Les Pays-Bas, quant à eux, auraient d'autres bonnes raisons de tout faire pour sauvegarder le marché unique. A la faveur de la libre circulation des capitaux, ce paradis fiscal aux 15.000 « entreprises boîtes aux lettres » (ayant une adresse aux Pays-Bas sans y avoir la moindre activité) opère sur ses « partenaires » une véritable prédation. Le Tax Justice Network estime dans un rapport que «
les Pays-Bas sont l'un des pays qui a le plus bénéficié de son appartenance à l'UE, en particulier parce qu'ils jouent un rôle clé dans la stratégie d'évitement fiscal des multinationales ». S'agissant de l'impôt sur les sociétés, le montant du manque à gagner s'élèverait pour les autres Européens à 10 milliards de dollars par an. La France est d'ailleurs largement victime de cette stratégie de dumping, de nombreux grands groupes français (Airbus Group, Gemalto, Renault-Nissan, Danone, Cap Gemini, Air Liquide et beaucoup d'autres) y ayant leur siège social ou des filiales. Le patronat batave semble d'ailleurs conscient de ce qu'il aurait à perdre en cas de désintégration de l'Union européenne. Aussi ses représentants ont-ils signé en juin, avec leurs homologues italiens de la Cofindustria, un communiqué commun appelant à « la solidarité sous la forme de subventions et de prêts qui aideront les régions et les secteurs qui en ont le plus besoin ».
Il faut rappeler pour finir que trois des quatre frugaux bénéficient (avec l'Allemagne) de rabais dans le cadre du budget pluriannuel de l'Union. Le Danemark a droit à une ristourne annuelle de 144 millions d'euros, les Pays-Bas de 768 millions et la Suède de 205 millions. Jusqu'en 2016, l'Autriche avait elle aussi sa part : 60 millions par an. Après le Brexit et en raison du manque à gagner que représente la disparition de la quote-part britannique au CFP (cadre financier pluriannuel), certains pays, dont la France, ont souhaité remettre en cause ces ristournes. Les frugaux se sont montrés inflexibles jusque-là et les discussions sur le budget 2021-2027 s'éternisent.
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