Un homme vend des armes à feu imprimées en 3D à un programme de rachat pour 21 000 dollars
et relance le débat sur les dangers liés aux pistolets imprimés en 3D
Un Américain a trompé la vigilance des autorités et a gagné jusqu'à 21 000 dollars en leur vendant des armes à feu qu'il a imprimées en 3D. Cela se serait passé dans le cadre d'un programme de rappel des armes à feu de l'État de New York, où les citoyens sont appelés à échanger leurs armes à feu contre de l'argent. Les autorités se sont indignées de son geste, mais n'ont pas dit s'ils prendraient des mesures pour le sanctionner. En attendant, la menace des pistolets imprimés en 3D est réelle et constitue un parfait exemple des dangers d'une technologie détournée de son usage initial et utilisée à mauvais escient.
Il s'est fait des milliers de dollars en vendant des armes à feu imprimées en 3D
Un homme du nord de l'État de New York, qui se fait appeler Kem, a récemment déclaré à un média local qu'il avait pu gagner 21 000 dollars en imprimant en 3D plus de 100 petites armes à feu et en les vendant au bureau du procureur général. « J'ai imprimé en 3D un tas de récepteurs inférieurs et de cadres pour différents types d'armes à feu. Et il voit le fourre-tout et dit : "combien d'armes à feu avez-vous ?" Et j'ai répondu : "110" », a-t-il déclaré. Kem a profité du programme "Cash for Guns" de l'État de New York qui indique aux résidents qu'ils peuvent échanger leurs armes à feu contre de l'argent. D'autres résidants auraient eu la même idée.
Cela a incité Kem à utiliser une imprimante 3D à 200 dollars qu'il avait reçue pour Noël afin de gagner de l'argent. Plus tard, un porte-parole du bureau du procureur général a publié une déclaration pour dénoncer ce qu'il appelle "un comportement honteux" de Kem: « il est honteux que cet individu ait exploité un programme qui a réussi à retirer des milliers d'armes des rues pour protéger nos communautés de la violence armée. Nous avons collaboré avec la police locale dans tout l'État pour récupérer plus de 3 500 armes à feu, et le comportement cupide d'un individu ne ternira pas notre travail de promotion de la sécurité publique ».
« Nous avons ajusté nos politiques pour nous assurer que personne ne puisse à nouveau exploiter ce programme à des fins personnelles », a-t-il ajouté. De son côté, Kem a déclaré qu'il a agi ainsi dans le but de démontrer que ce genre de programme était inefficace. « Je suis sûr que remettre 21 000 $ en cartes-cadeaux à un jeune voyou après avoir reçu un tas de déchets en plastique a été un succès retentissant. Les rachats d'armes à feu sont un moyen fantastique de montrer, premièrement, que vos politiques ne fonctionnent pas, et, deuxièmement, que vous créez une demande perverse. Cela ne réduit en rien la criminalité », s'est justifié Kem.
L'histoire de Kem a rouvert le débat sur les armes à feu imprimées en 3D. La première arme à feu imprimée en 3D au monde s'appelle "Liberator", créée en 2013 par une société du nom de Defense Distributed et dirigée à l'époque par l'Américain Cody Wilson. Sur les 16 pièces utilisées pour créer ce pistolet, 15 ont été créées par une imprimante 3D, la seule autre pièce étant le percuteur (un clou commun de quincaillerie). Cela dit, le domaine des armes à feu imprimées en 3D a fait de sérieux progrès depuis lors. Les premières conceptions de pistolets imprimés en 3D n'étaient pas très bonnes et étaient connues pour ne pouvoir tirer qu'une seule balle.
Après plusieurs développements, ils fonctionnent "plutôt bien", mais ils doivent être créés correctement et avec les bonnes instructions. Une arme de poing en métal a été imprimée en 3D en 2013 par Solid Concepts afin de pouvoir tirer plusieurs fois plutôt qu'une seule. Des utilisateurs du monde entier ont travaillé à la mise au point de pistolets imprimés en 3D de manière à les rendre plus fiables et à les faire durer beaucoup plus longtemps que quelques tirs. La vidéo ci-dessus explique en détail, même avec l'un des "initiés du secteur", à quel point les initiés ont considérablement progressé dans la création d'un pistolet imprimé en 3D sans faille.
Les pistolets imprimés en 3D introduisent de nouveaux défis pour les États
Si vous vous posez la question de savoir si les armes imprimées en 3D peuvent tirer de vraies balles, la réponse est oui. Mais certains ne peuvent tirer qu'une ou deux balles avant de devenir défectueux. Cela dépend de la qualité des matériaux qui ont servi dans la fabrication de l'arme 3D. En juillet 2018, une bataille de plusieurs années entre le département d'État américain et Defense Distributed a révélé un règlement en faveur à ce dernier. L'on pensait alors que la décision avait le potentiel d'introduire "l'ère du pistolet téléchargeable" en permettant à Defense Distributed de partager sur Internet la version imprimée en 3D du Liberator.
En raison des dangers et des inconvénients liés aux armes imprimées en 3D, elles sont déclarées illégales en Europe, aux États-Unis et dans beaucoup d'autres pays. Les armes à feu imprimées en 3D échappent au suivi. Ainsi, les criminels et les extrémistes seraient connus pour rechercher la technologie et les plans d'impression 3D afin d'acquérir des armes à feu indétectables. Parmi les exemples très médiatisés d'armes à feu imprimées en 3D mises en lumière dans le cadre de la criminalité, citons la découverte d'un impressionnant atelier de fusils imprimés en 3D et de matériel de suprématie blanche à Tenerife, en Espagne, en 2021.
Avant cela, il y a eu la fusillade de la synagogue de Halle en Allemagne en 2019. En octobre 2018, des chercheurs ont mis au point une méthode permettant de suivre les armes à feu imprimées en 3D. Cette technologie, baptisée PrinTracker, visait spécifiquement à aider les différents services de renseignement et d'application de la loi à suivre plus facilement et plus efficacement les armes à feu qui ont été produites à l'aide de la technologie d'impression 3D. Mais malgré l'existence de PrinTracker et les législations punissant leur fabrication en Europe et ailleurs, plusieurs rapports notent que les armes à feu imprimées en 3D continuent de proliférer.
En effet, le fait que les fichiers CAO (conception assistée par ordinateur) montrant les étapes à suivre pour imprimer un pistolet en 3D soient librement disponibles sur Internet rend difficile l'application de certaines de ces lois. Certains établissent un parallèle entre la futilité du contrôle des conceptions d'armes à feu et les tentatives d'arrêter le piratage de films, de jeux vidéo et d'autres matériels numériques. À mesure que la technologie d'impression 3D accessible s'améliore et que le réservoir de connaissances partagées sur l'impression 3D se développe, il est clair que ces armes à feu improvisées deviennent de plus en plus efficaces et faciles à fabriquer.
La conférence internationale sur les armes à feu imprimées en 3D a réuni cette année plus de 120 participants de 20 pays à La Haye, aux Pays-Bas. Pendant deux jours (24-25 mai 2022), les participants ont exploré les processus fondamentaux nécessaires à l'élaboration de stratégies d'intervention conjointes dans ce domaine, notamment la recherche tactique et médico-légale, les logiciels, les développements scientifiques et la législation. Voici les conclusions de la conférence :
- la connexion et la coopération entre les forces de l'ordre et l'industrie/le secteur privé sont nécessaires pour identifier et suivre les développements autour des armes à feu imprimées en 3D ;
- un réseau international d'experts en matière d'armes à feu imprimées en 3D sera créé et chargé de tenir les services répressifs au courant des développements en matière d'armes à feu imprimées en 3D ;
- les principales recommandations politiques des participants et d'autres développements autour des armes à feu imprimées en 3D seront rassemblés dans une fiche d'information, qui sera distribuée aux partenaires et aux décideurs politiques du monde entier.
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