Discussion :

[Chezkele]

Dans un autre fil du forum, quelqu'un s'étonnait de rencontrer pour son premier entretien (en SSII) un manager à coloration technique et a écrit:

Normalement, le processus de recrutement normal est le suivant si je me trompe pas :

- Entretien avec la RH (elle pige généralement RIEN au technique)
- Entretien avec un opérationnel (manager ou chef de projet) - test technique
(...)

Il a été fait remarquer à la suite, à juste titre, que ce schéma n'a rien d'obligatoire. Quels sont vos propres expériences des processus de recrutement, et que pensez-vous de leur pertinence?

Personnellement, en SSII+"client final", j'ai vu tout et son contraire:

- de la société qui fait d'abord passer un entretien dans un cabinet de recrutement externe: c'est clairement selon moi le schéma le moins crédible, car les gens qui font passer les entretiens ne connaissent absolument rien au sujet (j'ai d'ailleurs failli passer cette étape pour un poste auquel je ne correspondais pas du tout), mais qui peut peut-être se justifier pour les boîtes qui reçoivent des millions de CV.

- à la société qui organise d'abord une rencontre avec le n+1, qui est un ancien technique qui désormais encadre directement les techniques. Cela me paraît clairement le schéma le plus crédible, puisque d'une part pertinent techniquement, et d'autre par pertinent humainement (parce qu'au final c'est par le n+1 que les problématiques humaines vont passer en priorité).

En SSII, j'ai le plus souvent eu d'abord affaire à des commerciaux qui recrutaient par mots-clé, la pertinence de leur démarche dépendant selon moi beaucoup de leur passif (un ancien consultant sera évidemment en général meilleur que le gars qui a une licence d'Histoire et ne connaît rien aux filières d'études scientifiques alors qu'il fait du recrutement en informatique (j'ai déjà vu). Mais je suis déjà tombé aussi directement sur le n+1 technique officieux flanqué d'un vieux de la vieille qui supervisait plusieurs plateaux de consultants: clairement le filtre était bon dans ce cas-là.

[Chezkele]

Anecdote: quand j'étais étudiant, un gars était venu nous faire une conférence sur la question. Il nous avait raconté que, n'arrivant pas à départager deux candidats, ils avaient recouru à une analyse graphologique, et il avait conclu par "c'est vrai que cela nous avait donné des informations". Inutile de vous dire que je ne crois pas, personnellement, à la graphologie. Au final, on ne peut jamais prévoir ce qui va se passer. J'avais aussi raconté ici qu'un recruteur m'avait déclaré avoir reçu un polytechnicien (pour un poste d'ingénieur standard, et même pas évident du tout dans sa mise en oeuvre) et n'avoir pas compris comment quelqu'un venant d'une telle école pouvait vouloir un poste comme celui-là (s'il faut comprendre le recruteur, il avait l'air de considérer que le candidat avait trop bien travaillé pour avoir le poste...).

[Glutinus]

A noter que j'ai passé peu d'entretien en interne, parce que les cherche pas (je réponds en général à un cabinet qui me contacte sur Linkedin)

en SSII (90% de mes entretiens)

- S'il y a des RH, entretien avec le RH, souvent pour détourer et voir que le candidat n'est pas bizarre, et ou s'il y a pas un point de blocage (genre le candidat ne bosse pas le mercredi, réclame expréssément deux jours de télétravail, veut des missions à Lyon en fait, demande 30.000.000€...)

- Entretien avec au moins un commercial : car ils sont souvent assez disponibles en réalité. Fini le temps où tu rédigeais une propale pendant trois jours... Attention, je dis pas qu'ils bossent pas, jusque c'est plus simple de caler un entretien.
- Un chef de projet s'il y en a des dispos : en général les chefs de projet deviennent "managers" et gèrent la "carrière" *heum heum* de consultants qui sont même pas de leur équipe. Le recrutement fait donc partie de leur part variable.

- Jamais eu d'entretien technique en SSII. Ou plutôt des discussions basiques avec des CP. En Business Intelligence, c'est simple tu sors "modèle en étoile" et "Table dimension temps" et c'est bon tu valides ton entretien technique. Quand y a des tests, c'est la RH qui s'y colle avec un QCM moisi.

L'entretien commercial ou CP : pas d'ordre, le premier disponible. Rarement les deux se suivent.

en interne (10% d'entretiens)

- Assez bizarrement, souvent le chef de projet. Après tout c'est lui qui a le premier feeling et dira oui ou non. Bon après je me connais, je suis pas une grande gueule en entretien donc je pense que 30% du temps c'était niet et 70% pourquoi pas, on verra la suite.

- La RH, pour les dispositions, salaires, etc. et éventuellement tests psychotechniques, graphologie au besoin. Une fois, j'ai été en face d'une jeune pète-sec qui m'a dit "j'ai pas eu le coup de coeur". J'ai failli lui rétorquer que j'étais pas un appartement. Par contre, pour un plan Tinder...

- Et une seule fois, je suis passé par un cabinet de recrutement, après avoir eu la RH au téléphone, le chef de projet puis sa N+2. Le cabinet qui s'est pas targué de me descendre dans son évaluation. En fait, j'avais postulé à la base pour un poste de Lead developer (noté : chef de projet) et finalement le poste a été pris, on m'a quand même envoyé en tant que chef de projet mais plutôt politique / management. Et évidemment j'ai aucune fibre. J'ai pas hésité à dire la vérité, et le cabinet s'est à peine vanté d'avoir débusqué un escroc... c'était pas leurs dires, mais c'était tout comme.
Ha oui, ils m'ont demandé un truc à la con genre 3 qualités et 3 défauts, des trucs qu'on demande plus depuis 2010 (entretien en 2012).... écrit sur une feuille donc j'imagine graphologie. Vu comment c'était en vogue dans les années 80/90... Je trouve d'ailleurs étonnant que l'astrologie, grâce à Madame Soleil et Elizabeth Teissier en consulting chez Mitterrand, n'ont pas plus de place dans les entretiens.

[el_slapper]

Mes expériences datent toutes un peu. SSII, j'en ai passé un paquet en 2007. Toutes sur le même modèle : vérifier que je suis vendable chez le client. C'est tout. Avec des structures différentes, souvent des commerciaux, parfois des managers, et, dans un cas, un sous-stagiaire.

En interne, édition de logiciel, donc ils ont eu les moyens de vérifier que je ne racontais pas de bobard. Tests techniques massifs, et seulement après entretiens pour les rares survivants. Entretiens avec le Chef d'équipe, avec ses subordonnés, avec un expert système, avec la chef de mon chef, video conf avec le grand chef qualité en Australie et la VP technique aux USA, puis dernier entretien avec le grand chef France (dont les jours dans la boite étaient comptés). C'était un poil plus sérieux que les SSII 7 ans auparavant.