Pour des besoins de relance économique, Lee Jae-yong, l’héritier de Samsung Group, vient d’être gracié de sa condamnation pour crimes financiers, comme le fut son père,
une décision qui suscite la controverse sur la toile
Avec la crise économique qui sévit à travers le globe, les dirigeants des États n’hésitent pas à s’accrocher à la moindre solution qui pourrait les faire sortir de cette situation. La Corée du Sud qui n’est pas épargnée par cette crise économique vient de prendre un décret de grâce à l’endroit de Lee Jae-yong, le vice-président et héritier de Samsung Group, ce qui permet à l’homme d’affaires anciennement condamné pour plusieurs crimes financiers de revenir aux affaires afin de redynamiser les activités de la firme internationale pour une potentielle relance économique du pays.
Pour ceux qui n’ont pas suivi le déroulé de cette affaire, il faut savoir que depuis 2014, date à laque les problèmes de santé de Lee Kun-Hee ont fait surface avec notamment une crise cardiaque qui a frappé ce dernier, Lee Jae-yong (alias Jay Y. Lee) a pris de facto les rênes du conglomérat Samsung Group. Après quelques années à la tête de l’entreprise, Lee Jae-yong, qui est le petit-fils de Lee Byung-chul fondateur de Samsung Group, a été condamné en 2017 pour corruption, détournement de fonds, parjure, et pots-de-vin (environ 38 millions de dollars) versés à l’ancienne présidente Park Geun-hye ainsi qu’à une de ses confidentes afin d’avoir le soutien du pouvoir politique au sujet de la succession à la tête de Samsung et de la fusion entre deux filiales de Samsung. Lorsque ce scandale est parvenu au grand public, et principalement celui de la corruption de la présidente, cela a occasionné des mois de protestation qui ont finalement eu raison de l’ancienne présidente Park qui a dû démissionner de ses fonctions pour apaiser les manifestants.
Manifestation contre la présidente Park
À la suite de sa démission, Park a été condamnée à une peine de 20 ans pour divers chefs d’accusation, dont des actes de corruption liés à Samsung. Depuis la fin du mois de décembre dernier, une grâce spéciale a été accordée à l’ancienne présidente dans un souci d’unité nationale.
Pour ce qui concerne l’héritier de Samsung, il a été condamné dans un premier temps à cinq ans de prison, mais n’a passé qu’un an en prison avant d’être libéré en appel. La Cour suprême ayant annulé cette décision, en 2019, un second procès a été ouvert et s’est soldé par une nouvelle condamnation de deux ans et demi de prison. Mais après avoir été incarcéré en janvier 2021, Lee a été libéré au mois d’août de la même année après avoir obtenu une liberté conditionnelle. Le jugement de cette affaire étant toujours en cours, ce dernier risque jusqu’à 12 ans de prison. Mais déjà, avec ces condamnations, Lee n’est plus autorisé à occuper certains postes de haut niveau dans de grandes entreprises de la Corée du Sud comme Samsung pendant une période de cinq ans après la fin de sa peine.
Toutefois, face aux enjeux du pays qui dépassent ceux d’une personne, le président sud-coréen a décidé de soutenir Samsung Group en accordant la grâce présidentielle à Lee Jae-yong. « Dans le but de surmonter la crise économique en revitalisant l’économie, le vice-président de Samsung Electronics, Lee Jae-yong, dont la peine de prison avec sursis a pris fin récemment, sera réintégré », a déclaré le gouvernement sud-coréen dans un communiqué.
Depuis la mort du père Lee Kun-hee en octobre 2020 et la condamnation du fils Lee Jae-yong, le groupe est dirigé par une équipe de cadres supérieurs. Lee Jae-yong ayant refusé de céder la gestion à ses enfants. Cette situation a considérablement ralenti la prise de décision et la réactivité de l’entreprise. C’est pourquoi de nombreuses personnes ont appelé à la grâce de Lee Jae-yong afin de remettre l’entreprise sur les rails. En outre, il convient de souligner qu’environ 5 millions de personnes en Corée du Sud détiennent des actions de Samsung. Une bonne santé de l’entreprise contribuerait donc à la joie de nombreuses personnes dans le pays.
Dans un communiqué, Lee a remercié le gouvernement sud-coréen de lui avoir donné l’opportunité de recommencer à zéro. Et d’ajouter « je tiens à exprimer mes excuses pour avoir causé des inquiétudes à de nombreuses personnes à cause de mes lacunes. Je travaillerai encore plus dur pour remplir mes responsabilités et mes devoirs en tant qu’homme d’affaires ». Nous rappelons que le père de Lee, Lee Kun-hee a lui également été reconnu coupable de corruption et d’évasion fiscale en 1996 et 2008 et a été gracié à deux reprises. En dehors de Lee Jae-yong, de nombreux autres responsables d’entreprises dont Shin Dong-bin, président du groupe Lotte, ou encore Chang Sae-joo, président de Dongkuk Steel Mill ainsi que l’ancien président du groupe STX, Kang Duk-soo, bénéficieront également de cette grâce présidentielle. Lors d’un briefing, le ministre de la Justice Han Dong Hoon a déclaré « qu’avec des besoins urgents pour surmonter la crise économique nationale, nous avons soigneusement sélectionné les dirigeants économiques qui dirigent le moteur de la croissance nationale grâce à des investissements technologiques actifs et à la création d’emplois pour être graciés ». Par contre, pour les politiciens et les employés du gouvernement qui ont été condamnés, point de grâce pour eux cette fois-ci. Cette grâce ciblant les hommes d’affaires sera officiellement annoncée le 15 août prochain.
Si pour beaucoup de personnes, cette décision permettra de relancer l’économie du pays en permettant aux dirigeants de certaines entreprises de revenir aux affaires, ce sentiment n’est pas partagé par tous. En effet, une coalition de la société civile, dont People’s Solidarity for Participatory Democracy, aurait publié un communiqué critiquant cette décision de gracier les chefs d’entreprise qui ne sont en rien différents des criminels ordinaires. L’organisation non gouvernementale aurait également accusé le président Yoon Suk Yeol de se rapprocher des « Chaebols », large conglomérat d’entreprises familiales sud-coréennes qui dominent l’ensemble de l’économie et dont font partie les entreprises comme LG, Hyundai et SK Group. Selon les groupes de défense des droits, la grâce du président Yoon Suk Yeol accordée à ces criminels à col blanc est une trahison qui envoie un signal aux chefs chaebol qu’ils sont libres de commettre tous les crimes qu’ils veulent, car après quelques années, la grâce présidentielle les attend.
Source : France 24, BBC
Et vous ?
Comment jugez-vous cette grâce accordée à Lee Jae-yong et à plusieurs autres criminels de la finance pour des besoins de relance économique du pays ? Raisonnable et Justifiée ? Inappropriée et inutile ?
Selon vous, cette grâce de Lee Jae-yong permettra-t-elle de réellement relancer les activités de Samsung et par-delà de toute la Corée du sud ?
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