Question posée le 22/07/2021.
En janvier, les laboratoires Pfizer et Moderna avaient évoqué l’idée d’adapter la séquence d’ARN messager de leurs vaccins pour refléter les mutations des futurs variants du Sars-CoV-2. Vous nous demandez si les vaccins actuellement distribués sont des versions modifiées du vaccin original, ou si ce projet de «mise à jour du vaccin» est toujours à l’étude.
Pfizer : des essais cliniques programmés pour le mois d’août
Interrogé par CheckNews, un porte-parole de Pfizer nous confirme que le vaccin mis en circulation au début de l’épidémie est toujours celui utilisé. «Nous continuons à tester [en] laboratoire le pouvoir neutralisant de notre vaccin sur les variants émergents, au fur et à mesure de leur apparition. A ce jour, ces résultats in vitro sont rassurants puisque chaque variant [préoccupant] est neutralisé efficacement par les sérums de sujets vaccinés avec deux doses de Comirnaty», détaille le fabricant, se référant à des travaux publiés en juin dans la revue Nature.
Affichant la volonté «[d’explorer] toutes les pistes afin de pouvoir évaluer la meilleure approche pour faire face aux variants», le laboratoire explique travailler à «une version actualisée du vaccin [qui] cible la protéine spike complète du variant delta [ultra majoritaire en France métropolitaine, ndlr]». Le projet serait déjà avancé, puisque «le premier lot d’ARNm pour l’essai clinique a déjà été fabriqué dans l’usine de BioNTech à Mayence, en Allemagne. Pfizer et BioNTech prévoient que les études cliniques commenceront en août, sous réserve de l’obtention des approbations réglementaires».
Toutefois, face à la menace des variants, Pfizer axe aujourd’hui une part importante de ses recherches (et sa communication) autour de l’intérêt d’une troisième dose de vaccin pour entretenir la réponse immunitaire. Et le laboratoire d’expliquer que des données préliminaires – qui doivent être soumises «prochainement» aux autorités réglementaires – montreraient «qu’une dose de rappel administrée six mois après la deuxième dose [induit] des titres d’anticorps neutralisants […] cinq à dix fois plus élevés qu’après les deux doses primaires» contre le variant beta (repéré initialement en Afrique-du-Sud).
Concernant le variant delta, l’entreprise américaine se dit «convaincue» des bénéfices de cette troisième dose, tout en précisant que «les études cliniques pour confirmer cette hypothèse» (sic) sont encore en cours. A cette heure, l’intérêt d’un rappel de vaccin pour lutter contre le variant delta reste encore spéculatif : les données issues de plusieurs études de terrain récentes montrent en effet que l’efficacité – notamment sur le risque de formes graves – des vaccins actuellement disponibles n’est que peu diminuée face aux variants.
Moderna : une version modifiée testée pour la dose de rappel
Moderna, de son côté, a développé en février la production d’un vaccin à ARNm modifié (mRNA-1273.351) destiné à répliquer le profil de la protéine spike du variant beta. Pour l’heure, le premier essai clinique est toujours en cours. Il s’agit d’un essai de phase I, qui vise simplement à évaluer la tolérance et réaliser les premières mesures de production d’anticorps, sur quelques patients. Le nouveau vaccin est exclusivement testé dans le cadre d’un rappel vaccinal, c’est-à-dire en troisième dose. Ses effets sont comparés à ceux induits par l’injection d’une troisième dose de la formule classique du vaccin, ou d’une formulation mêlant les deux ARN messagers (un vaccin «multivalent»). Sollicité par CheckNews, le laboratoire n’a pas communiqué plus de détails sur ces recherches, ou sur le développement de formulations ciblant des variants apparus plus récemment.
AstraZeneca : un essai débuté en juin
Du côté d’AstraZeneca, on nous confirme qu’une «nouvelle génération» de leur produit est en cours de développement. Début juin, le laboratoire a annoncé avoir lancé des essais de phase II et III «pour évaluer la sécurité et l’immunogénicité de ce vaccin, [qui cible] les variants», dont le variant beta. «Le vaccin contre le variant beta contient dix modifications de la protéine spike, dont beaucoup sont également observées dans d’autres variants préoccupants», nous explique le laboratoire. AstraZeneca souligne que plusieurs travaux – parus ou en cours de publication – montrent que son premier vaccin conserve une certaine efficacité contre les variants, tout du moins sur le risque d’hospitalisation.
Du côté de Johnson & Johnson (Janssen), le changement de formulation ne semble pas à l’ordre du jour. Concernant l’efficacité de son vaccin contre les variants, le laboratoire renvoie pour l’heure aux résultats préliminaires d’un essai de petite envergure, récemment publiés dans le New England Journal of Medicine. Ceux-ci laissent apparaître une activité significative des anticorps neutralisants, huit mois après injection du vaccin, «contre le variant delta et d’autres variants préoccupants, y compris les variants alpha (B.1.1.7), beta (B.1.351), gamma (P.1), epsilon (B.1.429) et kappa (B.1.617.1), ainsi que la souche originale du Sars-CoV-2 (WA1 /2020)». Toutefois, l’efficacité réelle (comparaison entre le taux de contamination symptomatique chez les vaccinés et les non-vaccinés) contre les divers variants n’est pas encore évaluée.
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