Alphabet termine sa réorganisation en créant la holding XXVI
pour protéger et séparer ses autres activités de celle du géant de la recherche en ligne
En 2015, Google a amorcé une restructuration pour devenir Alphabet, une société mère avec plusieurs filiales, y compris Google, la plus importante et son cœur d’activités (la recherche en ligne et la publicité). À part Google, Alphabet comprend d’autres filiales comme Waymo (voiture autonome), Verily (recherche dans le domaine des sciences de la vie) ou encore X (qui travaille sur des projets d’innovation de rupture en lien avec la robotique et l’intelligence artificielle).
Lorsque le cofondateur de Google Larry Page annonçait la création d’Alphabet il y a deux ans, il expliquait que c’était pour permettre à chacune de ses entreprises de fonctionner de manière indépendante du géant de la recherche en ligne Google. Mais techniquement, ces entreprises étaient encore des filiales de Google. Dans un dépôt à la Federal Communications Commission (FCC) ce vendredi, Alphabet a donc dévoilé une nouvelle structure en créant XXVI Holdings Inc., une nouvelle société holding qui regroupe l’ensemble des filiales d’Alphabet et qui les positionnera sur un pied d’égalité avec Google, sur le plan juridique. Si vous ne l’avez pas encore remarqué, XXVI, le nom de la nouvelle entité holding, est le nombre de lettres dans l'alphabet écrit en chiffres romains.
Avec XXVI Holdings Inc., Alphabet explique qu'il s'agit de la dernière étape dans sa réorganisation en vue de passer d’un simple géant de la recherche en ligne en un conglomérat d'entreprises avec des unités dans divers secteurs et industries. « À la suite de la réorganisation de l'entreprise, Alphabet et Google pourront opérer de manière plus efficace, économique et transparente, ce qui permettra aux entreprises de se concentrer sur leurs activités génératrices de revenus », a ajouté la société dans son dépôt à la FCC.
Un autre élément important de ce changement de structure est que Google devient une Limited Liability Company (LLC), l’équivalent de société à responsabilité limitée en France. Il s'agit d'une forme juridique flexible de société qui prémunit ses propriétaires d'une responsabilité limitée. La flexibilité de cette forme juridique concerne également la fiscalité, étant donné qu’une LLC peut choisir la manière dont elle sera imposée. Mais l’entreprise a tenté de dissiper les inquiétudes à ce niveau. Gina Weakley Johnson, un porte-parole d’Alphabet a en effet précisé à Bloomberg que cela ne changera pas la façon dont l'entreprise paie les impôts.
Les corporations sont souvent formées pour recueillir des fonds auprès d'investisseurs publics qui s'attendent à des informations sur la performance financière, et Google l'a fait lors d'une entrée en bourse en 2004. Maintenant, Google est la propriété d’Alphabet, et n’a donc qu'un seul investisseur et aucune obligation de divulgation publique. « Nous mettons à jour notre structure d'entreprise pour mettre en œuvre les changements que nous avons annoncés avec la création d’Alphabet en 2015 », a déclaré Johnson. Elle qualifie le processus d'une formalité juridique qui n'affectera pas le contrôle des actionnaires, les opérations, la direction ou le personnel.
Dana Hobart, un professionnel du droit du cabinet d'avocats Buchalter de Los Angeles, note toutefois que ce changement aide à empêcher que les problèmes d'une entreprise (filiale) se propagent à un autre. « En les séparant, cela permet à la société mère de limiter l'exposition aux diverses obligations des LLC », a déclaré M. Hobart. « Par exemple, si l'une des LLC a sa propre dette, seule cette LLC finira par être responsable du paiement de cette dette ». Cela veut dire aussi qu’en cas de litige avec les régulateurs européens de la concurrence par exemple, d’éventuelles amendes contre Google pourraient ne plus être indexées sur le chiffre d’affaires d’Alphabet, comme c’est le cas actuellement. Cela ne devrait toutefois pas changer quelque chose actuellement, car comme le note Bloomberg, Google comptait pour 99 % des revenus d'Alphabet au dernier trimestre.
Source : Bloomberg
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
Partager