Le Royaume-Uni veut créer un organisme de réglementation pour contrôler les grandes entreprises de technologie
comme Facebook et Google

Il subsiste encore beaucoup d’incertitudes sur le Brexit, mais le Royaume-Uni se prépare activement à une ère post-Brexit. Ce mercredi, le média britannique The Financial Times a rapporté que le pays va créer un régulateur technologique l’année prochaine après l’achèvement du Brexit. Le régulateur contrôlera des sociétés comme Facebook et Google et aura le pouvoir d'appliquer de nouvelles règles visant à limiter les problèmes anticoncurrentiels et à protéger les données des consommateurs contre l'utilisation et la vente sans autorisation.

Selon les médias britanniques, nombreux sont ceux au pays qui réclament la création d'une organisation pour contrecarrer le pouvoir des grandes entreprises de technologie, y compris la Competition and Markets Authority (CMA) du Royaume-Uni, qui a publié un rapport ce mercredi 18 décembre décrivant les nouvelles lacunes réglementaires pour le secteur technologique. Le nouveau régulateur du Royaume-Uni aura de nouveaux pouvoirs qui comprendront l'application d'un nouveau code de conduite pour les entreprises Big Tech.

Par la même occasion, cela devrait également permettre une plus grande accessibilité des données aux consommateurs. « Le Royaume-Uni devrait envisager des règles plus strictes pour les géants en ligne tels que Google et Facebook », a déclaré la CMA. La CMA a ajouté que « gros ne veut pas nécessairement dit mauvais » et que ces deux entreprises offrent des produits et services innovants. Cela dit, elle a déclaré hier que « Facebook et Google se sont peut-être implantés sur le marché britannique avec des conséquences négatives pour les personnes et les entreprises qui utilisent ces services tous les jours ».

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Toujours selon le rapport de la CMA, la domination de Google et de Facebook sur le marché peut miner la capacité des journaux et des autres éditeurs à produire du contenu de valeur puisque leur part des revenus est comprimée par les grandes plateformes. Elle estime qu’il y a également un manque de transparence sur le fonctionnement de leurs plateformes. En effet, la CMA a expliqué dans son rapport que les éditeurs ont signalé des baisses dramatiques du trafic après que Google et Facebook ont apporté des modifications opaques à leurs algorithmes.

La collecte de données personnelles leur donne le pouvoir de cibler la publicité sur les individus plus efficacement que d'autres ne le peuvent. Selon The Financial Times, de nombreux autres pays dans le monde ont pris des mesures similaires, y compris la France et l'Allemagne. Selon le média, Jason Furman, l'ancien conseiller économique en chef du président Barack Obama, a fait des recommandations similaires en mars et a déclaré que le gouvernement du Royaume-Uni examinait l’émergence de nouvelles entreprises puissantes dans l'écosphère technologique.

L'organisation de Furman a rédigé un rapport sur la question. « Nous sommes préoccupés par le fait que [Google et Facebook] sont maintenant si grands et ont un accès si étendu aux données que leurs rivaux potentiels ne peuvent plus rivaliser sur un pied d'égalité », indique le rapport. Ainsi, selon le rapport de la CMA, « tant pour des raisons de confidentialité que de concurrence, il est essentiel que les gens se sentent maîtres de leurs données ». Pour l'instant, la CMA craint que ce ne soit pas toujours ce qui est observé dans la manière de faire.

À cet effet, la CMA a déclaré qu'il y a de solides arguments en faveur de l'élaboration d'un nouveau régime réglementaire qui pourrait inclure des règles régissant le comportement des plateformes en ligne et donnant aux gens un meilleur contrôle sur leurs propres données. Si le nouveau gouvernement britannique décidait de ne pas adopter de nouvelles règles, la CMA se dit prête à agir directement par ses propres pouvoirs. Dans les faits, Google n’a pas tardé à répondre aux propos de la CMA, déclarant que la publicité aide tout type d’entreprise au Royaume-Uni.*

Ronan Harris, vice-président de Google Royaume-Uni et Irlande, a déclaré que l'industrie de la publicité numérique « aide les entreprises britanniques de toutes tailles à trouver des clients au Royaume-Uni et dans le monde entier et soutient les sites Web que les gens connaissent et aiment avec les revenus et la portée ». D’après lui, Google a mis en place des contrôles faciles à utiliser qui permettent aux utilisateurs de gérer leurs données dans les services de Google comme la possibilité de désactiver les publicités personnalisées.

« Nous continuerons à travailler de façon constructive avec la CMA et le gouvernement dans ces domaines importants, afin que chacun puisse tirer le meilleur parti du Web », a-t-il conclu. De son côté, un porte-parole de Facebook s’est exprimé en disant : « Nous nous engageons pleinement à participer au processus de consultation sur le rapport préliminaire de la CMA et à continuer à offrir les avantages de la technologie et de la publicité pertinente aux millions de personnes et de petites entreprises du Royaume-Uni qui utilisent nos services ».

Andrea Leadsom, secrétaire d'État au ministère de l'Économie, de l'Énergie et de la Stratégie industrielle (BEIS), a déclaré que l'organisation allait publier un nouveau livre blanc au premier trimestre de l'année prochaine qui proposerait de nouvelles règles pour réformer les questions de concurrence. Selon le média The Financial Times, les membres du BEIS ont rencontré des avocats et différents universitaires pour déterminer comment l'organisme de réglementation fonctionnera lorsqu’il sera mis sur pied l’année prochaine.

« La Commission européenne s'est occupée de toutes les grandes affaires d'ententes et d'abus de position dominante, et nous devons maintenant renforcer notre capacité nationale en la matière [à la lumière d'un Brexit imminent] », a déclaré Greg Taylor, professeur au Oxford Internet Institute. « Il est donc logique de prendre des mesures audacieuses le plus tôt possible », a-t-il conclu.

Source : The Financial Times

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