Sans trop raconter ma vie et surtout la sienne :
Mon père est né en 1945, donc au tout début du baby-boom. Il a fait partie d'une famille de 9 enfants. Né à la campagne, il a ensuite grandi à la ville toute proche et ses parents, sa famille sont l'illustration de l'exode rural.
La ville c'est Le Creusot, j'y suis né, comme mon père. C'est l'exemple parfait de la ville usine, et de l'entreprise patriarcale. Usines Schneider, Écoles Schneider, hôpital Schneider (
http://www.hopital-lecreusot.com/nou...agecontent_188), logements ouvriers appartenant à l'usine, etc...
Cette industrie métallurgique s'est implanté ici du fait de la proximité de mines de charbon de Montceau (énergie et carbone pour l'acier). La ville du Creusot n'existait pour ainsi dire pas au 17e-18e siècle, elle est née avec les Schneider et l'industrie.
Bref, beaucoup de gens d'origine rurale se sont retrouvés dans des maisons ouvrières avec jardin et une culture rurale. Ils se chauffaient au charbon qui était probablement fourni par l'usine, et provenait des mines toutes proches. Mais les pratiques restaient rurales : élevage de volailles et lapins, jambons séchés et à la cendre, vinaigre, confection de sabots, jardin uniquement potager énorme (9 enfants ça mange). Dans de telles familles, avec ce passé, rien ne se perdait, rien n'était superflu, ils n'en avaient pas les moyens.
Voilà donc pas de déchets, une vie chiche, à 3 dans les lits pour dormir, et le pourquoi des cendriers
Petit j'ai vu tout ça et mon grand-père à l'action : la confection des sabots, le fût de vinaigre, les poulets qu'on égorge et qu'on plume après les avoir ébouillantés, ou les lapins qu'on dépèce, les conserves, les dizaines de jambons pendus au plafond, la meule à affuter les outils, tout ce qu'on possède et que l'on répare, entretient, maintient en état. J'ai ça en moi aussi, les gestes avec.
Notamment le potager, j'en fais un, comme j'ai vu mon père et les grand-pères le faire. Produire sa propre nourriture c'est un peu de liberté, d'indépendance. Mon père avait abandonné, il en refait depuis sa retraite. Tous mes enfants m'ont vu faire du potager et mangé de la nourriture produite de la terre qu'ils piétinent.
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