La Commission européenne s’invite dans le combat contre les « fake news »
et annonce un ensemble de mesures pour lutter contre ce problème
À la faveur des diverses informations douteuses publiées en ligne lors des élections américaines, allemandes et françaises, les utilisateurs, les entreprises et les gouvernements sont d’accord pour agir afin de mettre un terme, sinon freiner ces campagnes de fausses informations (fake news en anglais) visant à tromper l’opinion publique.
Alors que plusieurs entités, notamment les plateformes de réseau de social comme Facebook et Twitter, et aussi d’autres entreprises comme Google et la fondation Mozilla ont déjà manifesté ouvertement leur désir de lutter contre ce phénomène de désinformation en proposant des pistes d’actions, l’on n’attendait plus que l’Union européenne s’invite dans le débat. Depuis quelques jours, c’est maintenant chose faite.
Mariya Gabriel, qui a pris fonction à son nouveau poste au sein de la Commission européenne depuis le mois de juillet dernier en tant que commissaire pour l’économie et la société numériques, a déclaré devant un parterre de journalistes il y a quelques jours qu’il « est évident que nous avons besoin d’une approche européenne, en plus des pratiques et lois nationales. » Elle a renchéri en affirmant que « si nous ne mettons rien en place, les exemples d’abus ne feront que se multiplier. Il est réellement important d’assurer ce type de cohérence au niveau européen. »
Nous rappelons que plusieurs pays n’ont pas attendu la Commission européenne pour mener des actions afin de lutter contre ces fausses informations publiées sur la toile. L’Allemagne a déjà adopté une loi afin de faire payer jusqu’à 50 millions d'euros les plateformes en ligne comme Facebook, Twitter et autres types de médias sociaux qui comptent plus de 2 millions d’utilisateurs s’il est établi que des fausses informations ou des propos haineux ont été publiés sur leur plateforme et que ceux-ci n'ont pas été supprimés 24 heures après avoir été signalés. L’Italie pour sa part a donné en ce début d’année son avis sur la manière dont l’Europe doit s’y prendre pour lutter contre ces fausses informations en mettant en place un réseau d’agences indépendantes dédiées à cette tâche. Au-delà de l’Union européenne, nous avons la République tchèque qui a annoncé son intention de créer cette année un centre pour réguler les fake news.
Consciente donc des dérives qui pourraient résulter de la disparité des actions menées par chaque entreprise et chaque gouvernement au sein de l’Union européenne, Mariya Gabriel a annoncé un ensemble de mesures qui seront mises en place progressivement afin de s’attaquer efficacement à ce problème.
D’emblée, la nouvelle commissaire chargée du numérique annonce qu’un groupe d’experts de haut niveau sera mis en place incessamment pour l’aider à combattre la désinformation en ligne. En plus de cette mesure, Mariya Gabriel soutient qu’elle emploiera les deux ou trois prochains mois à rédiger une proposition de consultation publique sur le sujet, ce qui pourrait constituer un moyen idéal pour recueillir les avis à l’effet d’alimenter d’éventuelles nouvelles règles en la matière. Toutefois, la commissaire souligne qu’il « est prématuré de parler de législation ».
À un plus bas niveau, Mariya Gabriel pointe du doigt la responsabilité dont les médias sociaux devraient faire preuve et affirme que « les plateformes [en ligne] ont un devoir de vigilance » vis-à-vis des publications effectuées sur leur réseau et devraient donc mettre tout en œuvre pour garantir la crédibilité des informations véhiculées sur leur plateforme. À ce niveau, il faut préciser que plusieurs entreprises ont déjà mis en œuvre des outils pour faire de leurs plateformes des sources d’informations fiables, toute chose qui garantira la survie de leurs activités en ligne.
Par ailleurs, pour que chacun n’y aille pas de sa propre appréciation pour le retrait des informations jugées préjudiciables à des tiers, et aussi pour éviter des censures illégales sur ces réseaux sociaux, la Commission européenne pourrait annoncer le mois prochain des exigences communes entourant le retrait des fausses informations publiées par les utilisateurs sur ces plateformes en ligne. Nous rappelons qu’un groupe de députés européens a déjà demandé ce printemps à la Commission d’intégrer les mesures à une réglementation contraignante en créant des règles communes dans toute l’Union, afin d’éviter un excès de zèle à travers les pays de l’Union européenne.
Toutefois, les entreprises technologiques manifestent leurs inquiétudes face à ces mesures et soulignent que l’on ne devrait pas mettre de côté la loi européenne qui stipule qu’elles ne sont pas responsables des informations publiées sur leurs sites.
Au vu des dérives résultant des fausses informations publiées sur la toile, ne doit-on pas réviser cette loi pour contraindre ces entreprises à mieux veiller sur les contenus publiés sur leurs sites ? En offrant une plateforme de diffusion d’informations, ces entreprises ne devraient-elles pas avoir une responsabilité partagée avec les personnes publiant les fake news, en se constituant comme un réceptacle de fausses informations nuisibles à des tiers ?
Source : Euractiv
Et vous ?
Les mesures proposées par la Commission européenne vous semblent-elles efficaces pour lutter contre ces fake news ?
Selon vous, quelles solutions pourraient être envisagées pour lutter contre ces fausses informations en ligne ?
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