Une alternative française à Palentir pour aider la France à prévenir d'éventuelles attaques terroristes grâce au Big Data
pourrait être implémentée en deux ans, selon le PDG de Thalès
Palantir Technologies est une entreprise de services et d'édition logicielle spécialisée dans le Big Data, basée à Denver dans le Colorado. L'entreprise travaille pour la communauté du renseignement des États-Unis (notamment pour la NSA, la CIA et le FBI), pour différents acteurs du système de défense américain (comme les US Marines, l'US Air force et les Opérations spéciales) et pour plusieurs services de police comme le NYPD, le LAPD.
Palantir fournit également des technologies qui aident la DGSI française (Direction générale de la Sécurité intérieure française) à traiter d'énormes masses de données dans la lutte contre le terrorisme. Lancé en 2016 pour une durée de trois ans, ce partenariat a commencé dans la foulée des attentats qui ont ensanglanté Paris le 13 novembre 2015.
En novembre 2019, en l'absence d'autre solution à court terme, la DGSI a renouvelé pour trois ans son contrat d'analyse de données. « Le contrat signé en 2016 après les attentats de novembre 2015 est en cours de reconduction sur une durée analogue », ont confirmé des sources après les informations de « L'Express ». À l'époque, le contrat annoncé s'élevait à une dizaine de millions d'euros.
Information d’ailleurs confirmée par Nicolas Lerner, à la tête de la Direction générale Direction générale de la sécurité intérieure depuis 2018, qui a quand même précisé que : « Palantir nous aide, c'est-à-dire qu'on ne dépend pas de Palantir ». « La ligne rouge qu'on s'est fixée depuis le début, c'est que toutes les données qui sont traitées par ce système-là sont sur notre réseau interne, qui est un réseau confidentiel-défense, qui est fermé », a-t-il ajouté, une manière pour lui de balayer les soupçons de récupération des données recueillies par la France au profit de puissances étrangères.
Ce renouvellement du contrat a donc été effectué faute d'alternative française, alors même que le président Emmanuel Macron a plaidé pour une souveraineté numérique européenne face à la domination des États-Unis et de la Chine.
« Les services ne peuvent pas se priver du jour au lendemain d'une solution de détection des terroristes. Il faut le reconnaître, aucune solution française alternative n'a abouti depuis 2016 », constate Emmanuel Tonnelier, président du cluster Data Intelligence du GICAT (Groupement des Industries Françaises de Défense et de Sécurité Terrestres et Aéroterrestres).
Cette association regroupe 270 adhérents (grands groupes, entreprises de taille intermédiaire, petites et moyennes entreprises) qui couvrent un large spectre d’activités industrielles, de recherche, de services et de conseil au profit des forces militaires et civiles nationales et internationales impliquées dans la sécurité ou la défense terrestres ou aéroterrestres. L’objectif de ce cluster (Data Intelligence) est de répondre aux enjeux du traitement massif de données du monde du renseignement.
« Nous disposons de capacités au Cluster, mais nous n'avons pas encore d'intégrateur français capable d'assembler sur une même plateforme l'ensemble des solutions françaises », a indiqué le directeur des solutions pour le renseignement chez Systran, partisant d'une solution française alternative.
Selon Nicolas Lerner, ce contrat n'est qu'une solution transitoire, en attendant une technologie développée main dans la main avec de grands groupes français. « Il faut aussi permettre à nos industriels de monter en gamme sur ces sujets », a-t-il dit, citant Thales, Sopra Steria et Dassault Systèmes.
Le programme Artemis (Architecture de traitement et d'exploitation massive de l'information multi-sources), initié par le ministère de la Défense, a vocation à remplacer Palantir auprès des administrations françaises.
Une alternative française qui prendrait deux ans à être mise sur pieds
Une alternative française à la technologie de Palantir, la grande enseigne américaine de l'analyse de données, pour aider la France à prévenir d'éventuelles attaques terroristes prendrait environ deux ans de développement, a déclaré vendredi le PDG du groupe Thales.
Une version française de l'outil développé par Palantir est possible, mais nécessiterait le soutien de l'État français, a déclaré Patrice Caine, PDG de Thales, lors d'un déjeuner avec l'Association de la presse anglo-américaine. « L'enjeu économique est très faible », a-t-il dit, précisant que le contrat signé par la DGSI avec Palantir valait quelques millions d'euros.
« Ensuite, il y a l'enjeu de souveraineté, d'autonomie, d'indépendance et ça, c'est une question pour laquelle seul l'État a la réponse », a-t-il ajouté.
Selon Patrice Caine, la mise en œuvre d'une alternative française à Palantir pourrait être rapide. « C'est une question d'années (...) On va dire deux ans. Ça va vite », a-t-il dit.
L'an dernier, le directeur général de la DGSI, Nicolas Lerner, avait déclaré à Reuters qu'il préférait utiliser une technologie française, citant les groupes Thales, Dassault Systemes et Sopra Steria comme possibles fournisseurs.
L'année dernière, Nicolas Lerner, directeur de la DGSI, a déclaré à Reuters qu'il préférerait utiliser une technologie locale, citant les groupes français Thales, Dassault Systemes et Sopra Steria comme développeurs potentiels de cette solution. Néanmoins, Patrice Caine a indiqué vendredi qu’aucun appel d'offres n'a été lancé et Thales n'a reçu jusqu'à présent qu'une « demande d'informations », tout comme d'autres entreprises.
Palantir a été cofondé en 2004 par le milliardaire américain Peter Thiel à la suite des attentats du 11 septembre 2001. La société, qui emploie 2.500 personnes, a été introduite en Bourse le mois dernier et est valorisée à près de 16 milliards de dollars. Sa technologie suit une gamme de bases de données en ligne et hors ligne utilisées par les militants qui planifient des attaques.
Des services de pays européens ont fait le choix assumé de Palantir, comme le Danemark et l'Allemagne, après avoir mené un audit sur l'accès du groupe américain à leurs données sensibles. En France, d'autres services de l'État ont écarté Palantir, comme la DRSD, en charge du contre-espionnage dans le secteur de la Défense. Selon « Intelligence Online », le service de renseignement a opté en revanche pour deux solutions israéliennes : Briefcam (analyse vidéo) et Cellebrite (matériel d'extraction de données mobiles).
Source : Reuters
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