Le gouvernement français veut soutenir l'industrie des NFT avec des fonds publics
alors que les experts considèrent ces actifs numériques comme une escroquerie
Le gouvernement français songerait à soutenir l'industrie des NFT avec de l'argent public. L'initiative a été annoncée mardi dernier par le ministre français chargé de la Transition numérique, Jean-Noël Barrot, lors de l'inauguration de la NFT Factory, vitrine française du secteur, à Paris. L'annonce a suscité de vives critiques de la part de plusieurs internautes français, certains se demandant pourquoi les autorités françaises souhaitent investir des fonds publics sur un marché aussi instable, sujet aux escroqueries et en perte de vitesse depuis plusieurs mois. La vision du gouvernement est de faire de la France le hub européen de l'écosystème des cryptoactifs.
« Avec les acteurs mondiaux de la culture, des jeux vidéo et de l'industrie du luxe, la France a tous les atouts pour devenir une plateforme européenne et mondiale des NFT. Il faut que l'on accompagne ce mouvement avec le soutien de l'argent public, dans le cadre de France 2030 », a déclaré mardi le ministre Jean-Noël Barrot. Il n'a toutefois pas donné plus de détails sur le montant que le gouvernement entend investir ni sur les modalités de ce soutien. À en croire les propos du ministre, cette initiative permettra à la France d'avoir une longueur d'avance dans les domaines tels que la finance décentralisée (DeFi) et les NFT (jetons non fongibles).
De nombreux experts considèrent toujours les NFT comme une escroquerie, mais Jean-Noël Barrot est convaincu que ces actifs numériques ont un fort potentiel et portent une révolution. Il estime que les NFT impacteront des millions de personnes et plusieurs secteurs, comme les jeux vidéo, en France et dans le monde. Pour rappel, le marché des NFT a connu un boom entre fin 2020 et le premier semestre 2021, mais il s'est littéralement effondré depuis, faisant perdre des millions de dollars aux investisseurs. Une grande partie de l'industrie, plusieurs rapports ainsi que certains régulateurs décrivent les NFT comme une grande escroquerie.
Et les derniers événements semblent leur donner raison, certains NFT ayant perdu plus de la moitié de leur valeur et d'autres ne valent presque plus rien. Certains ont prédit que 90 à 98 % des NFT actuels n'auraient plus de valeur dans les trois à cinq prochaines années. Par exemple, le NFT du tout premier tweet de l'histoire, écrit par le cofondateur de Twitter Jack Dorsey, a été vendu en mars 2021 à 2,9 millions de dollars. Mais aujourd'hui, il ne vaudrait que 97 dollars, soit une perte de 99,99 % depuis le moment où il a été mis aux enchères. L'acheteur, l'entrepreneur iranien en cryptomonnaie Sina Estavi, peine aujourd'hui à refourguer cet actif numérique.
En mars, l'offre la plus élevée pour le NFT du premier de Dorsey était 9 968 dollars. Selon les analystes, cela montre que la frénésie suscitée par ces actifs numériques s'estompe. Lors de l'inauguration de la NFT Factory à Paris, Jean-Noël Barrot a déclaré qu'il est nécessaire de construire un cadre régulatoire pour les NFT, tout en faisant preuve d'agilité dans la réglementation. Cette agilité serait importante si l'on ne veut pas brider l’innovation. Pour le ministre français chargé de la Transition numérique, l'objectif est de construire un cadre idéal qui favorisera l'innovation tout en protégeant les utilisateurs de NFT contre certains risques.
« Nous avons réussi à le faire sur les cryptomonnaies et c’est ce que nous allons faire, d’ici la fin de l’année, sur les NFT. C’est la raison pour laquelle, avec Bruno Le Maire et Gabriel Attal, nous venons de saisir l’Inspection générale des finances d’une mission globale sur les NFT. Elle dressera notamment un panorama des usages et pourrait proposer des pistes d’évolution de la réglementation afin de permettre le développement des acteurs du secteur », explique Jean-Noël Barrot. Les NFT restent fortement décriés, mais des chiffres du cabinet de conseil KPMG indiquent qu'environ 2 % des Français ont déjà investi dans ces actifs numériques.
Le soutien que le gouvernement français veut apporter à l'industrie des NFT est présenté par Jean-Noël Barrot comme une composante de l'initiative France 2030. Selon le gouvernement français, le plan France 2030, doté de 30 milliards d’euros déployés sur 5 ans, vise à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir. Mais certains internautes français ne semblent pas ravis du fait que les autorités françaises veulent utiliser des fonds publics pour soutenir une technologie dont on ne connaît pas avec précision son utilité. Les cas d'utilisation potentiels des NFT sont : les jeux vidéo, la billetterie, le suivi des œuvres d'art, etc.
Cependant, actuellement, la popularité des NFT est surtout liée aux innombrables escroqueries qui ont eu lieu sur ce marché hautement instable. Dans l'industrie des jeux vidéo, les projets NFT semblent n'avoir pas donné le résultat escompté, mais auraient juste réussi à attiser la colère des joueurs, qui considèrent les NFT comme une escroquerie. Dans le cas de GSC Game World, le problème serait tel que l'éditeur a dû renoncer en janvier à son projet d'intégrer les NFT dans la prochaine version de son jeu STALKER. Selon certains joueurs, les fabricants de jeux tentent simplement de soutirer plus d'argent aux joueurs avec les projets de NFT.
Par ailleurs, les propos de Jean-Noël Barrot font écho aux propos tenus récemment par son homologue chargé de l'Économie, Bruno Le Maire. Il a annoncé récemment que le gouvernement souhaitait faire de la France le hub européen de l'écosystème des cryptoactifs. Bruno Le Maire suggère qu'avoir peur de ces nouvelles technologies pourrait empêcher la France de profiter des avantages et des opportunités qu'elles pourraient offrir. Il pense que cela limiterait l'innovation française dans le domaine des cryptomonnaies, de la finance décentralisée et des NFT. Il appelle également à une réglementation de l'écosystème des cryptoactifs.
Néanmoins, Bruno Le Maire a précisé qu'il n'était pas question que les cryptomonnaies aient cours légal dans l'UE. « Je le dis sans ambiguïté, notre monnaie doit rester l’euro et le bitcoin n’a pas vocation à devenir un moyen de paiement à grande échelle dans l’UE. La monnaie, parce qu’elle est le moyen d’échanger des biens et services et de rémunérer le travail est au cœur de la confiance dans une société. C’est ce qu’illustre l’euro qui jouit d’une crédibilité mondiale. Il s’agit également d’un sujet de souveraineté. Nous ne pouvons être maîtres de notre destin sans maîtriser en Europe notre politique monétaire », a-t-il déclaré.
À la place, Bruno le Maire a plutôt salué les efforts de la BCE visant à mettre en place une monnaie numérique de banque centrale (MNBC), ou l'euro numérique. À ce jour, seuls deux pays ont franchi le pas et ont adopté le bitcoin comme monnaie légale, notamment la République centrafricaine et le Salvador. Mais les résultats de ces deux expériences semblent pour l'instant mitigés. Aucun des nombreux rapports sur l'état de l'adoption du bitcoin dans ces pays n'a encore fait état d'une amélioration quelconque de la situation financière de leurs populations. Au contraire, l'on craint que cela n'augmente la corruption, l'évasion fiscale et la fraude.
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