USA : un décret antitrust visant à enquêter sur les pratiques de Google, Facebook et autres serait envisagé
par la Maison-Blanche
« Les médias sociaux sont totalement discriminatoires contre les voix républicaines / conservatrices. L’administration Trump ne laissera pas cela se produire. Ils réduisent les opinions de nombreuses personnes de la Droite, tout en ne faisant rien aux autres », a déclaré Donald Trump sur Twitter en août dernier. Peu après, les entreprises de réseaux sociaux se sont exprimées devant le Congrès et ont expliqué que leurs efforts pour faire respecter les interdictions de harcèlement en ligne avaient par moments conduit à des restrictions erronées d'accès des personnalités politiques de gauche comme de droite.
Elles se sont empressées d’ajouter que ces erreurs avaient été corrigées et qu’il n’y avait aucune conspiration visant à faire taire les voix conservatrices. Apparemment, leurs explications n’ont pas convaincu la Maison-Blanche puisque celle-ci envisagerait un décret donnant instruction d’ouvrir des enquêtes antitrust sur les pratiques de Google, Facebook et d’autres entreprises de réseaux sociaux.
Ledit décret donnerait toute latitude aux agences fédérales antitrust américaines pour « enquêter de manière approfondie sur le fait de savoir si une plate-forme en ligne a enfreint les lois antitrust » et aux autres agences gouvernementales pour recommander « des actions qui pourraient potentiellement protéger la concurrence entre les plates-formes en ligne et remédier au biais sur les plates-formes en ligne ». Aucune entreprise n’a été explicitement nommée dans le document, mais il semble logique de penser que si le décret est signé, il s’en prendra principalement aux entreprises dont Donald Trump s’est déjà plaint, donc Google, Facebook et Twitter.
L’éventualité d’un pareil décret est apparue lors de la préparation du procureur général Jeff Sessions en vue d’un briefing avec les procureurs d’État enquêtant déjà sur les pratiques des firmes technologiques. Ledit briefing, auquel participera un représentant de la division antitrust du Département de la justice, a pour but d’aider le procureur général à déterminer si une enquête fédérale doit être ouverte.
De plus en plus de voix s’élèvent pour accuser les entreprises technologiques de comportements anticoncurrentiels. Selon une étude menée au début de l’année, 72 % des Américains dont 85 % des républicains pensent que les entreprises de réseaux sociaux censurent les opinions politiques qu’elles jugent répréhensibles. Bien évidemment, les entreprises se sont inscrites en faux par rapport à ces accusations. Sur Facebook et Google, par exemple, le contenu est fourni aux utilisateurs par des algorithmes informatiques devant classer les éléments par ordre de pertinence pour les besoins de l’utilisateur en se basant sur ce qui a déjà été jugé utile dans le passé par d’autres utilisateurs et sur les centres d’intérêt apparents de l’utilisateur pour lui faire ses propositions de contenu.
Et, à en croire ces entreprises, il n’y a absolument aucune raison de croire que ces algorithmes sont biaisés. Mais, en guise de réponse aux critiques montantes, Facebook a embauché le sénateur Jon Kyl afin que son équipe et lui mènent une enquête interne dans l’entreprise de la Silicon Valley.
Il convient cependant de préciser que, peu après que le public ait eu vent de ce projet de décret, Lindsey Walters, l’attachée de presse de la Maison-Blanche, est montée au créneau pour expliquer que le document n’était en rien le résultat d’un processus officiel de prise de décision de la Maison-Blanche.
Il existe toutefois des craintes quant à la répression de l'administration Trump sur les entreprises technologiques. Pour preuve, vendredi dernier, des groupes de défense d'intérêts conservateur et libertarien, dont FreedomWorks et l'American Legislative Exchange Council, ont envoyé une lettre à Sessions pour exprimer leur inquiétude. Ils craignent que cette « enquête soit menée pour enfreindre le premier amendement » qui interdit l'ingérence dans le jugement éditorial.
S’exprimant sur la question, les internautes étaient plutôt unanimes. Pour eux, la position des conservateurs sur cette question est assez ironique, étant donné que les plus grandes discriminations en ligne étaient faites contre les progressistes.
Trouvez ici la lettre adressée à Sessions
Source : Bloomberg
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