Trump a proposé de gracier Assange s'il fournissait la source des e-mails de la DNC,
selon des déclarations de l’avocat d’Assange
Dans les mailles de la justice britannique depuis avril 2019, Julian Assange, fondateur de Wikileaks, encourt jusqu’à 175 ans de prison s’il était extradé aux États-Unis où il est accusé d’espionnage. Cela dit, il pourrait bénéficier d’une grâce présidentielle de la part de Donald Trump s’il aidait à résoudre le piratage de la DNC (Democratic National Convention) en 2016, avant les élections présidentielles. Julian Assange aurait été invité à révéler la source de la fuite préjudiciable à Hillary Clinton. Selon son avocat, on lui a demandé de fournir des informations qui “bénéficieraient politiquement au président Trump”.
Né à Townsville en Australie, Assange, 49 ans, se bat afin d’éviter d'être extradé aux États-Unis, où il est accusé de conspiration pour piratage des ordinateurs du gouvernement et de violation d'une loi sur l'espionnage concernant la diffusion de documents confidentiels par le site WikiLeaks entre 2010 et 2011. Outre les 175 ans d'emprisonnement, celui-ci encourait aussi la peine de mort. Cela résulte du fait que les États-Unis ont renforcé en juin les accusations portées contre lui. Si la décision de son extradition reste en suspens, les choses pourraient prendre une autre tournure.
Il a été révélé lors d’une audience vendredi que deux cadres politiques qui ont prétendu représenter Trump ont proposé à Julian Assange un accord “gagnant-gagnant” pour lui permettre d’éviter l'extradition et l'inculpation. Selon les termes de l’accord, expliqué par Jennifer Robinson, avocate de Julian Assange, il se verrait offrir une grâce s'il révélait qui a divulgué les mails du Parti démocrate sur son site, afin d'aider à clarifier les allégations selon lesquelles ces mails auraient été fournis par des hackers russes pour favoriser l'élection de Trump en 2016.
En effet, lors de la campagne présidentielle américaine de 2016, WikiLeaks a publié une série de courriels du DNC (Comité national démocrate). Cette divulgation a quelque peu porté préjudice à la démocrate Hillary Clinton, alors candidate. Les enquêteurs américains ont finalement conclu que les courriels avaient été piratés par la Russie pour influencer les élections. Les fuites concernant les élections de 2016 ne font toutefois pas directement partie de la procédure pénale américaine contre Julian Assange, qui porte sur des documents militaires et diplomatiques classés secrets publiés par WikiLeaks plusieurs années auparavant.
Selon une déclaration de Robinson lue à la cour, l'offre a été faite par Dana Rohrabacher, alors membre républicain du Congrès, et Charles Johnson, associé de Trump, lors d'une réunion datant du 15 août 2017 à l'ambassade équatorienne à Londres où Julian Assange avait trouvé refuge. À l'époque, il faisait l'objet d'une enquête secrète par un grand jury américain. « Ils avaient déclaré que le président Trump était au courant et qu'il avait approuvé leur venue pour rencontrer Assange pour discuter d'une proposition, et qu'ils auraient une audience avec le président pour discuter de la question à leur retour à Washington DC », a déclaré Robinson.
« La proposition avancée par le membre du Congrès Rohrabacher voulait que Assange identifie la source des publications relatives aux élections de 2016 en échange d'une sorte de grâce, d'une assurance ou d'un accord qui profiterait au président Donald Trump sur le plan politique et empêchera l'inculpation et en même temps l'extradition vers les États-Unis », a-t-elle clarifié. L'équipe juridique de Julian Assange a fait cette révélation pour la première fois lors des audiences de février. Mais une équipe du président Trump a tout de suite démenti l’accord et a nié son existence.
En février, la Maison-Blanche a qualifié l'affirmation selon laquelle Trump avait tenté de conclure un accord avec Assange de “fabrication complète et de mensonge total”. « Le président connaît à peine Dana Rohrabacher, si ce n'est qu'il est un ancien membre du Congrès. Il ne lui a jamais parlé de ce sujet ou de presque aucun sujet. C'est une invention complète et un mensonge total. C’est vraisemblablement un autre canular sans fin et un mensonge total du comité national démocratique », avait dénoncé un porte-parole de la Maison-Blanche.
De son côté, Dana Rohrabacher a dit qu'il n'avait jamais parlé au président d'Assange, a nié avoir été envoyé au nom de Trump et a dit qu'il agissait de son propre chef en proposant à Trump de gracier Assange. Rohrabacher a expliqué qu'il voulait résoudre les spéculations en cours sur l'implication russe dans la divulgation des courriels du DNC par WikiLeaks. D’après ses dires, ces spéculations sont préjudiciables aux relations américano-russes, qu'elles ravivaient les vieilles politiques de la guerre froide, et qu'il serait dans l'intérêt des États-Unis que la question soit résolue.
« À aucun moment, je n'ai offert quoi que ce soit à Julian Assange de la part du président, car je n'avais pas du tout parlé avec lui de cette question », a expliqué Rohrabacher dans une déclaration datant de février. « Cependant, en parlant avec Julian Assange, je lui ai dit que s'il pouvait me fournir des informations, ainsi que des preuves sur l'identité de la personne qui lui a effectivement transmis les courriels de la DNC, je demanderais alors au président Trump de le gracier ».
Bien sûr depuis 2016, la Russie a nié toute ingérence et Trump a nié toute collusion de campagne avec Moscou. Les différentes enquêtes menées par le conseiller spécial Robert Mueller n’ont pas non plus permis d’établir que les membres de la campagne avaient conspiré avec la Russie. Au cours de l’audience vendredi, James Lewis, procureur du gouvernement américain, a déclaré : « La position du gouvernement est que nous ne contestons pas ces choses qui ont été dites. Nous n'acceptons évidemment pas la vérité de ce qui a été dit par d'autres ».
Source : Reuters
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