Atos est-il un acteur de la fuite des talents IT de l'Afrique vers la France ?
Oui, selon les autorités marocaines
C’est une annonce de la multinationale Atos sur un site de recrutement marocain qui a déclenché le débat depuis ce 30 janvier. Atos se serait ainsi retrouvé au centre d’une polémique selon laquelle il organisait la fuite de talents africains dans le domaine IT hors du continent, notamment vers la France. Le site d’emploi Jeune Afrique qui rapport l’événement ce 15 février, écrit que cette situation aurait mis en rogne les autorités marocaines. En effet, la multinationale a publié sur un site de recrutement marocain, Rekrute.com, une offre selon laquelle l’entreprise serait à la recherche de 200 profils expérimentés pour des contrats à durée indéterminée en France.
« La France vous ouvre ses portes. Nouvelle année, nouveau job ! Vous avez pris la résolution de booster votre carrière et de découvrir de nouveaux horizons en 2019 ? Ingénieurs, développeurs et chefs de projets expérimentés, Atos vous propose de participer à notre journée de recrutement … Nous vous offrons l’occasion de partir dès demain avec votre contrat en France… », avait annoncé Atos dans son offre. Le recrutement qui devait normalement comporter une séance d’orientation pour les éventuels candidats a tout de suite été annulé puisqu’il a été fustigé et dénoncé de toute part par certaines personnalités du pays comme Ismaïl Douiri, CEO de Attijariwafa Bank.
En réponse directe à ce que propose Atos aux développeurs et ingénieurs du royaume chérifien, voici ce qu’il écrit : « Est-ce comme cela que le codéveloppement appelé des vœux des dirigeants de part et d'autre de la Méditerranée va se réaliser ? Pour ma part, j'en doute et je déplore cette approche court-termisme de la part d'un grand acteur de l'IT au Maroc ». D’autres témoignages parlent de la très bonne qualité de la main-d’œuvre marocaine. Une raison pour laquelle ce genre d’entreprises basées au Maroc et dans quelques autres pays du continent se cachent derrière des avantages de travail pour faire sortir les talents hors de leur pays et souvent loin de leur famille également.
Selon ce que certains d’entre eux disent, avant leurs installations, ces entreprises signent des accords d'implantation dans le pays concerné en contrepartie du recrutement de la main-d’œuvre locale et des accords d’investissement. Seulement, constat fait, estiment-ils, ces choses-là ne sont pas respectées. Atos a vite fait de retirer son offre et a expliqué qu’il s’agissait d’une erreur d’appréciation du management. Toujours pour se justifier, l’entreprise a décrit que cette initiative locale et isolée allait à l’encontre de la politique de recrutement du groupe. Francis Meston, directeur général en charge de la région Afrique Moyen-Orient et Turquie chez Atos a lui aussi, expliqué que la stratégie de la firme est de recruter pour l’Afrique et de relocaliser les diasporas.
Néanmoins, malgré ces explications du groupe Atos, les critiques n’ont pas cessé pour autant. Un concurrent direct d'Atos au Maroc, annonce le journal, s’est également prononcé sur le sujet. « On a toujours constaté ces pratiques, mais venant d’Atos c’était étonnant. Il y a deux ans, j’étais parmi les premiers à tirer la sonnette d’alarme concernant la chasse de tête de Marocains pour l’Europe », a expliqué Saloua Karkri-Belkeziz, présidente de GFI Afrique. Cependant, se penchant sur la politique de fonctionnement chez Atos, Francis Meston semble indiquer que la mobilité au sein du groupe est inévitable. D’après ce qu’a écrit Jeune Afrique, le groupe emploie plus de 2500 personnes dans onze implantations et pratique partout une politique de mobilité professionnelle.
Cet état de choses amène, explique le journal, les cadres à partir travailler en dehors de leur pays et ceci, plus ou moins temporairement. Cela dit, un autre internaute a écrit dans un commentaire que cette pratique n’est pas toutes les fois la faute des multinationales. Ce qu’il dit c’est que ces entreprises ont trouvé une faille chez les Africains qu'ils ont su exploiter. Il cite : le manque d’une bonne qualité d’éducation pour les enfants de ces travailleurs, de meilleurs soins de santé, etc.
Source : Jeune Afrique
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