Macron veut une loi contre les fake news en période électorale
L’accès à Facebook ou Twitter pourrait-il être bloqué en cas de fausses informations ?
Depuis l’épisode de fake news pendant les dernières campagnes présidentielles des États-Unis, un nombre croissant de pays semblent persuadés que la désinformation est une sérieuse menace au bon déroulement de leurs élections. La Russie elle-même, qui est accusée d’être à l’origine de campagnes de fake news dans les pays occidentaux, a annoncé qu’elle comptait surveiller ce phénomène durant ses prochaines élections présidentielles.
Craignant une éventuelle ingérence étrangère, Vladimir Poutine a en effet récemment déclaré que les autorités russes devraient surveiller l'activité de « certaines entreprises » sur les médias sociaux lors de l'élection présidentielle de mars 2018 et évaluer l'ampleur de leur implication dans la politique intérieure. « Nous devons examiner attentivement la manière dont certaines entreprises fonctionnent sur Internet, dans les médias sociaux et dans quelle mesure elles sont impliquées dans notre vie politique », a déclaré le président Poutine lors d'une réunion avec les dirigeants du parlement russe sur la nouvelle loi sur les « agents étrangers ». Il n'a toutefois pas nommé les entreprises qu'il faudrait surveiller ou dit s'il était préoccupé par les activités des entreprises étrangères ou locales.
Le mercredi 3 janvier, lors de ses vœux à la presse, le Président français a également annoncé des mesures visant à lutter contre les fausses informations durant les campagnes électorales. Emmanuel Macron a en effet révélé qu’un « texte de loi » allait être déposé « prochainement » pour lutter contre la diffusion des fake news sur Internet en « période électorale ». « Nous allons faire évoluer notre dispositif juridique pour protéger la vie démocratique de ces fausses nouvelles », a déclaré Emmanuel Macron lors de son discours. « Les plateformes se verront imposer des obligations de transparence accrue sur tous les contenus sponsorisés afin de rendre publique l’identité des annonceurs et de ceux qui les contrôlent, mais aussi de limiter les montants consacrés à ces contenus », a-t-il précisé.
Rappelons que le Président français a été lui-même victime de nombreuses fausses informations relayées sur les réseaux sociaux durant la campagne présidentielle, après le piratage de boîtes mail personnelles et professionnelles de plusieurs responsables de son équipe. Ce piratage a permis de voler des documents internes de l'équipe Macron, lesquels ont été publiés sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter. Les pirates auraient ensuite ajouté de faux documents dans le lot de documents authentiques qui a été volé pour porter préjudice au camp Macron.
Emmanuel Macron veut maintenant prendre des mesures contre « cette propagande articulée avec des milliers de comptes sur les réseaux sociaux », qui « en un instant répandent partout dans le monde, dans toutes les langues, des bobards inventés pour salir un responsable politique, une personnalité, une figure publique, un journaliste », a-t-il lancé. Pour donner un aperçu du texte de loi, le Président français explique qu'en cas de propagation d’une fausse nouvelle, « il sera possible de saisir le juge à travers une nouvelle action en référé permettant le cas échéant de supprimer le contenu mis en cause, de déréférencer le site, de fermer le compte utilisateur concerné, voire de bloquer l’accès au site Internet ». Ainsi, l’accès à Facebook ou Twitter par exemple pourrait-il être bloqué en cas de fausses informations ?...
Les mesures annoncées par le Chef de l'État vont plus loin. Macron avait récemment critiqué deux médias russes, RT et Sputnik, accusés de s’être comportés durant la campagne présidentielle « comme des organes d’influence (…) et de propagande mensongère ». Pour « lutter contre toute tentative de déstabilisation par des services de télévision contrôlés ou influencés par des États étrangers », le Président français veut maintenant étendre les pouvoirs du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). « Cela permettra (…) de refuser de conclure des conventions avec de tels services », ou de « suspendre ou annuler » ces conventions « en prenant en compte tous les contenus édités par ces services, y compris sur Internet », a expliqué Macron. Lors de ses vœux à la presse, prononcés à l’Élysée face à des journalistes et acteurs des médias, il a par ailleurs appelé « à responsabiliser les plateformes et les diffuseurs sur Internet », tout en demandant à la profession journalistique d’entamer « une réflexion » déontologique.
Source : Le Monde
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