Trop d'heures sup non rémunérées, télétravail, stress, inégalités, automatisation,
le rapport sur le travail dans l'IT
Les nouvelles technologies s’installent de plus en plus dans les entreprises et introduisent des changements très divers par rapport aux fonctionnements de ces entreprises. Qu’il s’agisse d’automatiser les tâches quotidiennes, de s’orienter vers le cloud computing ou encore d’adopter des solutions basées sur l’intelligence artificielle, les entreprises et leurs DSI accélèrent le mouvement pour rester dans la dynamique et offrir les meilleurs services à leurs clients. Cependant, que pensent les travailleurs de ces mouvements et comment s’adaptent-ils ? Dans son rapport annuel The Workforce View in Europe 2019, le groupe ADP, un cabinet d’analyse de rentabilisation pour la gestion du capital humain, présente les avis d’une dizaine de milliers de travailleurs européens sur ce qui les inquiète, ce qui les passionne ou encore mieux, ce qu’ils espèrent voir changer dans leur environnement de travail.
The Workforce View in Europe in 2019 étudie les comportements et l’état d’esprit des salariés face au monde du travail actuel ainsi que leurs attentes vis-à-vis de leur environnement de travail futur. Les résultats de l’étude rapportent de nombreuses informations sur des problématiques métiers essentielles, comme l’optimisme des salariés, les menaces dans l’entreprise, les nouvelles méthodes de travail, la santé mentale ou encore la discrimination. Les recherches ont été menées par l’agence d’étude de marché indépendante Opinion Matters pour le compte d’ADP en octobre 2018. L’échantillon se compose de 10 585 adultes actifs dans huit territoires à travers l’Europe notamment la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, l’Espagne, la Suisse et le Royaume-Uni.
L’une des premières remarques du rapport du groupe ADP est que les salariés et leurs employeurs ont du pain sur la planche pour s’adapter aux nouvelles réalités du monde du travail notamment en relevant les défis liés pour quelque peu aux évolutions politiques (le cas du Brexit), mais surtout ceux liés à l’automatisation grandissante. Selon le rapport, quelques employés (environ 26 % d’entre eux) n’acceptent pas forcément l’automatisation, car ils estiment que les robots leur prendront leurs travaux et les enverront au chômage. Pour 42 % des travailleurs interrogés, l’intelligence artificielle va profondément bousculer le fondement des entreprises et modifier le monde du travail. Trente-neuf pour cent parmi eux pensent que ce sera les objets connectés (IoT), 35 % votent pour la biométrie et pour finir, 23 % parmi eux désignent la blockchain.
Selon une autre conclusion, le Brexit inquiète un cinquième des collaborateurs en Europe, tandis que plus de la moitié (56 %) s’attend à des changements significatifs dus à l’automatisation. Et ce sont les personnes de la génération Y (la génération Y regroupe, en Occident, l'ensemble des personnes nées entre 1980 et 1999. Ceux de 2000 commencent la génération Z), dont la carrière est devant elles, qui s’attendent à en subir les conséquences les plus lourdes. Par contre, précise le rapport, les niveaux d’optimisme chez les travailleurs concernés par l’étude demeurent stables depuis le rapport de l’année dernière. Ils sont 79 % de travailleurs à expliquer qu’ils sont prêts à affronter les défis de l’automatisation. Dans ce lot, l’optimisme des jeunes semble prévaloir, puisque la génération Y (les 16–34 ans) est celle qui démontre le plus d’optimisme face à l’avenir.
Cela dit, les travailleurs britanniques sont tout de même les plus inquiets par rapport à l’automatisation. Quarante pour cent des salariés britanniques pensent que leur poste sera automatisé à l’avenir et 27 % s’attendent à ce que cela se produise dans les cinq prochaines années. Cela s’explique peut-être par l’importance des emplois liés aux services financiers et à l’informatique au Royaume-Uni, deux secteurs où l’essentiel des participants pense que leur emploi sera automatisé (45 % et 39 %). Toujours face à la question d’automatisation, les salariés espagnols sont ceux qui ont le plus confiance en leurs compétences (93 %), tandis que les Polonais pensent être les derniers en mesure d’affronter l’avenir (86 %), malgré un bond énorme d’une année sur l’autre (79 %, au départ).
De plus, le rapport souligne également les possibles impacts de l’entrée en vigueur du RGPD sur les systèmes d’informations des entreprises en Europe. Sur la question de savoir si le RGPD a contribué à plus protéger leurs données, 56 % des salariés ont donné des avis favorables. Pour le reste, 26 % estiment qu’il n’y a aucun changement dans ce sens et ils sont 34 % de Français à estimer que le RGPD ne les protège pas comme ils le souhaitaient. « Ce qui inquiète en premier lieu les salariés, c’est de n’avoir aucun contrôle sur les données conservées (11 %). En en second lieu, 10 % accusent la vulnérabilité des systèmes de leur entreprise face à une cyberattaque ou une violation de données. D’autre part, 7 % craignent qu’une trop grande quantité de données soit conservée sans leur consentement ».
Dans ce cas de figure, si les employés ont accès à moins de données qu'ils estiment nécessaires, cela pourrait s’expliquer autrement, car d’autres rapports présentés par d’autres structures cette année révèlent qu’une grande majorité des DSI et RSSI accusent les employés d’être à l’origine des violations de données par leur manque de concentration ou en divulguant ces données de façon ignorante. Par exemple, selon un rapport de Opinion Matters cette année, pour le compte de Egress Software, 61 % des RSSI estiment que les employés divulguent accidentellement des données de leurs entreprises. Même lorsque ces derniers sont amenés à interagir avec données sensibles, ils ne font pas trop attention.
D’autres aspects du travail en entreprise ont été abordés par le rapport de l’ADP comme le travail en freelance. Les auteurs du rapport estiment que l’engouement autour de ce type de travail commence à baisser chez les travailleurs en Europe au profit des méthodes de travail plus classiques. En 2015, le pourcentage du nombre de personnes voulant se mettre en freelance était de 26 % sur le continent et aujourd’hui, il est de 15 %, analyse le rapport. Enfin, la semaine de travail de 4 jours au lieu de 5 continue de faire parler de lui et 56 à 76 % des travailleurs interrogés préfèrent cela tout en gagnant le même salaire ou plus.
Un autre problème que souligne le rapport est celui des heures supplémentaires non rémunérées, où des salariés feraient un nombre inquiétant d’heures supplémentaires gratuitement chaque semaine et où bon nombre ne comprendraient pas leurs fiches de paie finales. Tandis que prolonger la journée de travail pourrait largement profiter aux entreprises à court terme, cela aura sans doute des conséquences sur les degrés de motivation, d’engagement, de productivité et de maintien en fonction du personnel. L’exactitude de la compensation pour les heures travaillées est critique pour motiver les collaborateurs, et les équipes RH devraient disposer de systèmes et processus permettant de garantir une rémunération exacte au sein de leur entreprise.
Le rapport souligne également les principales entraves à la productivité dont le manque de personnel : « 18 % des participants déclarent que leur productivité en a pris un coup en raison du nombre insuffisant d’employés de soutien, une hausse de 14 % depuis l’année dernière. Il s’agit d’un problème particulier en Allemagne (24 %) et en Espagne (23 %) ainsi que dans les secteurs de la santé (24 %) et du retail (21 %). Contre toute attente, à l’ère des réseaux sociaux et de l’économie de l’attention, les téléphones personnels représentent un problème de productivité mineur pour la majorité des répondants (4 %). Toutefois, les distractions liées aux téléphones augmentent considérablement parmi les jeunes salariés : un sur dix (10 %) parmi les 16 – 24 ans affirme qu’il s’agit d’une des principales entraves à sa productivité au travail », lit-on dans le rapport.
En ce qui concerne le niveau de stress au travail, le rapport souligne que cela reste élevé. « En Europe, les salariés demeurent plus stressés que jamais, avec plus d’un répondant sur six (17 %) subissant un stress quotidien au travail. Avec une baisse d’un point de pourcentage par rapport à 2017, le niveau de stress redescend à celui observé en 2016. Cependant, tout comme en 2017, seulement un salarié sur huit (12 %) en Europe dit ne jamais avoir subi de stress, une baisse de plus d’un quart (27 %) par rapport à 2016. Le même phénomène peut s’observer dans chaque pays, les Polonais demeurant les plus susceptibles de subir un stress quotidien au travail (25 %), bien que ce chiffre ait diminué très légèrement par rapport à 2017 (27 %). De même, les Néerlandais sont les premiers à déclarer ne jamais subir de stress (22 %), un chiffre bien plus élevé qu’en Allemagne, où seulement 4 % déclarent un tel niveau de quiétude au travail.Les secteurs engendrant le plus de stress sont le commerce, les médias et le marketing, le retail, la restauration et les loisirs ainsi que les services financiers, où un collaborateurs sur cinq (21 %, 20 %, 20 %) subit un stress quotidien, soit quatre points de pourcentage de plus que la moyenne ».
Mental Health Europe, principale association européenne engagée dans la promotion d’une santé mentale positive au travail, a d'ailleurs déclaré que : « les stigmates liés au stress et à la santé mentale au travail demeurent une réalité en Europe. Un stress persistant peut provoquer un épuisement physique et mental, diminuer l’attrait des employés pour leur emploi, nuire à leurs performances, à la productivité et à la santé de l’entreprise. Quel que soit le secteur, les coûts associés à une mauvaise santé mentale au travail sont énormes. Investir dans la promotion et la prévention de la santé mentale au travail a des conséquences positives à court et long terme pour les salariés, les employeurs et la société ».
En ce qui concerne la discrimination au travail, le rapport indique que « même si la discrimination est loin d’être éradiquée, il est encourageant de constater une légère baisse du nombre d’individus indiquant avoir souffert de discrimination au travail, soit quatre points de pourcentage en moins, pour atteindre 30 % cette année. On observe également une hausse des rapports abordant les inégalités salariales entre hommes et femmes : ils sont passés de 22 % l’an dernier à 27 % cette année. D’autre part, presque deux tiers (60 %) des salariés envisageraient de chercher un autre emploi s’ils découvraient que leur entreprise pratiquait un écart de rémunération entre hommes et femmes, et ce chiffre s’élève à presque trois quarts (72 %) chez les femmes ». Le rapport précise également que « les signalements faisant état de discrimination sont les plus nombreux au Royaume-Uni, où plus d’un tiers (38 %) des participants déclarent en avoir été la cible, contre seulement un cinquième (18 %) des salariés aux Pays-Bas. Si l’on entre dans les détails, la discrimination liée à l’âge est celle qui prévaut en France (12 %), tandis que la discrimination liée au sexe est la plus répandue au Royaume-Uni (9 %) »
Source : Rapport de l’étude
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