L'ISS chinoise a apparemment dû éviter deux fois les satellites Starlink d'Elon Musk
selon une plainte de la Chine auprès du Bureau des affaires spatiales de l'ONU
Les satellites de la constellation Starlink d'Elon Musk seraient en train de créer un embouteillage dans l'espace. En tout cas, c'est ce qu'affirme Pékin dans une lettre adressée au Bureau des affaires spatiales de l'ONU à Vienne. Les autorités chinoises déclarent avoir déjà effectué au moins deux manœuvres d'évitement afin d'éviter une collision entre deux satellites Starlink et la station spatiale chinoise. La plainte de Pékin a déclenché une réaction en chaîne des citoyens chinois qui se sont insurgés en ligne contre les ambitions spatiales de Musk.
La Chine considère Starlink comme une menace pour l'exploration spatiale
Starlink Internet Services est une division de SpaceX, la société aérospatiale de Musk, qui projette de fournir une connexion Internet à haut débit depuis l’espace aux habitants dans les endroits les plus reculés de la Terre. La société a déjà lancé près de 2 000, sur environ 12 000 prévus, en orbite terrestre basse et une version bêta du service Internet est déjà en cours aux États-Unis, en France et dans plusieurs autres pays. Mais la constellation Starlink de Musk a, semble-t-il, commencé à gêner d'autres projets en cours de développement dans l'espace, comme le décrit une plainte de la Chine datant du 6 décembre auprès des Nations unies.
Dans la plainte, la Chine argue qu'elle a dû effectuer deux manœuvres d'évitement de sa station spatiale pour éviter des collisions potentielles avec deux des satellites Starlink distincts. La Chine détaille deux cas, le 1er juillet 2020 et le 21 octobre 2021, où elle a dû manœuvrer le module central de sa station spatiale, appelé Tianhe, pour l'éloigner des deux satellites Starlink. Les trois astronautes chinois qui vivent actuellement sur Tianhe y sont arrivés quelques jours avant la manœuvre d'octobre. « Pour des raisons de sécurité, la station spatiale chinoise a mis en œuvre un contrôle préventif d'évitement des collisions », a déclaré la Chine.
Dans le premier cas, il est dit que le dispositif Starlink était en orbite à plus de 500 km, mais qu'il a été ramené à 382 km grâce à une série de manœuvres qui se sont achevées le 24 juin. Une semaine plus tard, cette nouvelle orbite a provoqué une rencontre rapprochée avec la station spatiale chinoise. Dans le second cas, la station spatiale a été déplacée tout simplement parce que la Chine ne parvenait pas à comprendre ce que faisait le matériel de SpaceX. « La stratégie de manœuvre était inconnue et les erreurs orbitales étaient difficiles à évaluer. Il y avait donc un risque de collision entre le satellite Starlink-2305 et la station », indique la plainte.
Ainsi, le pays demande au Secrétaire général de l'ONU de rappeler aux pays leurs obligations en vertu du droit international de l'espace, bien que la Chine n'ait pas spécifié exactement les mesures qu'elle souhaite voir prises. Il faut noter que le document commence par une phrase incroyablement formelle de 110 mots qui note que le traité sur l'espace extra-atmosphérique oblige ses signataires à informer les autres nations lorsqu'ils découvrent un phénomène dans l'espace qui pourrait présenter un risque pour les astronautes. Elle indique ensuite que la Chine a identifié une telle menace : les satellites Starlink.
Le Traité sur l'espace extra-atmosphérique est un accord international ratifié dans les années 1960 qui régit la manière dont les pays doivent explorer l'espace. Il liste un ensemble de lignes directrices et de règles générales que les pays doivent suivre lorsqu'ils lancent des engins spatiaux et des personnes dans l'espace, notamment l'interdiction de placer des armes nucléaires en orbite et de faire de l'exploration de l'espace une entreprise pacifique. Le traité indique que les pays participants sont responsables, en vertu du droit international, de toutes les actions qu'ils entreprennent dans l'espace, y compris celles de leurs entreprises commerciales.
En gros, la Chine cite le traité pour rappeler que si les États-Unis n'exercent pas de contrôle sur SpaceX, ils sont responsables des problèmes qu'elle crée. À ce jour, les incidents n'ont pas été vérifiés de manière indépendante, et SpaceX n'a répondu à aucune demande de commentaire. Mais le gouvernement chinois souhaite que le gouvernement américain intervienne.
Les internautes chinois sont furieux contre Musk et sa constellation Starlink
La plainte de la Chine auprès des Nations unies a suscité un nombre important de critiques virulentes envers Musk, et ses ambitions spatiales, de la part des internautes chinois. Dans un court message publié lundi sur le site de microblogging chinois Weibo, de type Twitter, un utilisateur a déclaré que les satellites de Starlink n'étaient qu'un tas de déchets spatiaux, tandis qu'un autre les a décrits comme des armes américaines de guerre spatiale. « Les risques de Starlink sont progressivement exposés, l'ensemble de la race humaine paiera pour leurs activités commerciales », a déclaré sur Weibo un utilisateur postant sous le nom de Chen Haiying.
En effet, avec près de 30 000 satellites et autres débris qui seraient en orbite autour de la planète, les scientifiques exhortent les gouvernements à partager leurs données afin de réduire le risque de collisions spatiales catastrophiques. À elle seule, SpaceX a déployé près de 1 900 satellites pour desservir Starlink, et en prévoit des dizaines de milliers d'autres. La NASA a été contrainte d'annuler brusquement une sortie dans l'espace à la fin du mois de novembre, invoquant les risques posés par les débris spatiaux. Musk a répondu sur Twitter que les orbites de certains satellites Starlink avaient été ajustées pour réduire les risques de collision.
Il a déjà été signalé que des satellites ont dû s'écarter de la trajectoire des véhicules Starlink pour éviter les collisions. Cependant, SpaceX affirme que ses satellites Starlink disposent de leur propre logiciel autonome d'évitement des collisions, qui leur permet de s'écarter d'eux-mêmes s'ils soupçonnent qu'ils pourraient se rapprocher d'un autre véhicule ou d'un débris. Par ailleurs, les pays sont également parfois responsables de certaines des manœuvres d'évitement des collisions de la Station spatiale internationale. Par exemple, en 2007, la Chine a détruit l'un de ses propres satellites lors d'un test antisatellite, créant des milliers de débris.
Nombre de ces débris sont toujours en orbite et l'ISS a dû périodiquement s'écarter de leur trajectoire pour les éviter au cours de la dernière décennie. Maintenant que sa propre station spatiale est en orbite, elle a un avant-goût de cette expérience. La Chine a commencé la construction de la station spatiale en avril avec le lancement de Tianhe, le plus grand de ses trois modules. La station devrait être achevée à la fin de 2022, après quatre missions avec équipage.
Musk est devenu une figure bien connue en Chine, bien que les activités de Tesla dans le domaine des véhicules électriques fassent l'objet d'un examen de plus en plus minutieux de la part des autorités de réglementation, notamment après qu'un client a grimpé sur le toit d'une voiture Tesla au salon de l'automobile de Shanghai en avril pour protester contre le mauvais service à la clientèle.
Source : Bureau des affaires spatiales de l'ONU, Document de la plainte de la Chine
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