Les chiffres d'affaires des Gafam sont comparables aux ressources fiscales françaises. Ainsi, les revenus d'Amazon en 2017
qui valaient au produit de la taxe sur la valeur ajoutée en France - qui est la première recette fiscale de l'État. Ceux d'Apple s'approchaient du tiers de la totalité des recettes fiscales de l'État français.
L'ampleur systémique des Gafam leur permet d'optimiser leur positionnement sur les marchés mondiaux.
Quel que soit le secteur, leur objectif semble être le contrôle des marchés , depuis la vente de livres à la location de logements de tourisme, en passant par le service de transport avec chauffeur aujourd'hui, sans chauffeur demain avec les véhicules autonomes.
Dans une logique « solutionniste » d'inspiration libertarienne récusant les tutelles étatiques, les grands acteurs du numérique proposent d'assumer à la place des États un certain nombre de prérogatives qui relevaient de leur souveraineté classique comme, par exemple :
- battre monnaie , avec le libra de Facebook ;
- établir une cartographie et donc, in fine , un cadastre, avec Google Maps ;
- attribuer puis vérifier les identités - comme, par exemple, avec le service Facebook Connect et le développement de solutions de reconnaissance faciale ;
- concourir à la sécurité intérieure - avec le Facebook Safety Check ;
- concourir à l'exercice de la justice , à travers le projet de « cour suprême » de Facebook.
La secrétaire générale de la défense et de la sécurité nationale a également souligné la remise en cause du monopole de la violence légitime : « Face à une menace cyber qui ne cesse de croître, certains acteurs, essentiellement étatsuniens, remettent en cause le monopole des États dans l'usage de la violence légitime. Se fondant sur une interprétation discutable du droit à la légitime défense dans l'espace cyber, qui n'est pas la nôtre, ils font la promotion d'une doctrine offensive de réponse aux attaques, autorisant une riposte par les acteurs privés eux-mêmes (« hack back ») qui va au-delà de la simple protection de leurs propres systèmes d'information, autorisant par exemple des intrusions dans les systèmes adverses pour les détruire . »
Annie Blandin a même estimé devant votre commission que ces entreprises développent une nouvelle composante de la souveraineté, « qui consiste à produire ou à utiliser des données, et à maîtriser l'accès à l'information ».
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