Vous plafonnez à 2,5 % - 3,5 % dans les sondages. Vous pensez pouvoir encore améliorer votre score ?
BENOÎT HAMON. Je n’ai aucun doute : nous passerons le seuil des 5 % et nous aurons des élus. Emmanuel Macron se trompe en réduisant la campagne à un affrontement entre lui et Marine Le Pen. En ne proposant rien d’autre qu’une confrontation franco-française, c’est le projet de construction européenne qu’il met en péril.
(...)
C’est-à-dire ?
C’est une idée qui est née de la campagne actuelle. Ce qui m’a frappé, c’est que le débat est trop technique, limité à des chiffres. Il manque de souffle. Pourtant, la question européenne est née avec la Révolution, elle a été portée par des visionnaires comme Victor Hugo ou encore Aristide Briand. En 1929, ce socialiste pacifiste avait milité pour la reconnaissance d’une nationalité européenne au sein de la Société des Nations (NDLR : l’ancêtre de l’ONU). À un moment où la logique du repli sur soi gagne en puissance, nous remettons cette idée sur la table : nous proposons la reconnaissance d’une nationalité européenne.
En quoi consisterait une nationalité européenne précisément ?
Aujourd’hui, il existe une citoyenneté européenne. Mais c’est un statut insuffisant car il ne permet pas d’homogénéiser les destinées des peuples européens et de leur donner des buts communs. Et pourtant, nos points communs sont plus nombreux que nos différences face à des adversaires comme la Chine, les États-Unis ou la Russie qui ne cherchent qu’à nous fracturer.
Cette nationalité européenne permettrait de donner à chaque citoyen de l’Union, quel que soit son pays d’origine, les mêmes garanties en matière de droits humains, sexuels, de fin de vie ou environnementaux. Et pourquoi pas, demain, dans le domaine des droits économiques ou sociaux. Ce droit existe déjà en matière d’interdiction de la peine de mort.
J’ai conscience que cela ne se fera pas dès le 27 mai et nécessitera une longue concertation. Nous faisons cette proposition car elle peut être un point d’ancrage pour unir les peuples et rapprocher les Européens.
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