La France dévoile son plan sur l'Intelligence artificielle pour 665 millions d'euros,
quelles en sont les grandes lignes ?
La ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche Frédérique Vidal et le secrétaire d'Etat au numérique Mounir Mahjoubi ont présenté à Toulouse mercredi après-midi les grandes orientations du plan intelligence artificielle qui s'appuient sur le rapport Villani qui a été présenté en mars 2018. Cédric Villani annonçait son ambition de faire de la France une championne mondial du secteur.
« L’ambition de la France est claire, il s’agit de faire en sorte, avec l’Allemagne que l’Union européenne soit capable de rivaliser avec la Chine et les États-Unis » en matière d’intelligence artificielle, explique-t-on au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Ce plan, qui prévoit un effort budgétaire d'un montant total de 665 millions d'euros jusqu’en 2022, sera financé à 60% par des fonds ministériels, le reste proviendra de fonds issus du programme d’investissements à venir (PIA).
L’Etat va consacrer 200 millions d’euros aux «3IA», des centres interdisciplinaires appelés à devenir les vaisseaux amiraux de la recherche française en intelligence artificielle. Quatre pôles régionaux regroupant écoles, universités, centres de recherche publics et privés ainsi que des grandes entreprises et des start-up ont été retenus pour bénéficier de ce label «3IA» : Paris avec son projet «Prairie», Toulouse («Aniti»), Grenoble («MIAI@Grenoble-Alpes») et Nice («3IA Côte d’Azur»). Les champs d’activité de ces 3IA concernent la santé, présente dans les quatre projets, l’environnement (Grenoble, Paris et Toulouse), les transports (Paris et Toulouse), le développement des territoires (Nice) et enfin l’énergie (Grenoble).
Ils sauront au début du printemps 2019 si le label «3IA», et les financements qui vont avec, leur ont été accordés, précise le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Les 3IA ayant vocation à rapprocher recherche publique et privée, une centaine de millions d'euros supplémentaires viendront des entreprises.
Au total et en incluant les apports du secteur privé, environ 300 millions d’euros seront investis dans leurs actions allant de programmes d’enseignement et de recherche à des approches plus grand public afin de sensibiliser les étudiants et les citoyens en général aux enjeux de l’IA.
Autre annonce attendue, l’exécutif va augmenter les financements de doctorants en intelligence artificielle, avec l’objectif à terme, de doubler leur nombre en permettant aux chercheurs de consacrer jusqu’à 50% à des activités en entreprise contre 20% précédemment. « Nous avons à peu près 250 doctorats en IA soutenus par an, l’objectif est de passer à 500 », indique Frédérique Vidal. Le gouvernement prévoit aussi la création de 200 chaires qui pourront accueillir des candidats français comme étrangers. Le budget alloué aux chaires et aux doctorats doit s’élever environ à 70 millions d’euros.
Une enveloppe de 115 millions d'euros permettra d'investir dans les supercalculateurs surpuissants. Le laboratoire Idris du CNRS à Saclay en région parisienne verra ainsi entrer en fonction d’ici 2020 un nouveau superordinateur, dont une partie des capacités sera réservée à l'intelligence artificielle. La machine aura au total une capacité de calcul de 10 petaflops (soit 10 millions de milliards d'opérations par seconde).
Le plan comprend enfin 115 millions pour les coopérations, notamment avec l’Allemagne qui présentera prochainement son plan IA, et 100 millions d’euros pour les « Grands défis » autour de programmes de recherche ciblés. Ces projets de rupture seront financés par le Fonds pour l’innovation et l’industrie (FII), doté à terme de 10 milliards d’euros issus des cessions d’actifs publics dans Engie, la Française des jeux et Aéroports de Paris qui vont être privatisés. Les deux premiers défis sélectionnés portent sur l’amélioration des diagnostics médicaux grâce à l’IA et la certification de ses algorithmes.
Facebook contribue à hauteur de cinq millions d’euros
Le réseau social dirigé de Mark Zuckerberg contribue d'ailleurs à hauteur de 5 millions d'euros au plan annoncé mercredi par Vidal et Mahjoubi. Un don de 2 millions d'euros du géant américain va permettre de financer un projet de constitution de jeux de données autour du développement durable (évolution de la destination des sols, stress hydrique, changement climatique...) Facebook va également apporter 3 millions de dollars pour le renforcement de la puissance de calcul française en intelligence artificielle.
La santé ciblée
Dans une interview aux Echos, mercredi, Frédérique Vidal a expliqué que la France voulait faire partie des précurseurs dans certains domaines d'application de l'intelligence artificielle comme la santé et le transport, pour acquérir une position centrale. « La France peut se positionner comme un acteur majeur dans les domaines où nous avons une certaine avance, à commencer par exemple par la santé: nous sommes l'un des pays au monde qui a les plus grandes bases de données, du fait de notre système centralisé », a indiqué la ministre de l'Enseignement supérieur.
« Nous avons également, au travers de Galileo (le système européen de géolocalisation par satellites) des infrastructures et des données de navigation par satellite au meilleur niveau mondial », a-t-elle ajouté.
Source : entretien avec le gouvernement
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