Les développeurs critiquent l’exigence d’Amazon et de Google de recevoir des données utilisateurs des périphériques de maisons connectées,
les deux entreprises restent sur leur décision, un an après
Un an après la décision d’Amazon et de Google d’exiger de recevoir des données de manière continuelle et systématique sur tout changement d’état de chacun des appareils composant leur smart home, les deux firmes refusent de considérer les inquiétudes émanant notamment des développeurs. À titre de rappel, auparavant, à chaque fois que l’utilisateur demande à son assistant vocal d’allumer les lumières, par exemple, Alexa ou Google Assistant était obligé de vérifier d’abord l’état de l’ampoule intelligente pour ensuite envoyer la commande correspondante à la demande de l’utilisateur.
Néanmoins, depuis le début de l’année dernière, quelque chose a substantiellement changé : à chaque fois que cette ampoule est allumée ou éteinte, Google et Amazon exigent d’en être informés. Les développeurs y voient une situation très embarrassante, mais les deux géants de la maison connectée campent sur leur position, et résistent aux critiques et recommandations de ces développeurs inquiets.
Ainsi, un représentant d’une entreprise de sécurité pour smart home a confié, d’une façon anonyme à David Priest, son souci sur les problèmes sécuritaires soulevés par l’envoi systématique des mises à jour des états des appareils intelligents. En effet, il apparaît que ces mises à jour accroissent la vulnérabilité des utilisateurs vis-à-vis des éventuelles attaques informatiques, pour le vol des données personnelles par exemple.
Mais une autre préoccupation de premier ordre, émanant surtout des développeurs, concerne l’accès aux données des utilisateurs par Amazon et Google à propos des comportements et habitudes mêmes des occupants des maisons connectées. Certes, les deux géants de la technologie argumentent que cette politique d’envoi systématique des mises à jour des statuts de leurs appareils intelligents aide Alexa à effectuer des actions au nom et à la place des clients, de sorte à permettre une plus grande expérience avec la maison intelligente.
Cela réduit également les étapes du processus de vérification de l’état d’un appareil avant d’exécuter les commandes des utilisateurs. De même, ces flux de données acheminés vers Amazon et Google activent des fonctionnalités proactives telles que Hunches ou d’autres rappels (en suggérant à l’utilisateur de verrouiller la porte avant de se coucher, par exemple).
Cependant, les développeurs des appareils intelligents attirent l’attention sur le fait que tout cela réduit considérablement la sphère privée des utilisateurs des smart homes. De surcroit, les données recueillies ont certainement des valeurs très importantes pour les deux firmes, même si ces dernières affirment n’avoir aucune intention de vendre ces données ou d’utiliser celles-ci à des fins de publicité ciblée. C’est peut-être le cas pour l’instant, mais rien ne garantit qu’il en restera ainsi.
En fait, ces données peuvent par exemple indiquer la fréquence annuelle où un utilisateur a demandé à Alexa concernant le temps qu’il fait, et en conséquence permettre à Amazon et Google de concevoir des produits basés sur ces informations. Actuellement, ces deux entreprises géantes sont à même de dire dans quelle pièce de la maison l’occupant d’une enceinte connectée passe la plupart de son temps à la maison, à quelle heure celui-ci se couche et à quel moment il se réveille habituellement…
Brad Russell, directeur de la recherche sur les appareils de smart home au cabinet d’étude Parks Associates Inc., affirme ainsi : « les données de [mise à jour] confèrent aux plateformes [comme Google et Amazon] une position privilégiée dont aucun fabricant ne bénéficie ». L’année dernière, Matt Day de Bloomberg a aussi rapporté que deux dirigeants de fabricant de maisons intelligentes ont demandé à Amazon et à Google de mettre plus de transparence en matière de confidentialité et sur l’utilisation potentielle de ces données personnelles des utilisateurs. Cependant, ces dirigeants auraient été repoussés par les deux firmes géantes de technologie.
Le développeur de serrures intelligentes, August, à travers son Chief Technology Officer (CTO), Christopher Dow, aurait aussi recommandé à Google et Amazon de limiter leurs exigences en matière de transmission des flux des données relatives au changement d’état des appareils intelligents. Le principe de minimisation des données aurait été adopté, selon lequel seules les informations pertinentes et véritablement essentielles doivent être collectées et traitées. Cela aurait garanti une utilisation éthique des données par l’entreprise et expose l’utilisateur à une violation potentielle moindre de sa vie privée. Toutefois, jusqu’ici, aucune modification n’a été réalisée sur ce point, et aucune information n’a été avancée sur l’utilisation des données recueillies après expiration éventuelle de leur pertinence.
Le CTO du développeur de sécurité domestique Abode, Scott Beck, se montre de moins en moins enclin à laisser Google et Amazon gérer ces données et la question de confidentialité de celles-ci. Beck insiste que les clients eux-mêmes se méfient de partager leurs données avec ces firmes. Brad Russell ajoute que les consommateurs doivent d’abord être informés et correctement consultés concernant le possible partage de leurs données.
Néanmoins, même après un an de mise en garde, de critique et de recommandations de la part des développeurs, ceux-ci n’ont pas eu raison face à leurs deux interlocuteurs qui refusent désormais d’agir en conséquence. Ce qui conduit Russell à conclure que « [les développeurs individuels] n’ont aucun effet de levier ».
Source : Bloomberg
Et vous ?
Est-ce que vous trouvez légitimes ces préoccupations émanant des développeurs ?
Pensez-vous que Google et Amazon changeront finalement de politique vis-à-vis de la gestion de ces données provenant des utilisateurs ?
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