Discussion :

[el_slapper]

La startup qui voulait me recruter 26% en dessous de mon salaire actuel avait marqué dans son offre "rédaction des spécification de tests automatiques et suivi de leur développement off-shore". Donc ça existe encore. Le pays était non précisé. Si c'est avec des nord-africains, des gens souvent au contact de la culture française, et avec un décalage horaire négligeable, ça peut passer. Mais avec des indiens ou des chinois? Suicide.

(d'autant plus que les meilleurs indiens et chinois sont tous partis aux USA, et les meilleurs restants bossent pour des boites locales - un phénomène moins marqué au Maghreb).

[User Name]

Salut,

Je n'ai pas lu toutes les réponses qu'on t'a apportées dans le topic, mais je me permets de t'apporter ma modeste pierre à l'édifice.

Bonjour,

Intéressé par une probable expatriation d'ici quelques mois/années, le temps de me faire une première expérience en France, je souhaiterais un retour de ceux qui sont déjà parti à l'étranger via des SSII françaises

- La SSII s'occupe t-elle généralement de vous trouver un logement, au moins au départ?

Comme pour beaucoup de choses dans ce type d'opportunité, ça se négocie. Il n'y a pas de "régime général", et même s'il y a un minimum niveau légal, ce sont en général des conditions "à la carte" et "à la tête du client" ; à titre d'exemple, personnellement, j'ai négocié mi-2018 avec ma SSII de m'envoyer chez le client dans un pays d'Asie meilleur marché qu'en France. Ils m'ont alloué un budget logement là-bas, et comme ils avaient sous-estimé la valeur du marché locatif dans ce pays, j'ai dû renégocier une fois sur place pour leur faire augmenter ce budget pour être logé dans des conditions salubres (chose qu'ils ont bien sûr dû accepter, sous peine de me voir rentrer bredouille), vu que je voulais conserver en parallèle mon logement en France, car il ne s'agissait que d'un détachement d'un an.

Pour la recherche, ce sur quoi on s'était mis d'accord, c'était que ce serait certaines gens chez le client local qui m'épauleraient dans ma recherche, mais ils n'ont pas levé le petit doigt, et dans ce pays, il n'y a aucune pression sur le marché, donc j'ai pu trouver assez rapidement, surtout avec le budget adéquat.

- Le salaire est il ajusté au salaire moyen du pays? Par exemple, aux USA, les salaires des ingénieurs sont multipliés au minimum par 2 par rapport à la France, est ce le cas si la SSII vous envoie en mission là bas?
- Le nombre de semaines de congé et horaires est il ajusté à la moyenne du pays, ou bien selon les règles françaises (5 semaines de congés payés, 35h, etc...)?
- Comment se passe la mutuelle la bas?

Ca dépend. Tu as deux régimes en fait :

- Le Détachement : il sous-entend que tu n'es pas resté assez longtemps à l'étranger. En déça de 2 ans, par défaut, tu es salarié détaché ; à ce titre, tu es sous contrat français, couvert par la sécurité sociale française et ta mutuelle française. Tu as tes congés français. Pour les jours fériés, par défaut, tu es indexé sur les jours fériés de France. Perso, j'ai télétravaillé pendant les jours fériés du pays de destination. Mais ça se négocie comme le reste. Tu perçois par défaut ton salaire français, mais en fonction du pays où tu vas, tu peux négocier une indexation de ton salaire sur le coût de la vie du pays. Si la boite n'est pas malhonnête, elle te le proposera elle-même. Personnellement, je ne l'ai pas fait, vu que le pays où j'allais était moins cher que la France, donc j'ai été avantagé avec mon salaire français... jusqu'à ma facture d'impôts dans le pays en question qui m'a vu comme un riche à traire (logique).
En conséquence, dès mon retour, j'ai dû renégocier avec ma société pour qu'elle règle le surplus d'impôts par rapport à ce que j'aurais payé si j'étais resté en France. Et là ce n'était pas facile à obtenir ; comme je n'avais pas prévu le coup, j'étais à la limite de faire usage de pression juridique. Tu peux être envoyé avec un ordre de mission qui stipule tes conditions de séjour (pour ma part, financement loyer à hauteur de X, compensation en argent de mes tickets resto et de mon pass transport).

- L'Expatriation: tu es obligé de passer expatrié si tu as passé plus que 2 ans à l'étranger. Je ne sais pas si tu peux d'entrée de jeu être envoyé en expat sans être au préalable en détachement, mais je pense que oui. Sous ce régime, tu ne dépend plus de la sécurité sociale et tu dois signer un nouveau contrat de travail, qui détaille toutes les conditions sous lesquelles tu es envoyé (salaire, primes d'expatriation, régime de santé, congés...etc.). Comme lors d'une embauche, tout se négocie. Et là, il faut vraiment que tu penses à tout, y compris qui paie quoi des impôts. En plus de ça, si tu veux côtiser pour la retraite, tu dois côtiser à la CFE (Caisse des Français de l'Étranger, qui est chère). Tu peux négocier avec ta boîte de financer tout ou partie de cela. Je crois d'ailleurs qu'il y a une formule de base pour être rattaché à la sécu française, mais je pense que si tu vas dans un pays "cher" (Océanie, USA...etc.), c'est plus avantageux (et pratique) de se voir financer une assurance privée dans le pays en question. A confirmer avec d'autres avis, mais personnellement, ce que je n'aime pas avec la sécurité sociale française, c'est que tu dois avancer les frais et te faire rembourser ensuite, au prix de réclamations peu évidentes. Et là si t'as une facture d'hôpital, et que tu n'as pas la trésorerie, je ne sais pas comment tu ferais. En tout cas, ça fonctionnait comme ça pour moi en détachement, mais je ne sais pas si c'est différent en côtisant pour la CFE. Heureusement, en détachement, tu as une assurance de détachement (obligatoire, sauf erreur de ma part), qui couvre les frais d'hospitalisation (et seulement ceux-ci). Ca m'a sauvé la vie ! En revanche, elle ne te couvre pas si tu bourlingues dans les pays autour...

Pour les impôts, ça ne dépend pas du régime ; tu paies systématiquement dans le pays où tu as passé plus de 183 jours dans l'année. Si le pays en question a signé une convention de non double imposition avec la France, c'est plus facile de réclamer à la France d'être dégrévé de tes impôts sur l'année que tu as passée à l'étranger (ce qui était mon cas, avec des conditions difficiles à interpréter). Pour ma part, j'ai négocié de me faire aider par la juriste fiscaliste de la boite pour cette réclamation.

Enfin, dans ma boite, j'ai des jeunes VIE qui sont partis avec moi dans le pays, mais sous conditions de travail largement moins avantageuses : et pour cause, comme leur poste était très demandé, on leur a fait comprendre que soit ils partaient "à poil", soit ils cherchaient ailleurs. Ils étaient sous assurance privée spéciale pour les VIE, et avec leur salaire de VIE (payé par Business France), ils ont dû tout payer eux-mêmes niveau logement, transport...etc. Là clairement, de mon point de vue, la boite n'a pas été très réglo, elle a payé 0. Mais comme ils voulaient absolument le poste, ils ont dû plier... la seule chose qu'ils ont réussi à obtenir, c'est d'être indexés sur les jours fériés du pays de destination (ce qui était largement à leur avantage).

- Une fois sur place, et en mission via sa SSII française, est-il simple de postuler directement dans une boite du pays pour s'y faire embaucher?

Merci d'avance !

Personnellement, j'ai essayé (assez timidement) dans le pays où j'étais, je n'ai eu aucun succès. En même temps, c'est un pays assez rigoureux sur les visas, et en général, tout se débloque sur du bouche à oreille. Mais les conditions de travail sous contrat local ne m'ont pas enchanté, alors j'ai abandonné. Dans un tel pays, un contrat d'exaptrié français peut t'éviter bien des ennuis, comme par exemple, d'être traité comme un esclave par ton patron (interdiction de quitter le bureau la nuit et 0 congés par an pour certains de mes collègues locaux, à cause d'un projet en difficulté aucunement de leur ressort).

De manière générale, comparer les avantages et inconvénients d'un contrat local dans le pays en question (sécurité de l'emploi, conditions de travail, salaire...etc.) avec un contrat d'expatrié français n'est pas à négliger. Bien entendu, sans propositions concrètes à comparer ce n'est pas évident. A ma connaissance, si tu es bon négociateur et bien informé, dans 95% des cas, un contrat d'expatrié français est largement plus protecteur et avantageux niveau conditions d'emploi. En fonction du pays, cela se fait au détriment du salaire, sauf si l'employé est en position de force pour négocier. S'il l'est, il obtient alors le beurre et l'argent d'Uber.

Ce pourquoi, d'ailleurs, le contrat d'expat' se fait de moins en moins, au profit d'un contrat local, plus avantageux pour la boite, notamment d'un point de vue juridique...