Des documents divulgués montrent que Facebook exploite les données de ses utilisateurs pour lutter contre ses rivaux
et aider ses amis
Facebook est-elle l’entreprise de médias sociaux où il se produit le plus de violation de données des utilisateurs ? La succession de scandales entourant l’entreprise montre que Facebook a non seulement beaucoup de mal à protéger les données personnelles de ses utilisateurs, mais aussi qu’il se permet parfois d’utiliser ces données pour s’assurer de maintenir sa place de leader dans le rang des réseaux sociaux. Une nouvelle fuite de documents montre que l’entreprise exploite les données de ses utilisateurs pour lutter contre ses rivaux et aider ses amis.
Même si Mark Zuckerberg a parlé cette année de transformer son réseau social en un réseau axé sur la confidentialité des données des utilisateurs, l’on pourrait dire que l’entreprise est encore loin d’y arriver. Les scandales de violation de données ne cessent pas de se succéder pour l’entreprise. Depuis les événements de Cambridge Analytica en 2018, elle est suivie de près, mais les violations de données personnelles des usagers de Facebook n’ont pas arrêté pour autant. Ce sont de nouveaux documents obtenus et en cours de publication par NBC News qui démontrent cela.
Les accusations selon lesquelles Facebook utilise les données de ses utilisateurs comme une monnaie d’échange afin de consolider sa première place dans le rang des réseaux sociaux ne datent pas de maintenant. Une nouvelle fuite de documents montre comment Mark Zuckerberg et son conseil d’administration ont utilisé les données des utilisateurs du réseau social pour combattre leurs rivaux ou pour aider leurs amis. Ces nouveaux documents ont été obtenus par le média américain NBC News qui a dit avoir entamé un processus de publication.
Selon NBC News, ils ont d'abord été divulgués anonymement au journaliste d'investigation britannique Duncan Campbell, qui les a ensuite partagés avec une poignée d'organisations de médias, notamment NBC News et Süddeutsche Zeitung. Selon le média, le dossier comprendrait environ 7 000 pages au total, dont environ 4 000 sont des communications internes à Facebook, comme des courriels, des clavardages, des notes, des présentations et des feuilles de calcul, principalement de 2011 à 2015. Environ 1200 pages seraient qualifiées de “hautement confidentielles”.
Le lot de documents Facebook divulgués montre comment le PDG de l'entreprise, Mark Zuckerberg, a supervisé les plans visant à consolider le pouvoir du réseau social et à contrôler les concurrents en traitant les données personnelles de ses utilisateurs comme une monnaie d'échange. Les documents montrent que l’entreprise a trouvé des moyens pour exploiter les données personnelles des utilisateurs de Facebook, y compris des renseignements sur leurs amis, leurs relations et leurs photos, pour tirer parti des entreprises avec lesquelles elle s'est associée.
Selon NBC News, dans certains cas, Facebook récompenserait les partenaires en leur donnant un accès préférentiel à certains types de données d'utilisateurs tout en refusant le même accès à des entreprises concurrentes. Un exemple montre que Facebook a donné à Amazon un accès spécial aux données des utilisateurs parce qu'il dépensait de l'argent dans la publicité chez Facebook. Dans un autre cas, l'application de messagerie MessageMe a été coupée de l'accès aux données parce qu'elle était devenue trop populaire et pouvait concurrencer Facebook.
NBC News a expliqué que d’après les documents, pendant tout ce temps, Facebook a prévu d'encadrer publiquement ces mesures comme un moyen de protéger la vie privée des utilisateurs. Cette fuite intervient à un moment où Big Tech, particulièrement Facebook, fait l’objet d’une enquête antitrust du département américain de la Justice. En septembre dernier, 50 États et territoires américains ont annoncé une vaste enquête antitrust sur Google alors que Facebook lui fait l'objet d'une enquête sur sa position dominante dans l'industrie des réseaux sociaux.
De même, vers la fin du mois passé, la procureure générale de l'État de New York, Letitia James, a annoncé que 47 procureurs généraux d'États et de territoires américains envisageaient de prendre part à une enquête antitrust menée contre Facebook à New York. Aujourd’hui, l’entreprise a tellement suscité des inquiétudes sur la vie privée des gens que presque tous les États du pays enquêtent sur elle. Selon NBC News, il a reçu et commenté pour la première fois ces documents en avril. Ils proviennent tous d'un procès d'un an en instance devant le tribunal d'État du comté de San Mateo, en Californie.
Outre les communications internes, ils comprennent les dépositions d'employés de Facebook et de témoins experts (dont certaines parties sont manquantes) et d'autres documents déposés au tribunal. Ils font toujours l'objet d'une ordonnance de protection dans la poursuite civile connue sous le nom de “Six4Three v. Facebook”. Selon Paul Grewal, vice-président et avocat général adjoint chez Facebook, Six4Three, créateur de l'application Pikinis, a choisi ces documents d'il y a des années dans le cadre d'un procès visant à forcer Facebook à partager des informations sur les amis des utilisateurs de l'application.
L’affaire a trait à une start-up presque disparue connue sous le nom de Six4Three, qui a poursuivi Facebook en 2015 après que la société a annoncé son intention de couper l’accès à certains types de données utilisateur. L'application Pikinis, lancée en 2013 par Six4Three, s'appuie sur ces données pour permettre aux utilisateurs de trouver facilement les photos Facebook de leurs amis en maillot de bain. Selon NBC News, de nombreuses autres applications en plus de Six4Three ont également disparu après que Facebook leur a coupé l’accès aux données.
Il cite par exemple Lulu, qui est une application permettant aux femmes d'évaluer les hommes avec qui elles sortaient. Il y a aussi une application de détection de fraude d'identité du nom de Beehive ID et l'application suédoise de sensibilisation au cancer du sein Rosa Bandet (Ruban Rose). Six4Three a affirmé avoir été chassé des affaires lorsque le géant des médias sociaux lui a coupé l'accès à des informations plus détaillées sur les utilisateurs de Facebook. S’agissait-il d’une démarche anticoncurrentielle ou d’une action visant à protéger les données de ses utilisateurs ?
Grewal estime que les documents ne racontent qu'un côté de l'histoire et omet un contexte important. « Nous restons fidèles aux changements de plate-forme que nous avons apportés en 2014/2015 pour empêcher les gens de partager les informations de leurs amis avec des développeurs comme les créateurs de Pikinis », avait-il déclaré en avril. Selon NBC News, lorsqu’il a contacté Facebook mardi pour connaître son avis sur les documents qu’il avait obtenus, l’entreprise n’a pas voulu apporter des commentaires.
D’après NBC News, les documents démontrent que Zuckerberg avait pour objectif d’exercer un contrôle total sur le marché des applications de médias sociaux. Cela a poussé un employé de Facebook à le comparer aux méchants de “Game of Thrones” et un autre à décrire le traitement réservé aux développeurs d'applications externes comme « contraire à l'éthique ». Toutefois, l'approche de Mark Zuckerberg a également suscité l'admiration. Selon les documents, Doug Purdy, ex-directeur des produits de Facebook, a décrit le PDG comme un « maître de l'effet de levier ».
Les enquêtes en cours pour pratiques antitrust des régulateurs, des politiciens ou du département américain de Justice contre Facebook sont nombreuses. Les violations de données personnelles des utilisateurs de Facebook continuent d’être révélées et continuent d’entacher la réputation de l’entreprise. Tout ceci amène l’entreprise à faire face une menace de démantèlement depuis l’année dernière et empêche l’entreprise d’avoir la confiance des autorités américaines et d’autres pays dans le monde pour mettre en place d’autres projets comme c’est le cas de Libra.
Source : NBC News
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