Le Covid-19 peut-il accélérer la recherche en robotique dans le but de lutter contre les maladies infectieuses ? Oui,
selon un groupe d’experts en robotique
Depuis quelques années, l’utilisation des robots est de plus en plus sollicitée dans de nombreux secteurs, y compris celui de la santé. Alors que le Covid-19 touche actuellement presque tous les pays du monde, les scientifiques étudient tous les moyens pour limiter la propagation du virus. La distanciation sociale étant de rigueur, certaines tâches nécessitent toutefois l'interaction humaine.
Le recours aux robots, qui feront le travail à la place des humains, est donc primordial. Des efforts sont déjà faits, comme le déploiement de machines dans plusieurs grandes villes du monde pour effectuer des tâches de désinfection, ou la mise en place d’un service hospitalier entièrement robotisé en Chine, où des humanoïdes sont présents pour prendre en charge les malades.
D’après un groupe international d’experts en robotique, le contexte du coronavirus pourrait « favoriser une recherche soutenue en robotique pour faire face aux risques de maladies infectieuses ». Les recherches concernent cependant tous les stades d’une maladie infectieuse, à savoir la prévention, le diagnostic et le dépistage des maladies, le traitement et la gestion des maladies.
Concernant la prévention, le risque d’exposition étant élevé pour le personnel de nettoyage, surtout en milieu hospitalier, le recours à l’utilisation des robots serait une solution rapide, rentable et efficace, selon les experts. « Les opportunités résident dans la navigation intelligente et la détection des zones à haut risque et à haute sensibilité, associées à d’autres mesures préventives », expliquent ces experts. Ces derniers insistent donc sur la possibilité de mettre au point de nouvelles générations de robots qui pourraient identifier les zones à haut risque et les stériliser.
Pour le diagnostic et le dépistage, des robots mobiles sont déjà présents sur des lieux publics afin de mesurer la température des personnes qui y passent, et des systèmes de caméras automatisés sont également utilisés dans des zones plus larges. « L’intégration de ces capteurs thermiques et de ces algorithmes de vision à des robots autonomes ou télécommandés pourrait augmenter l’efficacité et la couverture du dépistage. Ces robots mobiles pourraient également être utilisés pour surveiller à plusieurs reprises les températures des patients internes et externes dans diverses zones des hôpitaux avec des données liées aux systèmes d’information hospitaliers », indiquent les experts.
De plus, la mise en réseau des systèmes de sécurité existants avec un logiciel de reconnaissance faciale permettrait de suivre la trace des personnes contaminées et d’alerter les personnes qui ont été en contact avec eux. Toutefois, le respect de la vie privée reste important, d’après eux.
D’ailleurs, l’automatisation du processus de prélèvement de sang à des fins de tests en laboratoire pourrait permettre au personnel médical de s’adonner à une autre tâche. À titre d’exemple, des systèmes robotiques basés sur l’identification par échographie des veines périphériques de l’avant-bras sont déjà en cours d’étude.
Les experts mettent aussi en avant l’impact d’une robotisation sur la santé mentale des patients au sein d’une unité de soins. Ils préconisent donc le déploiement de “robots sociaux” pour assurer des interactions sociales tout en adhérant aux régimes de traitement sans que la maladie ne se propage.
« Cependant, il s'agit d'un domaine de développement difficile car les interactions sociales nécessitent la construction et le maintien de modèles complexes de personnes, y compris leurs connaissances, leurs croyances, leurs émotions, ainsi que le contexte et l'environnement de l'interaction », notent-ils.
Toutefois, les coûts des travaux représentent un frein notable au développement de la recherche en robotique. Et les anomalies de fonctionnement ainsi que les cyberattaques peuvent apparaître, ce qui entraînera de graves conséquences sur la gestion et la prise en charge des malades.
« Historiquement, les robots ont été développés pour effectuer des tâches ennuyeuses, sales et dangereuses. Leur premier déploiement à grande échelle a eu lieu dans des applications industrielles. De même, la lutte contre les maladies infectieuses implique un environnement qui ne convient pas aux travailleurs humains, mais qui convient aux robots (…) Aujourd'hui, l'impact de COVID-19 pourrait inciter à poursuivre la recherche en robotique pour faire face aux risques de maladies infectieuses. Mais sans des efforts de recherche soutenus, les robots ne seront, une fois de plus, pas prêts pour le prochain incident. En favorisant une fusion entre les professionnels de l'ingénierie et des maladies infectieuses grâce à un financement spécifique, nous pouvons être prêts quand (et non pas si) la prochaine pandémie arrive », concluent les chercheurs.
Source : Science Robotics
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