L'UE se fixe pour objectif 2030 de produire des semi-conducteurs de pointe,
Tandis que le Sénat US envisage un financement de 30 milliards $ pour stimuler le secteur de la fabrication de puces

Afin de stimuler l'informatique dématérialisée et l'informatique quantique en Europe, l'Union européenne prévoit de produire ses propres semi-conducteurs avancés d'ici 2030, selon un document de projet non encore officiel. Les plans du bloc dans ce secteur visent également à réduire les « dépendances à haut risque » vis-à-vis des entreprises technologiques aux États-Unis et en Asie. Cet effort n’est pas isolé. Nous avons appris en décembre dernier que l'Allemagne, la France, l'Espagne et dix autres pays de l'Union européenne ont uni leurs forces pour investir dans les processeurs et les technologies des semi-conducteurs, essentiels aux dispositifs connectés à Internet et au traitement des données.

Les responsables de l’Union veulent maintenant s'assurer qu'au moins 20 % des semi-conducteurs de pointe du monde en termes de valeur soient produits en Europe d'ici la fin de la décennie, selon le document. Le papier, qui pourrait encore être modifié, devrait être présenté la semaine prochaine par la Commission européenne, l'organe exécutif du bloc.

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Dans une précédente déclaration commune, 18 États membres de l’Union se sont engagés à travailler ensemble afin d’investir jusqu’à 145 milliards d'euros sur 2 à 3 ans dans les domaines de la conception et de la fabrication des processeurs de nouvelle génération et des technologies de semi-conducteurs à faible consommation énergétique. Cet effort prend en compte la fabrication des puces et les systèmes embarqués qui offrent les meilleures performances pour des applications spécifiques dans un large éventail de secteurs, ainsi que des technologies de pointe évoluant progressivement vers des processus de gravure en 2 nm pour les processeurs.

L’objectif de cette initiative commune est de rendre l’Europe de moins en moins dépendante des puces produites dans d’autres régions du monde, mais aussi de renforcer la position de l’Europe dans le domaine des processeurs et des semi-conducteurs. En effet, pour les États membres de l’UE, cette orientation stratégique est un passage obligé pour garantir la souveraineté technologique et la compétitivité de l’Europe, et aussi pour renforcer des capacités de l’UE afin de relever les principaux défis environnementaux et sociétaux et faire face aux nouveaux marchés émergents de masse.

Par ailleurs, Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. et Samsung Electronics Co. de la Corée du Sud, les deux leaders qui fabriquent les processeurs les plus innovants du secteur, pourraient être impliqués dans le projet de construction d’une usine de semi-conducteurs avancés en Europe, mais rien n'a été décidé, a déclaré un fonctionnaire du ministère français des Finances lors d'un point de presse en février, suite un rapport sur le projet.

L'UE souhaite fabriquer des puces plus rapidement que les semi-conducteurs de 5 nm les plus efficaces fabriqués par les leaders du secteur. « Une réduction des dépendances critiques permettra à l'UE de devenir numériquement souveraine et de mieux faire valoir les intérêts européens », a déclaré l'UE dans le document encore au niveau de la Commission européenne.

Le plan baptisé "Boussole numérique" présente les objectifs numériques de l'Union pour la prochaine décennie. Dans ce cadre, il vise également à déployer 10 000 installations neutres sur le plan climatique pour garantir aux entreprises un accès rapide aux services de données, à développer un ordinateur à accélération quantique d'ici 2025 et à couvrir les zones peuplées d'Europe de la 5G d'ici 2030. En outre, l'UE a déclaré vouloir doubler, au cours de la prochaine décennie, le nombre de licornes – les entreprises dont la valeur est supérieure à un milliard de dollars – en améliorant l'accès au financement.

Un système de suivi sera mis en place pour mesurer si l'UE et ses États membres atteignent les objectifs fixés, et la Commission publiera un rapport annuel détaillant ses progrès. La proposition devra encore être approuvée par les États membres de l'Union et par le Parlement européen. En octobre dernier, les députés avaient demandé à la Commission de présenter un tel plan au plus tard ce mois-ci.

La course à la suprématie dans le secteur des semi-conducteurs ne se limite pas seulement à l’Europe. Les États-Unis veulent aussi garder une longueur d’avance sur ses concurrents.

Le Sénat américain envisage un financement de 30 milliards de dollars pour stimuler le secteur de la fabrication de puces

Dans le cadre d'un ensemble plus large visant à stimuler la recherche technologique, le Sénat américain envisage d'inclure dans un nouveau projet de loi visant à booster la compétitivité face à la Chine 30 milliards de dollars de financement pour des mesures déjà approuvées visant à booster l'industrie des puces du pays, a déclaré jeudi une source du Congrès à Reuters.

Les législateurs ont l'intention de soumettre le projet, qui comprendrait d'autres éléments pour stimuler le secteur technologique américain, à un vote complet en avril, a déclaré la personne, qui a préféré ne pas être nommée. Les efforts de législation, dirigés par le leader de la majorité au Sénat américain Chuck Schumer, devraient contenir des dispositions limitant l'accès de la Chine aux marchés des capitaux américains, un point central de la répression de l'administration Trump contre Pékin.

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Schumer a déclaré le mois dernier qu'il avait demandé aux législateurs d'élaborer un nouveau projet de loi pour stimuler la compétitivité des États-Unis face à la Chine, sur la base de la législation que lui et le sénateur républicain Todd Young ont proposé l'année dernière de fournir un financement de 100 milliards de dollars pour stimuler la recherche dans des domaines technologiques clés, de l'intelligence artificielle à l'informatique quantique et aux semi-conducteurs.

Le bureau de Schumer a également déclaré que le projet de loi pourrait être utilisé comme un moyen de fournir un financement d'urgence pour les programmes bipartites de semi-conducteurs inclus dans la loi d'autorisation de la défense nationale de l'année dernière, qui attendent toujours de l'argent.

L'un de ces programmes non financés accorderait des subventions aux entreprises qui investissent dans des usines et des équipements américains pour la fabrication, les essais et la recherche et développement de semi-conducteurs. Un autre programme demande au gouvernement d'établir un partenariat public-privé pour former des consortiums d'entreprises afin de produire "une microélectronique à sécurité mesurable".

L'industrie des semi-conducteurs a également fait pression pour obtenir un crédit d'impôt à l'investissement pour les dépenses en outils de semi-conducteurs, qui peuvent coûter des milliards de dollars pour les nouvelles usines. Cet effort intervient alors que les constructeurs automobiles américains ont ralenti leur production en raison d'une pénurie mondiale de puces à semi-conducteurs, très demandées en raison de l'explosion de la demande de téléphones portables, d'ordinateurs et de matériels de jeux, due à la pandémie de coronavirus.

Selon MarketWatch, l'analyste Harlan Sur chez J.P. Morgan a déclaré que la demande est actuellement de 10 à 30 % supérieure à la production actuelle, ce qui pourrait prendre jusqu'à un an aux fonderies pour rattraper leur retard. Après cela, il pourrait falloir trois à six mois supplémentaires pour réapprovisionner les canaux de distribution, en mettant les produits entre les mains de fabricants de puces comme Intel, AMD et NVIDIA.

Un rapport d'un groupe d’experts présidé par Eric Schmidt publié au début de ce mois a averti que les États-Unis doivent faire davantage pour devenir autonomes en matière de puces informatiques et a mis en garde contre les dangers d'une telle dépendance à l'égard de TSMC de Taïwan. Le rapport appelle les États-Unis à maintenir un avantage de deux générations sur la Chine dans la fabrication des semi-conducteurs. Intel est la seule entreprise américaine à se concentrer sur les technologies de fabrication de pointe, et elle a déjà du mal à suivre le rythme de la société coréenne Samsung et de la société taïwanaise TSMC.

Le président américain Joe Biden a signé en février un décret visant à renforcer les chaînes d'approvisionnement pour des produits essentiels. Le décret ordonnera l'examen, sur une période de 100 jours, des chaînes d'approvisionnement pour quatre produits essentiels, y compris les puces électroniques.

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L’UE veut produire au moins 20 % des semi-conducteurs de pointe du monde au cours des 10 prochaines années. Qu’en pensez-vous ?
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Voir aussi :

L'UE s'engage à investir jusqu'à 145 milliards d'euros pour développer des processeurs de nouvelle génération, et faire évoluer le procédé de gravure à 2 nm pour les processeurs
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