« Enlevez le nom de Zuckerberg de l'hôpital de notre ville », assène un politicien de San Francisco
qui voudrait prendre ses distances de Facebook

Tandis que la réputation de Zuckerberg est entachée par une série de scandales apparemment sans fin et qui éclaboussent Facebook, certains destinataires des largesses du milliardaire commencent à s'inquiéter de ce que signifie être financé par Facebook.

Mardi, le superviseur de San Francisco, Aaron Peskin, a annoncé lors d’une réunion du conseil de surveillance qu’il avait demandé au procureur de la ville de commencer à rédiger un projet de loi visant à supprimer le nom de Zuckerberg de ce qui est maintenant appelé Priscilla Chan et Mark Zuckerberg.

Le changement de nom de l’hôpital où Chan a été formé en tant que pédiatre fait suite au don de 75 millions de dollars du couple en 2015, qui a été salué comme « le plus important cadeau privé d’individus à un hôpital public aux États-Unis ». La même année, à l'occasion de la naissance de son premier enfant, Zuckerberg a annoncé son intention de céder 99% de ses parts sur Facebook (évaluées à l'époque à 45 milliards de dollars) par l'intermédiaire d'une nouvelle organisation, la Chan Zuckerberg Initiative (CZI).

« Compte tenu des scandales persistants dans lesquels Facebook a été impliqué, y compris le dernier comportement horrible de l’entreprise qui a adopté une attitude antisémite avec George Soros, il est indigne d’avoir le nom de Mark Zuckerberg à l’hôpital », a déclaré Peskin au Guardian par téléphone.

Peskin cherche également à réformer le processus par lequel San Francisco a cédé les droits de dénomination à une institution publique. Le changement de nom de « The General » était controversé lors de son annonce, mais il a été approuvé à l'unanimité par le conseil des autorités de surveillance de l'époque.

« Il n'est pas normal que cette ville attribue un prix à l'image de marque d'institutions et d'espaces qui appartiennent fondamentalement à ses citoyens », a-t-il déclaré mardi, soulignant que la contribution de Zuckerberg à la rénovation de l'hôpital public était inférieure à 10% de la contribution de la population de la ville, qui a voté en faveur d'une mesure obligataire de près de 900 millions de dollars pour financer le projet en 2008.

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Le nom de Zuckerberg ne sera pas retiré du bâtiment de si tôt : l’annonce de Peskin n’est que la première étape d’un processus très incertain. Le bureau du procureur de la ville a refusé de commenter quand il lui a été demandé ce qui serait nécessaire pour effectuer le changement, citant le privilège avocat / client, mais le personnel de Peskin a déclaré qu’il s’est renseigné auprès du procureur notamment pour savoir entre autre si la ville devrait rendre le cadeau de Zuckerberg, ou si les droits de dénomination pouvaient être révoqués sur la base « d'une certaine trahison de la confiance du public ».

Cette démarche de Peskin a été saluée par au moins un employé de l’hôpital. Sasha Cuttler, une infirmière, manifeste depuis longtemps son indignation face au nom de l'hôpital qui est dû à la société fondatrice d'une entreprise qui s'est lancée dans une étude de l'humeur de ses utilisateurs, sans obtenir au préalable « son consentement éclairé ».

L’expérience de Facebook sur la contagion émotionnelle

Pour rappel, pendant la semaine du 11 au 18 janvier 2012, Facebook avait mené une expérimentation sur un échantillon de 700 000 de ses abonnés pour déterminer comment les émotions auxquelles les utilisateurs sont confrontés influent sur leur humeur.

Le réseau social en a publié les résultats dans un article paru le 17 juin 2014 dans une revue scientifique américaine de l’Académie nationale des sciences (PNAS). « Les états émotionnels sont communicatifs et peuvent se transmettre par un phénomène de contagion, conduisant les autres personnes à ressentir les mêmes émotions sans en être conscientes. », expliquait le rapport en donnant des détails sur la procédure qui a été suivie pour pouvoir observer les résultats. En clair, les utilisateurs ciblés commençaient à utiliser davantage de mots négatifs ou positifs en fonction des contenus auxquels ils avaient été « exposés ». C’est pourquoi le rapport a précisé que « cette étude révèle également que, contrairement à des conclusions précédentes, les interactions en chair et en os et les signaux non-verbaux ne sont pas nécessaires à la contagion émotionnelle, et que l’observation des expériences positives de tiers constitue en elle-même une expérience positive ».

D’autres recherches se sont déjà intéressées à ce phénomène. Cependant, même si les conclusions de Facebook étaient intéressantes, la méthode employée par le réseau social lui a été vivement reprochée. Les internautes ont crié à la manipulation mentale.

Dans un premier temps Facebook s’est réfugié derrière une clause de sa « Politique d’utilisation des données », qui lui réserve le droit d’utiliser les informations obtenues de ses abonnés pour effectuer des tests, recherches et améliorations de ses services. Puis l’un des chargés de l’étude s’est excusé dans un billet blog, tout en tentant d’expliquer au public la raison pour laquelle l’étude avait été faite, afin de le rassurer

« C’est vraiment des personnes les plus vulnérables dont nous nous occupons à San Francisco General, et rebaptiser l’hôpital du nom d’une personne qui ne se soucie absolument pas de l’éthique dans la recherche a toujours été une monstruosité », a déclaré Cuttler. « Mark Zuckerberg a continué d’aller vite et de casser des choses sur son passage, mais nous commençons à réparer les dégâts, et ce sera un bon début pour cela ».

Source : The Guardian

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