John Rockefeller devient le «Roi du pétrole» : sa fortune atteint 150 millions de dollars de l’époque[*] et son revenu est 20 000 fois plus élevé que le salaire moyen d’un Américain.
Cette position exceptionnelle va se retourner contre lui. Si les Etats-Unis adulent et respectent la figure de l’entrepreneur, surtout s’il est parti de rien, en revanche, la concentration des affaires suscite une forte inquiétude, voire une franche hostilité. Pour l’opinion publique, la domination du marché par quelques groupes géants va à l’encontre de la liberté d’entreprendre. Le « trust» apparaît comme protecteur d’intérêts privés étroits opposés au bien public. Les politiques eux-mêmes mènent la charge, à l’instar du président des Etats-Unis, Theodore Roosevelt, qui, dès 1901, fait de Rockefeller une de ses cibles favorites. C’est ainsi qu’un procès, aussi long que retentissant, oppose le pouvoir fédéral à la Standard Oil, jusqu’à ce que la Cour suprême ordonne, en 1911, la dissolution de la fi rme, laquelle doit alors céder le contrôle de ses 33 filiales. La dislocation de l’empire donne naissance à des entreprises indépendantes : Amoco, Chevron, Mobil, Esso… Forcé d’abandonner son bien en revendant la totalité de ses actions, Rockefeller devient le premier milliardaire américain et l’homme le plus riche du monde.
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