Les jeunes qui jouent à des jeux vidéo ont de meilleures capacités de raisonnement moral
Que les jeunes non-joueurs, selon une étude
Les jeux vidéo représentent une forme extraordinaire de divertissement, surtout pour les plus jeunes qui y consacrent beaucoup de temps. Avec l’augmentation du réalisme des jeux vidéo avec la technique de la réalité augmentée, ces divertissements attirent davantage de fans, y compris les personnes moins jeunes. Ces jeux vidéo se distinguent les uns des autres par la mise en scène d’une variété de concepts et d’expériences. Ce sont ces concepts et expériences, susceptibles d’influencer le comportement des joueurs qui font l’objet de la curiosité des chercheurs qui y consacrent, depuis des années, plusieurs études dont les résultats divergent d’un rapport à l’autre.
Bien qu’étant une manière de se diverti, l’addiction aux jeux vidéo a été classée comme une pathologie par l’OMS dans la dernière version de son manuel de classification des maladies. Toutefois, des experts qui n’étaient pas du même avis de l’organisme ont déclaré que la décision de classer la dépendance au jeu en tant que trouble mental était « prématurée » et fondée sur une « panique morale ». En effet, Plusieurs cas, y compris le cas de 2015 où un jeune Chinois s’est tranché la main pour en finir avec son addiction à internet, ou encore le cas de 2010 où un jeune sud-coréen de 32 ans a trouvé la mort après avoir joué sur internet environ cinq jours sans presque s’arrêter, ont certainement poussé l’OMS à plancher sur ce problème et décider de classer l’addiction aux jeux vidéo comme une pathologie au même titre que l’addiction à la cocaïne ou aux jeux d’argent.
En 2015, l’Association américaine de psychologie a également informé que plusieurs études ont établi un lien entre la violence dans les jeux vidéo et le comportement agressif des joueurs, toutefois, plusieurs critiques ont encore remis en cause ce constat. L’an dernier, suite à des tueries dans les écoles, Donald Trump a accusé les jeux vidéo violents d’être à la base, à l'occasion de sa rencontre avec l'industrie. Toutefois, l’industrie a convaincu, sur la base de nombreuses études, qu’il n’y a pas de corrélation entre les jeux vidéo et la violence.
Plusieurs autres études ont montré cette absence de corrélation entre jeux vidéo et comportement violent. C’est le cas d’une étude publiée en janvier 2018 par des chercheurs de l’université de York, selon laquelle en s’exposant à la violence dans un jeu vidéo, le joueur ne serait pas susceptible d’être plus violent dans la vie réelle. Une autre étude publiée par des chercheurs de l'Université des sciences et technologies électroniques de la Chine et de l'Université de Macquarie, en Australie a montré une corrélation positive entre le fait de jouer à des jeux vidéo d'action et l'augmentation du volume de matière grise dans le cerveau, ainsi que l'amélioration de la connectivité fonctionnelle du cerveau.
Une nouvelle étude dont le rapport a été publié dans la revue Frontiers in Psychology, montre également une corrélation positive. Selon l’étude, les jeunes qui jouent à des jeux vidéo, y compris des titres violents, font preuve d'un raisonnement moral plus développé que leurs pairs non-joueurs. L’étude a été menée par des chercheurs de l'Université de Bournemouth. Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs ont interrogé 166 adolescents âgés de 11 à 18 ans sur leurs habitudes de jeu vidéo et sur des questions conçues pour mesurer leur développement moral – le processus de réflexion qui permet de déterminer ce qui est bien ou mal.
Les enfants et les adolescents qui ont dit qu'ils jouaient davantage à des jeux vidéo d'une grande variété de genres avaient augmenté leurs scores de raisonnement moral, y compris les titres à contenu violent. Selon le rapport, les jeux violents ont une relation positive avec le raisonnement moral, tandis que le contenu mature est plus susceptible de produire une relation négative.
Les chercheurs ont considéré les franchises Grand Theft Auto et Call of Duty comme des exemples de titres liés à des scores moraux plus faibles, ainsi que des variables comme la durée des jeux, le nombre d'années passées à jouer, le niveau d'engagement et le récit moral dans un jeu.
Selon les chercheurs, les participants masculins ont obtenu des scores de raisonnement moral significativement plus élevés que leurs homologues féminins, contredisant les résultats antérieurs. Les filles ont également connu des niveaux plus élevés de stress pendant qu'elles jouaient. Bien que la majorité des élèves aient joué à une forme ou une autre de jeu vidéo, les garçons ont joué plus longtemps et étaient plus susceptibles que les filles de jouer à des jeux dont les titres étaient mieux notés et plus violents.
Selon le rapport, plusieurs explications pour les scores moraux plus élevés ont été suggérées, y compris que le raisonnement moral développé pourrait être soutenu par une plus grande compétence à se désengager moralement du sujet, par exemple la capacité de considérer le jeu comme « juste un jeu ».
Une autre raison est que les jeux vidéo peuvent encourager le travail d'équipe, et que le travail au sein des communautés dans le jeu pourrait stimuler un raisonnement moral supérieur en favorisant la prise en compte des implications sociétales. Les résultats de l'enquête suggèrent également une transition dans le développement moral entre 12 et 14 ans, avec seulement 31,6 % des participants démontrant ce que les chercheurs ont qualifié de moralité mature.
Selon le Dr Sarah Hodge, conférencière en psychologie à l'Université de Bournemouth et l'un des principaux auteurs de l'étude, bien que de nombreuses recherches aient été menées sur les jeux vidéo violents, les effets cognitifs de ces jeux n'étaient pas encore clairs. « Nous avons constaté que ceux qui jouent à des jeux avaient un raisonnement moral plus élevé que ceux qui ne jouaient pas, de sorte qu'il pourrait s'agir en fait d'une moralité potentiellement engageante », a-t-elle dit.
« Les impacts positifs auraient pu provenir des types de jeux joués. J'utilise l'exemple d'un gameplay équilibré comme un régime alimentaire équilibré pour m'assurer qu'il y a beaucoup de variété dans le jeu, et pas seulement des « shoot'em ups » violents. », a-t-elle ajouté.
Le rapport a mentionné qu’une étude menée en mars de l'année dernière avait révélé que le fait de jouer quotidiennement à des jeux violents n'avait aucun effet à long terme sur l'agressivité chez les adultes. D'autres études récentes ont affirmé que la dépendance aux jeux vidéo peut contribuer à la dépression, à l'anxiété et au manque d'estime de soi chez les joueurs, les affectant psychologiquement et physiquement, le rapport a-t-il indiqué.
Cette dernière étude des chercheurs de l'Université de Bournemouth a souligné l'importance de prendre en considération le contenu moral d'un jeu et de ne pas considérer la violence seule comme un facteur potentiellement dommageable.
Source : Rapport
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