Envoyé par
Jean Marc Four
Biden fait donc comme tous ses prédécesseurs, l'Amérique d'abord, à fortiori aujourd'hui avec le grand enjeu de la bascule énergétique, objectif de Washington: devenir le maître de cette nouvelle chaîne de valeurs, les batteries, l'éolien etc. Aucune chance de voir Joe Biden changer d'avis.
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Quelle décision prendre en Europe face à la détermination des Etats-Unis ?
Il n'y a pas d'accord sur le sujet parmi les 27. Paris préconise de répondre du tac au tac avec un Buy Eureupéen Act, oeil pour oeil, donner en Europe la priorité aux produits fabriqués sur le sol européen, mais c'est une position minoritaire parmi les 27. Plusieurs pays par exemple l'Irlande, les Pays-bas, la Suède, sont trop dépendants du commerce international pour envisager cette solution.
L'Allemagne n'est pas davantage convaincue. Le protectionnisme, dit un haut diplomate allemand, finit toujours par coûter très cher à moyen terme, ce n'est pas une bonne solution. Ce que souhaite Berlin, c'est plutôt de négocier avec Washington des exemptions pour certains produits européens, par exemple pour les voitures cruciales pour l'Allemagne.
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Résultat des courses à ce jour, les 27 n'ont pas de position commune.
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Et puis surtout les européens n'ont pas envie de se fâcher avec les Etats-Unis. L'Europe est aujourd'hui en position de dépendance vis-à-vis des Etats-Unis.
Il y a d'abord la dépendance énergétique. La rupture avec le gaz russe a poussé, on le sait, les 27 dans les bras de Washington désormais premier exportateur mondial de gaz liquéfié. En un an les Etats-Unis ont doublé leurs exportations vers le vieux continent où le gaz coûte désormais 3 à 4 fois plus cher, quand même, qu'outre Atlantique.
Dépendance militaire ensuite. À elle seule l'aide militaire américaine à l'Ukraine représente le double de la totalité des aides des 27 pays européens. De nombreux membres de l'Europe redoutent de voir Washington réviser ce soutien à la baisse et exiger davantage des européens.
Ce n'est pas le moment de se fâcher avec Washington dit un ambassadeur des Pays baltes. Si on ajoute enfin la nécessité de présenter un front uni face à la Chine, tout ça dissuade les 27 de hausser le ton avec les Etats-Unis. Washington se retrouve en position de dicter sa loi sur le plan commercial.
Mais bon si l'Europe en est là c'est sans doute parce qu'elle a cru avec trop de naïveté dans les règles d'un commerce international ouvert. L'Europe est restée trop longtemps l'idiot utile de l'OMC.
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