Une agence sud-coréenne de protection des informations personnelles condamne Facebook à une amende de 6,1 millions de dollars,
pour avoir partagé des informations sur les utilisateurs sans consentement

Mercredi, une agence sud-coréenne de protection des informations personnelles a condamné Facebook Inc à une amende de 6,7 milliards de wons (6,06 millions de dollars) et a demandé une enquête pénale pour avoir fourni des informations personnelles d'utilisateurs à d'autres opérateurs sans leur consentement.

La Commission de protection des informations personnelles du pays a déclaré dans un communiqué qu'elle avait infligé une amende à Facebook après qu'une enquête ait révélé que les informations personnelles d'au moins 3,3 millions des 18 millions d'utilisateurs de Facebook en Corée avaient été fournies à des opérateurs autres que Facebook à leur insu de mai 2012 à juin 2018.

Lorsque quelqu'un utilise le service d'un autre opérateur via la connexion de Facebook, les informations personnelles des amis Facebook de l'utilisateur ont été fournies à d'autres opérateurs sans leur consentement, a déclaré la commission.

La commission a déclaré qu’elle renverrait Facebook Ireland Ltd, le bénéficiaire de l’amende, au parquet du pays pour une enquête pénale.

« Nous avons coopéré autant que possible tout au long du processus d'enquête, nous regrettons que la Commission de protection des informations personnelles ait demandé une enquête criminelle », a déclaré une porte-parole de Facebook basée à Séoul dans un communiqué, refusant tout commentaire supplémentaire, Facebook n'ayant pas encore examiné complètement les détails de la décision.

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Des constats de cet ordre qui se multiplient

La Corée du Sud est loin d'être un cas isolé. Subissant de plein fouet les répercussions du scandale Cambridge Analytica, Facebook a fait face à des enquêtes et conclusions de ce type dans plusieurs pays dans le monde.

C'est dans ce contexte qu'en mars, par l’intermédiaire d’Angelene Falk, la Commissaire australienne à l’information et à la protection de la vie privée, le gendarme australien de la vie privée (OAIC pour Office of the Australian Information Commissioner) a engagé une procédure judiciaire à l’encontre de Facebook devant la Cour fédérale nationale, alléguant que le numéro un des réseaux sociaux a partagé les données personnelles de plus de 300 000 citoyens australiens avec le consultant politique Cambridge Analytica à l’insu de ces derniers.

Angelene Falk soutient que les données personnelles des utilisateurs australiens de Facebook ont été communiquées à l’application « This is Your Digital Life » dans un but autre que celui pour lequel les données avaient été collectées, en violation de la loi sur la protection de la vie privée de 1988. Par la suite, ces données ont été exposées au risque d’être divulguées à Cambridge Analytica et utilisées à des fins de profilage politique, ainsi qu’à d’autres tiers.

Elle a d’ailleurs effectué plusieurs déclarations dans ce sens :

« Toutes les entités opérant en Australie doivent être transparentes et responsables dans la manière dont elles traitent les informations personnelles, conformément à leurs obligations en vertu de la loi australienne sur la protection de la vie privée. Nous considérons que la conception de la plateforme Facebook fait que les utilisateurs n’étaient pas en mesure d’exercer un choix et un contrôle raisonnables sur la manière dont leurs informations personnelles étaient communiquées. Les paramètres par défaut de Facebook ont facilité la divulgation d’informations personnelles, y compris d’informations sensibles, au détriment de la vie privée. Nous affirmons que ces actions ont laissé les données personnelles d’environ 311 127 utilisateurs australiens de Facebook exposées à la vente et à un usage à des fins incluant le profilage politique, bien au-delà des attentes des utilisateurs ».

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Des accords de partage de données de Facebook avec des dizaines d'entreprises qui font l'objet d'une enquête criminelle aux États-Unis

De plus, l'année dernière, le New York Times a rapporté que les procureurs fédéraux mènent une enquête criminelle sur les transactions de données que Facebook a conclues avec certaines des plus grandes entreprises technologiques du monde.

Un grand jury de New York a assigné à comparaître les documents d'au moins deux fabricants de premier plan de smartphones et autres appareils, selon deux personnes qui connaissaient les demandes et qui insistaient pour que les questions juridiques restent confidentielles. Les deux sociétés avaient conclu des partenariats avec Facebook, obtenant ainsi un large accès aux informations personnelles de centaines de millions d'utilisateurs.

Les sociétés faisaient partie des 150 sociétés, dont Amazon, Apple, Microsoft et Sony, qui avaient conclu des accords de partage avec la principale plateforme de médias sociaux du monde. Les accords, précédemment rapportés dans le New York Times, permettent aux entreprises de voir les amis des utilisateurs, leurs coordonnées et d’autres données, parfois sans consentement. Facebook a éliminé la plupart des partenariats au cours des deux dernières années.

Les accords ont été annoncés pour la première fois en juin 2018, après que le Times eut découvert que Facebook partageait les données des utilisateurs avec des fabricants comme Apple, Samsung et Blackberry. Les accords ont été conclus afin d’aider Facebook à créer des applications pour les appareils respectifs des entreprises.

C’est dans un document de plus de 700 pages que Facebook a fourni de nouveaux détails beaucoup plus riches sur la nature de ses rapports avec 52 fabricants de matériels et logiciels, dont certains sont basés en Chine, dans le cadre de l’amélioration des services aux utilisateurs sur les terminaux comme les smartphones. Le document atteste que les partenariats de partage des données avec des entreprises durent depuis plusieurs années, se sont poursuivis en 2018.

Le document fournit une liste des sociétés partenaires qui ne sont pas seulement des fabricants de téléphones, mais certains sont plutôt dans le développement de systèmes d’exploitation et de logiciels. Ce sont entre autres, de grandes marques technologiques américaines telles qu'Apple, Amazon et Microsoft, ainsi que le géant technologique sud-coréen Samsung et les sociétés chinoises Huawei et Alibaba.

Facebook a fait des aveux sur certaines questions dans le document. « Nous avons fait appel à des sociétés pour créer des intégrations pour divers périphériques, systèmes d'exploitation et autres produits, où nous et nos partenaires voulions offrir aux gens un moyen de recevoir des expériences sur Facebook », indique la société. « Ces intégrations ont été construites par nos partenaires, pour nos utilisateurs, mais approuvées par Facebook. » Il indique également avoir mis fin à 38 des 52 partenariats et prévoyait d'en terminer bientôt sept autres en mars 2019.

La stratégie visait donc à aider à la fois Facebook et les entreprises à construire les dispositifs utilisés par les mobinautes pour accéder aux produits Facebook. Il n’est pas précisé si ces sociétés sont celles qui font actuellement l’objet d’une enquête par les procureurs. Il n’est également pas précisé la date à laquelle l’enquête a commencé ou quand le grand jury a été constitué.

Source : Reuters

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