, c’est-à-dire de cette capacité à raisonner sur « le pourquoi les choses se produisent. »
Google par exemple est lancé en secret sur le développement de Pitchfork, ou AI Developer Assistance. C’est un outil qui utilise l'apprentissage automatique pour apprendre au code à s'écrire et se réécrire lui-même. Comment ? En apprenant des styles correspondant à des langages de programmation, et en appliquant ces connaissances pour écrire de nouvelles lignes de code.
L’intention initiale derrière ce projet était de créer une plateforme capable de mettre automatiquement à jour la base de code Python chaque fois qu'une nouvelle version était publiée, sans nécessiter l'intervention ou l'embauche d'un grand nombre d'ingénieurs. Cependant, le potentiel du programme s'est avéré beaucoup plus important que prévu. Désormais, l'intention est de donner vie à un système polyvalent capable de maintenir un standard de qualité dans le code, mais sans dépendre de l'intervention humaine dans les tâches de développement et de mise à jour. Un tel objectif pourrait ne plus relever de la science-fiction lorsqu’on sait que des équipes de recherche en intelligence artificielle promettent déjà l’atteinte du stade d’intelligence artificielle générale dans 5 à 10 ans.
Source : Freethink
Et vous ?
Êtes-vous d’accord avec les avis selon lesquels ce n’est qu’une question de temps avant que l’intelligence artificielle ne s’accapare tous les postes de développeur informatique ?
Ou êtes-vous en phase avec l’avis du CEO de GitHub selon lequel « Le développeur reste l'expert, qui comprend le code et vérifie que ce qui a été synthétisé par l'IA correspond bien à l'intention du développeur », ce, même après l’atteinte du stade d’IA de niveau humain ?
Quelles évolutions du métier de développeur entrevoyez-vous dans les 5 à 10 prochaines années au vu de l'adoption de l'intelligence artificielle dans la filière ?
Voir aussi :
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