Les ICO ou levées de fonds en cryptomonnaies : une arnaque ou un investissement rentable ?
Jordan Belfort estime que c’est la plus grande escroquerie qui n’ait jamais existé
Avec la montée des monnaies cryptographiques, plusieurs activités ont commencé à s’appuyer sur les systèmes qui les soutiennent pour lancer leurs activités. Alors que nous étions habitués à voir des levées de fonds en monnaies fiduciaires être lancées par des startups, l’usage de plus en plus courant des cryptomonnaies a favorisé l’adoption des ICO (Initial Coin Offering) pour permettre à des investisseurs de prendre une part active dans les activités d’une entreprise qui démarre.
Par définition, une ICO est une méthode de levée de fonds utilisée par une entreprise pour récolter des fonds en monnaies cryptographiques auprès des investisseurs contre cession de tokens (jetons) dans la plupart des cas et qui permettent aux investisseurs de faire des gains au cas où le projet devenait un franc succès.
Pendant cet été, l’entreprise Tezos a bouclé son ICO qui lui a permis de lever plus de 230 millions de dollars en monnaies cryptographiques (bitcoins et ethers). Avec l’envolée des monnaies cryptographiques, ce montant a gagné de la valeur et est estimé à 447,5 millions de dollars. En 2016, ce fut le projet The DAO qui récolta environ 150 millions de dollars dans le mois de mai 2016 via ce même moyen d’ICO. À côté de ces deux projets, plusieurs autres entreprises ont eu recours à cette méthode pour lever des fonds sans passer par une capitalisation boursière. Nous avons par exemple iEx.ec, une spin-off de l'INRIA spécialisée dans le cloud distribué qui a levé l'équivalent de 12,5 millions de dollars (2761 bitcoins et 173 886 ethers) en moins de trois heures le 19 avril dernier.
Bien que de nombreux projets qui ont bénéficié de ces fonds pour démarrer leurs activités soient en cours, de nombreux projets ont également connu des fins plutôt tristes. Après le démarrage rapide de l’entreprise The DAO qui a au passage fait l’objet de battage médiatique à cause des sommes engrangées dans un temps réduit (trois semaines), elle a également fait parler d’elle à cause de son échec. The DAO qui se présentait comme une organisation autonome décentralisée implémentée uniquement à travers la chaîne des blocs du système cryptographique Ethereum introduisait un nouveau modèle d’affaires en organisant les entreprises commerciales et à but non lucratif à travers les smart contract. Mais un pirate est parvenu à exploiter une vulnérabilité au sein du code de DAO et a emporté la coquette somme de 50 millions de dollars en cryptomonnaies sur les 150 millions de dollars levés. Les développeurs du projet ont créé un autre fork de la chaîne des blocs Ethereum afin de rembourser les montants investis par les internautes.
Mais il n’y a pas que The DAO qui ne parvint pas à fournir des retours sur investissements aux internautes. Depuis quelques jours, nous avons l’entreprise Tezos qui connaît des difficultés internes liées à la gestion des fonds recueillis lors de l’ICO. En plus, les tokens émis par Tezos lors de l’ICO ont perdu près d’un tiers de leur valeur sur certaines plateformes d’échanges. Et pour ajouter au malheur de l’entreprise, son projet de créer des règles de gouvernance pour que les parties prenantes puissent approuver les mises à niveau de protocole est encore à la traîne. Pour certaines personnes, le gendarme du marché financier américain (SEC) devrait intervenir pour demander le remboursement des sommes investies par les internautes.
Tout comme ces deux projets, la majeure partie des fonds levés à travers les ICO sont motivés juste par des idées présentées par les porteurs de projets. En général, le projet n’a même pas été mis en œuvre. Il implique donc un gros risque pour les investisseurs. C’est en partie pour prévenir cela que la Chine a purement et simplement interdit la levée de fonds à travers les ICO. Le Royaume-Uni pour sa part a averti les internautes que les investissements effectués dans les entreprises à travers les ICO sont à très haut risque.
Jordan Belfort, l’ex-courtier américain, immortalisé à travers le film américain « Le loup de Wall Street » et qui a écopé de 22 mois de prison pour escroquerie financière et fraude estime que les ICO représentent « la plus grosse escroquerie de tous les temps, une escroquerie gigantesque qui va exploser à la face de tant de gens ». Pour lui, c’est bien pire que tout ce qu’il a fait jusque-là. Il ajoute que « les promoteurs sont en train de mener une arnaque massive de plus haut niveau sur tout le monde. Probablement, 85 % des gens n’ont pas de mauvaises intentions, mais le problème est que si 5 ou 10 % essayent de vous escroquer, c’est une sacrée catastrophe. »
En 2017, l’on compte déjà plus de 3 milliards de dollars qui ont été collectés à travers les ICO. Selon l’entreprise de capital risque Mangrove Capital Partners, de nombreux utilisateurs qui ont investi dans certaines entreprises à travers les ICO ont eu des retours énormes en peu de temps. Mais combien de personnes n’ont pas pu rentabiliser leurs investissements ?
Source : Telegraph
Et vous ?
Selon vous, l’ICO est-elle une grosse arnaque qui explosera à la face du monde ?
Est-ce plutôt un moyen garanti de se faire de l’argent en peu de temps ?
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