Disney aurait retiré les fonds alloués pour la publicité sur YouTube,
suite à une controverse liée à l'exploitation des enfants
Walt Disney Co. aurait retiré les fonds alloués pour la publicité sur YouTube, rejoignant d'autres sociétés telles que Epic Game (le développeur de Fortnite) mais aussi Nestlé SA et Dr. August Oetker KG, après qu'un blogueur ait expliqué comment les commentaires sur le site vidéo de Google étaient utilisés pour faciliter la création d'un « réseau de pédophilie à noyau mou ». Certaines des vidéos impliquées voyaient s’afficher des annonces placées par Disney et Nestlé.
En effet, dimanche dernier, un YouTuber du nom de Matt Watson a publié un clip de 20 minutes expliquant comment les commentaires sur YouTube ont été utilisés pour identifier certaines vidéos dans lesquelles des jeunes filles participaient à des activités pouvant être interprétées comme sexuellement suggestives, telles que poser devant un miroir. et faire de la gymnastique. La vidéo de Watson montre comment, si les utilisateurs cliquent sur l’une des vidéos, les algorithmes de YouTube en recommandent des similaires. À l’heure actuelle, la vidéo de Watson a été visionnée plus de 1,8 million de fois.
« Tout contenu - y compris les commentaires - mettant en danger les mineurs est odieux et nous avons des politiques claires l'interdisant sur YouTube. Nous avons pris des mesures immédiates en supprimant des comptes et des chaînes, en signalant toute activité illégale aux autorités et en désactivant les commentaires violents », a déclaré une porte-parole de YouTube.
Le total des dépenses publicitaires pour les vidéos mentionnées a été inférieur à 8 000 USD au cours des 60 derniers jours, et les remboursements sont prévus par YouTube, a déclaré la porte-parole.
YouTube a déjà eu des précédents
Rappelons que vendredi 17 mars 2017, la filiale britannique du groupe publicitaire français Havas, sixième groupe publicitaire mondial, a annoncé qu'elle retirait ses publicités de Google et YouTube au Royaume-Uni à l’issue d’une polémique sur des bannières et vidéos publicitaires placées dans des contenus inappropriés ou choquants.
Havas UK, qui dépense environ 500 millions de £ par an sur toutes les formes de publicité, compte parmi ses clients Dominos, Emirates et la BBC. La filiale britannique a expliqué que la liste noire s'applique aussi bien à la publicité YouTube qu’à tout affichage numérique sur le réseau de Google. « Nous avons le devoir d'assurer à nos clients que leurs marques sont placées sur le marché britannique dans le bon contexte et qu'ils puissent être certains que cet environnement est sûr et régulé », a expliqué Paul Frampton, responsable de Havas au Royaume-Uni dans une interview accordée au quotidien britannique The Guardian.
« Notre position restera inchangée tant que nous n'aurons pas confiance dans la capacité de la plateforme YouTube et de Google Display Network d'offrir des standards que nous et nos clients sommes en droit d'attendre », a-t-il continué.
Cependant, quelques heures plus tard, la maison mère à Paris est revenue sur cette décision par le biais de son PDG, Yannick Bolloré : « cette décision ne correspond pas du tout à la position du groupe », s’est-il défendu. Rappelant que Havas a un « partenariat très fort avec Google », le PDG a assuré ne pas avoir été tenu au courant de cette décision. « À titre personnel, je trouve ça très bien de proposer aux clients au cas par cas » de retirer des publicités, « mais je trouve ça un peu extrême de le faire à leur place », a-t-il poursuivi. Selon lui, le groupe va mener une enquête « pour essayer de comprendre ce qui s’est passé dans notre filiale UK ».
« La décision de notre équipe britannique de faire une pause dans les activités avec notre partenaire Google est une initiative temporaire prise par notre équipe locale pour le compte de nos clients britanniques et de leurs besoins spécifiques », a précisé dans la soirée le groupe dans une déclaration transmise à Reuters.
Il faut noter que la même année, plusieurs grands annonceurs ont retiré leurs dépenses de YouTube après la diffusion d'annonces à côté de contenus extrémistes et violents. Le journal The Guardian ainsi que Channel 4 et la BBC ont également annoncé qu'ils retiraient leurs publicités de YouTube et Google. Des publicités pour le Guardian avaient été placées sur des contenus extrémistes comme des vidéos d'Américains suprématistes ou d'un prêcheur islamiste controversé, a indiqué le journal en annonçant sa décision sur son site.
YouTube a également été critiqué pour avoir hébergé des vidéos inappropriées destinées aux enfants. Google a pris plusieurs mesures au cours des deux dernières années pour rassurer les annonceurs sur le problème. De nombreuses marques qui ont boycotté YouTube, notamment Procter & Gamble Co. et AT & T Inc., ont depuis lors repris l’achat d’annonces sur le site.
YouTube met à jour sa politique
Mardi, YouTube a publié une mise à jour de sa politique sur la manière dont elle gérera le contenu qui « dépasse les limites » de la pertinence. Dans la section Sécurité des enfants, YouTube explique que
La filiale d’Alphabet, entreprise parent de Google, demande de ne pas publier du contenu s’il correspond à l’une des descriptions ci-dessous :Envoyé par YouTube
- Sexualisation des mineurs : contenu à caractère sexuel explicite mettant en scène des mineurs et contenu exploitant sexuellement des mineurs. Nous signalons tout contenu comportant des images d'abus sexuel sur des mineurs/enfants au National Center for Missing and Exploited Children, qui travaille avec des organismes internationaux chargés de l'application des lois.
- Actes dangereux ou pernicieux impliquant des mineurs : contenu montrant un mineur participant à des activités dangereuses, ou encourageant les mineurs à se livrer à de telles activités. Ne mettez jamais les mineurs dans des situations risquées pouvant entraîner des blessures, comme des cascades, des défis ou des canulars dangereux.
- Infliction de détresse émotionnelle à des mineurs : contenu susceptible de provoquer une détresse émotionnelle chez les participants ou spectateurs mineurs (par exemple, contenu qui aborde des thèmes réservés aux adultes, qui simule une maltraitance parentale, qui contraint des mineurs ou qui montre des scènes violentes).
- Contenu familial trompeur : contenu qui induit en erreur les spectateurs en se faisant passer pour du contenu familial, mais aborde en réalité des thèmes sexuels, violents, obscènes ou d'autres thèmes réservés aux adultes et inadaptés à un jeune public.
- Cyberintimidation et harcèlement impliquant des mineurs : contenu qui cible des individus dans le but de les maltraiter ou de les humilier, qui divulgue des informations personnelles telles que des adresses e-mail ou des numéros de compte bancaire, qui enregistre quelqu'un sans son consentement, qui harcèle sexuellement, ou qui encourage des tiers à intimider ou harceler.
Sources : blog YouTube, Bloomberg
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