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L’excentrique Didier Raoult paie cher le prix d’avoir commis la pire des fautes dans une France médicale figée à l’image du pays
Or tous les faits recueillis concordent: l’excentrique Didier Raoult, très critiqué pour son ego semble-t-il surdimensionné, paie aujourd’hui cher le prix d’avoir commis la pire des fautes dans une France médicale figée à l’image du pays: celle de rester, lui le «ponte» de la Canebière, en marge du système, voire d’oser l’affronter. Un «système» dominé par quelques grands mandarins de la santé passés maîtres dans l’art de tout verrouiller. Un «système» où Paris regarde la province avec condescendance. Un «système» où l’esprit de caste nivelle, impitoyable, les initiatives originales et disruptives. Un «système» où, comme dans bien d’autres corps de l’Etat républicain, l’esprit de cour l’emporte sur l’esprit de service. Un «système» que, justement, un certain candidat Emmanuel Macron promettait de bousculer s’il accédait à l’Elysée en nommant de nouveaux directeurs d’administration centrale (ce qu’il n’a pas fait). Un «système» incarné par la dérive ploutocratique et lucrative de nombreux énarques et hauts fonctionnaires aujourd’hui au cœur du pouvoir macronien, dénoncée au vitriol par Vincent Jauvert dans Les Voraces (Ed. Robert Laffont). Un «système» que le projet de réforme de l’Ecole nationale d’administration - un rapport vient d’être rendu – promet de bousculer…
L’infectiologue «sans culotte»
Je ne connais pas Didier Raoult. Mais alors qu’Uderzo, le dessinateur d’Astérix, vient de nous quitter, son caractère de Gaulois chevelu, têtu, fanfaron, mégalomane et opiniâtre dit quand même quelque chose de cette France «en guerre». D’un côté, un médecin-combattant très convaincu de sa valeur, isolé dans son laboratoire de Marseille et persuadé que la liberté de penser et de se battre doit primer sur la prudence d’Etat. De l’autre: un conseil scientifique composé d’experts très reconnus et très compétents, qui resserrent la vis – à juste titre – sur la population française sans exercer, par ailleurs, leur devoir de vérité. Raoult est un infectiologue «sans culotte». Eux sont des mandarins, souvent passés par les cabinets ministériels, et les arcanes du pouvoir médical hexagonal. J’espère de tout cœur avoir tort. Mais s’il y a, comme je le crois, du vrai dans ce combat-là, cher monsieur Duruel, la France de l’après Covid-19 ferait quand même bien d’en tirer quelques leçons.
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