La France se dote d'un Conseil pour piloter ses investissements dans les technologies de rupture
et choisit l'IA comme premier défi
À l'occasion du salon VivaTech de l'année dernière, Emmanuel Macron a annoncé le lancement d’un fonds de 10 milliards d’euros pour soutenir l’innovation et assurer l’hyper croissance de l'industrie en France. C'était d'ailleurs l'une des promesses clés du Président français lors de sa campagne électorale. Ce fonds de 10 milliards d’euros créé en janvier sera entièrement dédié aux innovations dites de rupture, notamment en matière d’intelligence artificielle (IA), selon une présentation faite mercredi par le gouvernement.
Hier, la France a en effet annoncé la création d'un « Conseil de l'innovation » qui sera, entre autres, chargé de piloter les investissements du fonds pour l'innovation et l'industrie. Coprésidé par Bruno Le Maire, le ministre des Finances et de l'Économie et Frédérique Vidal, son homologue à l'enseignement supérieur, la recherche et l'Innovation, le nouveau Conseil de l’innovation installé mercredi sera composé de six ministres et de six personnalités qualifiées.
Ce fonds est censé générer environ 250 millions d’euros environ chaque année. Dans ce montant, 70 millions d'euros iront sous forme d'aides aux entreprises innovantes de la « deep tech », gourmandes en financements. Un montant de 25 millions sera également injecté dans la nanoélectronique et une enveloppe de 150 millions servira, quant à elle, à financer de grands « défis » qui seront choisis tous les ans. En ce qui concerne les défis qui seront financés, le Conseil devra en définir trois à cinq chaque année. Pour chacun d’eux, un gestionnaire de projet aura pour mission de piloter les fonds alloués - de l’ordre de 30 millions d’euros sur trois ans - et plus globalement de faire avancer les connaissances, au besoin en levant les barrières réglementaires.
Les premiers défis retenus portent sur l'intelligence artificielle, plus spécifiquement sur le rôle que celle-ci peut jouer dans l'amélioration des diagnostics médicaux et sur la fiabilisation de cette technologie. « La France a pris du retard sur l'innovation disruptive, c'est-à-dire l'innovation qui ne rapporte pas tout de suite, qui n'améliore pas la productivité immédiate des entreprises, mais qui prépare les sauts technologiques du futur », a déclaré Bruno Le Maire, lors de l’installation du Conseil de l’innovation.
Cette décision est cohérente avec la vision de la France de devenir le leader mondial de l'intelligence artificielle. Objectif utopique ou non, la France y met les moyens et multiplie les actions allant dans ce sens. Rappelons que fin mars, Emmanuel Macron a levé le voile sur une stratégie pour faire de la France l'un des leaders mondiaux de l'intelligence artificielle. Il s'est notamment inspiré des idées proposées par le mathématicien et député LREM Cédric Villani, dans un rapport sur l'IA. Macron a annoncé le déblocage d'une enveloppe de 1,5 milliard d'euros jusqu'en 2022 pour soutenir le développement et la recherche en IA en France ; un fonds qui sera issu de redéploiements budgétaires, de fonds publics existants et du nouveau fonds pour l’innovation de 10 milliards d’euros. Toujours est-il que ce ne sera pas une mission facile pour la France compte tenu des sommes colossales déjà investies par la Chine et les États-Unis.
Sources : Reuters, Les Echos
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