Les étudiants peuvent régler l'addition avec leurs données personnelles dans les SHIRU CAFE
Ils n’ont pas besoin d'argent pour s’offrir un café
ENRISSION Inc. est une entreprise fondée en 2013 et basée à Kyoto, au Japon, qui gère des salons de café, à l’apparence ordinaire. « SHIRU CAFE » est la dénomination commerciale des salons de café de cette entreprise qui a débuté ses activités en Inde et au Japon avant d’exporter son concept dans d’autres pays du globe, notamment aux États-Unis.
Les « SHIRU CAFE » jouxtent habituellement les zones proches des universités. Ils ont la particularité de ne servir que des étudiants ou les membres du corps enseignant et d’accepter d’être parrainés par des entreprises. Le parrainage permet aux entreprises de faire de la publicité sur les tasses à café, les écrans numériques installés dans le café et sur le site Web du café. Il permet aussi à ces sponsors de rencontrer ou d’interagir avec les étudiants en personne dans ces cafés et d’y mener des activités de recrutement. Signalons au passage que les SHIRU CAFE sont soutenus par une centaine d’entreprises, dont Microsoft et PricewaterhouseCoopers (PwC).
Dans les SHIRU CAFE, les enseignants doivent normalement payer pour s’offrir un café, alors que des cafés « gratuits » sont servis aux étudiants en échange de certaines de leurs informations personnelles : nom, date de naissance, numéro de téléphone, adresse mail et filières d’étude. Il leur est également demandé de préciser leurs centres d’intérêt professionnels, en inscrivant toutes les informations sur un formulaire en ligne. De cette manière, les étudiants peuvent recevoir des informations émanant directement des sponsors du SHIRU CAFE qui paient pour le café « gratuit ».
« Il y a des personnes qui se présentent à nous, mais qui sont un peu confuses et décontenancées lorsque nous leur annonçons que nous ne pouvons pas leur vendre de café », a confié Sarah Ferris, directrice adjointe d’un SHIRU CAFE installé à Providence, R.I., près de l’Université Brown aux États-Unis. Le site de Providence abrite le seul SHIRU CAFE actuellement en activité aux États-Unis, mais l’entreprise espère ouvrir d’autres salons de café près d’Amherst College, Harvard, Yale et Princeton.
Évoquant sur son site Web la mission et la philosophie de ses « SHIRU CAFE », l’entreprise explique : « À travers une boisson gratuite, nous essayons de communiquer aux étudiants des informations que l’entreprise sponsor aimerait transmettre exclusivement aux étudiants afin de leur permettre de diversifier leurs choix de carrière future ». Elle précise, en outre, disposer d’un « personnel spécialement formé » pour fournir aux étudiants des informations supplémentaires sur ses sponsors « pendant qu’ils apprécient leur café ».
Même si la politique « du café gratuit en échange des données personnelles » menées par les SHIRU CAFE peut sembler invasive, Ferris a déclaré que les étudiants ne semblent pas s’en soucier et ne pense pas avoir vu un seul étudiant s’opposer à cette offre. ENRISSION ne vendrait ces données à des entreprises tierces et ne fournirait pas non plus de données spécifiques sur les étudiants, mis à part quelques données générales et globales comme le nombre d’étudiants dans telle ou telle filière ou le nombre d’années d’études prévu. Les données collectées pourraient aussi aider l’entreprise à cibler ses futurs sponsors.
D’après certains étudiants, les données recueillies par les SHIRU CAFE, bien que personnelles, ne sont pas sensibles. Elles sont facilement accessibles sur LinkedIn ou d’autres sites Web grâce à une simple recherche sur Internet. D’autres estiment que cette pratique pourrait déboucher sur une controverse plus tard même si pour l’instant cette initiative semble profiter aux étudiants et à la construction de leur plan de carrière.
Mais, comme l’a rappelé Nicholas Tella, directeur de la sécurité de l’information chez Johnson & Wales, une université privée à but non lucratif qui possède un campus à Providence, il faut se méfier de ces entités qui prétendent « vous offrir quelque chose gratuitement ». Il y a de fortes chances que ces données qui sont recueillies au nom d’un fournisseur aient plus de valeur que le produit offert. Et au-delà des simples relations avec les entreprises, on est en droit de se demander si les étudiants ne devraient pas être plus prudents lorsqu’il est question de divulguer leurs données personnelles.
Source : Shiru Cafe, NPR
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