Le projet Debian pourrait se retrouver sans chef à sa tête
Car personne ne semble vouloir le diriger
Le Chef du Projet Debian (en anglais Debian Project Leader ou DPL) est le représentant officiel du projet Debian. Le Chef du projet est un développeur Debian désigné pour un mandat d’un an au terme d’une élection à laquelle tous les développeurs Debian sont appelés à voter.
Le Chef du Projet Debian a deux principales fonctions, une interne et une externe. Dans sa fonction externe, le DPL représente le projet Debian aux yeux de l’extérieur. Cela consiste à donner des interviews et à faire des présentations concernant Debian, à participer aux salons, ainsi qu’à construire de bonnes relations avec les autres organisations et entreprises. En interne, le DPL dirige le projet et définit la ligne de conduite à suivre : il doit discuter avec les autres développeurs Debian, en particulier les délégués, afin de voir comment il peut les aider dans leur travail. Une des tâches principales du Chef du projet consiste donc à faire de la coordination et de la communication.
Nommer les délégués ou déléguer des décisions au Comité Technique, prêter son autorité à d’autres développeurs, prendre toute décision qui nécessite une action urgente, prendre toute décision dont personne d’autre n’est responsable et prendre des décisions affectant les biens possédés en commun dans un but lié à Debian, après consultation des développeurs font partie des attributions du DPL. Ce dernier doit également porter le projet auprès du reste du monde. Depuis deux ans, c’est Chris Lamb qui est le Chef du Projet Debian.
Six semaines avant la fin du mandat du Chef du projet, le Secrétaire du projet prépare une nouvelle élection et un appel de candidatures est lancé. Seules les personnes reconnues comme développeurs Debian sont éligibles et elles ont une semaine pour faire part de leurs intentions. Il s’ensuit alors une période de campagne de trois semaines. Les développeurs Debian votent pendant les deux dernières semaines pour élire le nouveau DPL. Signalons au passage qu’il y a toujours une option « aucune de ces réponses » sur le bulletin de vote qui permet, si elle remporte le plus de voix, de recommencer tout le processus depuis le début. Mais que se passerait-il si le projet Debian tenait une élection et qu’au final aucun candidat ne se manifestait ?
Cette année, l’appel à candidatures a été dûment envoyé par le secrétaire du projet, Kurt Roeckx, le 3 mars. Mais, le 10 mars, aucun candidat admissible n’avait présenté son nom. Chris Lamb s’est fait remarquer par son absence à la discussion, ce qui laisse supposer qu’il ne souhaite pas se présenter pour un troisième mandat. La période de campagne devrait déjà avoir commencé, mais il semble que personne n’est intéressé par le poste de DPL cette année.
Les textes fondateurs de Debian décrivent naturellement ce qui doit se passer dans cette situation : la période de candidature est prolongée d’une semaine. Ainsi, tous les développeurs Debian qui ont tergiversé après la date limite disposent désormais de sept jours supplémentaires pour rectifier le tir. La nouvelle date limite est le 17 mars. Cependant, si cette échéance ne permettait de remédier à cette situation (zéro candidat au final), elle sera à nouveau prolongée d’une semaine supplémentaire et cette boucle se répètera indéfiniment jusqu’à ce que quelqu’un soumette son nom.
Le nouveau Chef du projet fraichement élu devra néanmoins attendre la fin du mandat de Lamb avant d’assumer pleinement ses fonctions. Dans le même temps, aucune disposition ne permet de verrouiller le DPL sortant du bureau et de l’obliger à continuer à s’acquitter de sa tâche quand son mandat arrive à expiration. Avec déjà au moins une semaine de retard sur le planning habituel, il est désormais certain que le projet Debian fonctionnera pendant un certain temps sans DPL. Certains développeurs semblent apprécier cette possibilité et suggèrent même qu’un système d’apprentissage automatique (Machine Learning en anglais ou ML) soit installé à cette position.
La bonne nouvelle est que cette éventualité a été prévue dans la constitution du projet : « Ainsi, en l’absence de DPL, le président du comité technique et le secrétaire du projet Debian sont habilités à prendre des décisions, dans la mesure où ils sont en mesure de s’accorder sur la nature de ces décisions ». En d’autres termes, le projet Debian pourra toujours fonctionner pendant un moment même sans DPL, bien que divers aspects des activités du projet puissent ralentir et se compliquer si la situation actuelle venait à persister.
On peut toutefois se demander pourquoi personne ne semble vouloir diriger ce projet. Le fait qu’il s’agisse d’un poste non rémunéré exigeant beaucoup de temps et de déplacements peut y être pour quelque chose. Si cela devait effectivement s’avérer être une partie du problème, Debian pourrait éventuellement devoir envisager de faire ce que plusieurs organisations similaires ont fait et créer un poste avec rémunération pour ce travail.
Source : LWN
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