Les étudiants devraient privilégier la prise de note manuscrite à la prise de note sur ordinateur en classe,
selon une étude
Dans le milieu éducatif, il est admis que l’usage des ordinateurs portables en classe par les élèves améliore leur rendement scolaire. Ils peuvent s'en servir pour participer à des activités en ligne, collaborer plus facilement sur des projets, accéder aux informations sur Internet et prendre plus de notes, etc. Parce que taper sur un clavier est plus rapide qu’écrire à la main, les élèves qui utilisent des laptops en classe auront tendance à prendre plus de notes que ceux qui prennent des notes manuscrites. Saisir avec un laptop leur permet de taper quasiment mot pour mot le discours de leur enseignant.
Selon une étude menée par l'Université de Princeton, en collaboration avec l'Université de Californie (Mueller et Oppenheimer), en prenant des notes à la main, un individu fait appel à un processus d’apprentissage particulier mettant en jeu des phases de traitement cognitif bien précises qui diffèrent de celles auxquelles fera appel un individu prenant des notes sur un ordinateur portable sans connexion Internet. Chacun de ces processus d’apprentissage aura un impact différent sur la qualité de l’apprentissage. Écrire à la main est plus lent et plus fastidieux que se contenter de taper sur un clavier. Parce qu’il est plus difficile pour eux d’écrire à la main la totalité des informations qu’ils reçoivent, les étudiants prennent plus de temps pour écouter, digérer et faire une synthèse des données perçues afin de capturer succinctement l’essence de l’information. Ce faisant, ils utilisent, autant que possible, des termes proches de leur niveau de connaissance pour faciliter leur apprentissage.
Ainsi, prendre des notes manuscrites permet de solliciter de manière plus active le cerveau et l’oblige à être plus efficace « intellectuellement », ce qui favorise la compréhension et la rétention. En revanche, les étudiants qui utilisent des ordinateurs portables ne font que prendre des notes rapidement et à l'aveugle, sans réfléchir sur le contenu transcrit ou essayer d’adapter la présentation des informations fournies à leur niveau de compréhension. Lorsqu’il écrit sur un laptop, l’étudiant n’exploite pas aussi bien les capacités de son cerveau qu’un individu qui rédige à la main : il écrit pour écrire, mais pas pour comprendre. Il renonce à l’occasion de s’engager dans le travail mental qui favorise l’apprentissage.
Il est important de noter que la plupart des études qui ont comparé la prise de note manuscrite à celle réalisée avec un ordinateur portable ont utilisé des tests de mémoire immédiats effectués très rapidement (généralement moins d’une heure) après la session d’apprentissage. Dans les conditions réelles de la classe, cependant, les étudiants sont souvent évalués des jours, voire des semaines après la session d’apprentissage. Il semble raisonnable de s’attendre à ce que les utilisateurs d’ordinateurs portables désavantagés sur un test de mémoire immédiat reprennent l’avantage lorsque le délai d’attente avant le test est prolongé puisqu’ils disposent d’un support de cours plus fidèle au discours de l’enseignant comparé aux notes manuscrites et personnelles des autres. Malheureusement, l'étude estime qu'il n’en est rien et que c’est même tout le contraire. L’étude de Mueller et Oppenheimer a conclu que les étudiants qui prennent des notes manuscrites ont des repères de mémoire plus efficaces qui leur permettent de recréer le contenu et le contexte de la session d’apprentissage d’origine.
Au-delà de la modification des processus cognitifs des étudiants et de la réduction de la qualité de leur apprentissage, les ordinateurs portables posent d’autres problèmes dans la salle de classe. Ce lieu devrait être un espace d’apprentissage qui maximise les capacités qu’ont les participants à absorber de nouvelles connaissances et à les comprendre. Même s’il est évident que les ordinateurs peuvent d’une certaine manière améliorer l’apprentissage, il faudrait également tenir compte du fait qu’ils représentent une source de distraction importante : messages électroniques, réseaux sociaux, Internet, jeux, musiques, vidéos et autres distractions en ligne.
Dans la plupart des établissements scolaires typiques, Internet est facilement accessible. Plusieurs observations suggèrent que lorsque des étudiants utilisent des ordinateurs portables connectés à Internet, ils passent 40 % du temps de classe à utiliser des applications sans rapport avec leurs cours. Ils ont aussi plus tendance à échouer et sont moins satisfaits de leur éducation. Une étude menée auprès d’étudiants en droit rapporte qu’environ 90 % des utilisateurs d’ordinateurs portables ont effectué des activités en ligne sans rapport avec leurs cours pendant au moins cinq minutes.
La technologie offre des outils novateurs qui façonnent les expériences éducatives pour les étudiants, souvent de manière positive et dynamique. La recherche de Mueller et Oppenheimer est là pour rappeler que, même si la technologie permet d’accomplir plus de tâches en moins de temps, elle ne favorise pas toujours l’apprentissage. Apprendre ne se résume pas simplement à recevoir et avaler l’information, c’est bien plus que ça. Pour permettre aux élèves de faire des synthèses, tirer des conclusions, établir des relations, évaluer la véracité des éléments de preuve et appliquer des concepts appris à des situations nouvelles, il est impératif d’encourager les processus cognitifs profonds et dynamiques qui sous-tendent ces capacités. Quand il s’agit de prendre des notes pour optimiser un processus d’apprentissage, les étudiants ont plus besoin d’exploiter la puissance de leur cerveau que de chauffer leurs doigts sans but précis sur leur clavier.
Source : Scientific American
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