Des scientifiques cherchent à éprouver la théorie de la simulation soutenue par Elon Musk
Qui suggère qu’on vit dans une matrice
Elon Musk a souvent évoqué « l’idée farfelue » selon laquelle l’existence telle que nous la concevons et tout ce qu’elle comporte (planètes, êtres vivants, sensations, activités, éléments…), ou du moins la perception que nous avons de cette existence, ne serait le reflet d’aucune réalité physique. Il suggère que tout ce que croyons être vrai ne serait en fait que le résultat d’une simulation informatique dans laquelle nous évoluons : « Il y a une chance sur un milliard que nous vivions dans la réalité ».
Cette idée rejoint la théorie qui voudrait que notre expérience de la réalité soit en fait une simulation informatique incroyablement sophistiquée mise en œuvre par une intelligence supérieure et prenant place dans une autre réalité. La « réalité alternative » dans laquelle nous évoluons serait comparable à celle décrite dans le film culte « la Matrice ».
Ce sujet qui tient tant à cœur au PDG de Tesla et SpaceX n’intéresse pas seulement les cinéastes ou les philanthropes. Il passionne aussi de nombreux chercheurs qui le reconnaissent comme la théorie de la simulation parmi lesquels Scott Aaronson, chercheur en informatique à l’Université du Texas à Austin, Thomas Campbell, ingénieur à la NASA, Nick Bostrom, philosophe à l’université d’Oxford ainsi que l’astrophysicien Neil deGrasse Tyson.
« S’il y a d’anciennes civilisations très avancées technologiquement dans l’univers qui effectuent des simulations informatiques, il doit y avoir un grand nombre de réalités simulées avec des habitants à intelligence artificielle qui n’ont probablement pas conscience qu’ils vivent dans un jeu, des habitants comme nous, peut-être », a déclaré Bostrom. Ces êtres pourraient croire qu’ils sont réels, alors qu’en réalité ils n’auraient aucune forme physique, puisque n’existant que dans la simulation.
Bon nombre de ces scientifiques cherchent actuellement à éprouver cette hypothèse dans l’espoir de démêler le vrai du faux et, pourquoi pas, de percer enfin le mystère de nos origines et de notre rôle. Nul doute que dans le cas présent, les expériences qui permettraient de distinguer la réalité physique d’une simulation sont les mieux indiquées pour nous permettre d’y voir plus clair.
Certains scientifiques ont décidé de s’attaquer à ce problème en recherchant les imperfections du système. Comme Aaronson l’a dit lui-même : « S’il y avait des bogues dans le programme régissant notre univers, comme dans les films Matrix, ceux-ci pourraient indubitablement avoir des effets observables, tout comme Dieu apparaissant dans un nuage orageux pourrait être une assez bonne preuve empirique en faveur de la religion ». Mais de tels bogues dans notre matrice devraient être extrêmement subtils, sinon nous les aurions déjà remarqués depuis le temps.
Silas Beane, physicien nucléaire à l’Université de Washington à Seattle, estime que pour parvenir à déceler les éventuelles failles du système [réalité simulée] dans lequel l’humanité est enfermée, il faudrait commencer par déterminer la structure mathématique qui a été utilisée pour le construire, en supposant que les concepteurs de notre réalité simulée (si elle existe) ont utilisé des méthodes de calcul similaires aux nôtres. Si tel était le cas, aucun détail dans notre univers simulé ne pourrait être plus petit que la résolution de la simulation, soutient-il. Et même si la résolution limite est trop petite pour que nous puissions l’observer directement, il pense qu’il serait éventuellement possible de la détecter expérimentalement.
Un autre moyen pour détecter les imperfections de la simulation serait de regarder vers l’intérieur plutôt que vers l’extérieur du système. Dans un essai récemment proposé, Campbell souligne que les concepteurs humains de jeux vidéo maximisent généralement l’efficacité de leur développement en ne générant que les parties du monde virtuel que les joueurs peuvent voir. En supposant que les architectes de notre matrice sont également axés sur l’efficacité, ils devraient être minutieux sur la simulation des détails lorsque nous regardons un évènement, mais permettre un style plus souple de simulation quand ils pensent que personne ne regarde.
Suivant cette logique, Campbell se concentre sur les expériences de physique quantique subtile, où les lacunes dans la simulation pourraient être les plus évidentes. Il a donc conçu plusieurs dispositifs optiques expérimentaux qui pourraient propulser un faisceau laser à travers une séquence élaborée de fentes, de miroirs et de détecteurs afin que les photons du faisceau laser puissent emprunter des chemins différents, selon qu’ils se comportent comme des ondes ou comme des particules.
Si la réalité est rendue au moment où nous regardons, théorise Campbell, son expérience pourrait donner des résultats normalement considérés comme impossibles, comme celui de pouvoir prédire si un photon individuel passe à travers ou rebondit lorsqu’il frappe un miroir à demi réfléchissant, ce qui « représenterait un indicateur sans équivoque que notre réalité doit être simulée », confie Campbell.
En prime, Campbell affirme que l’expérience pourrait aussi expliquer la manière étrange dont les évènements en physique quantique semblent être influencés par l’observateur : il pourrait s’agir d’un phénomène étrange lié à la simulation dans laquelle nous vivons et non d’un aspect fondamental de la réalité.
Marcus Nowack, un physicien informaticien au Lawrence Berkeley National Lab et passionné par la théorie de la simulation, estime que les voies abordées par Campbell ou Beane comportent trop de zones d’ombres et qu’il est impossible de vérifier la théorie de la simulation dans son ensemble. Il suggère plutôt d’explorer une « partie limitée » des notions qui traitent du fonctionnement supposé de la simulation et d’espérer que les concepteurs sont trop paresseux ou trop indifférents pour nous empêcher de découvrir leur travail.
Nous ne savons pas encore si nous vivons dans une simulation, mais le simple fait de savoir que nous pourrions être dans une simulation n’est pas plus réjouissant. En attendant, les progrès rapides de la recherche sur l’intelligence artificielle et la modélisation informatique supposent qu’un jour les humains seront en mesure de créer leurs propres simulations hyperréalistes contenant des êtres numériques conscients d’eux-mêmes.
Cette possibilité à la fois inspirante et déconcertante amènera néanmoins une nouvelle série de questions : si un monde simulé est capable d’en créer un autre, comment savoir à quel stade de la simulation d’origine l’humanité se trouve ? Ces simulations dans la simulation engendreront-elles d’autres simulations ou boucleront-elles la boucle ?
Source : NBC News
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