USA : les titulaires de copyright exigent que les FAI filtrent directement le contenu piraté
et en appellent à une modification de la DMCA
La RIAA (Recording Industry Association of America, une association interprofessionnelle qui défend les intérêts de l'industrie du disque aux États-Unis) et d’autres groupes de détenteurs de droits exhortent les régulateurs américains du droit d'auteur à mettre à jour le processus d’un DMCA qu’ils estiment « désuet ». Ils veulent que soit imposé aux fournisseurs de services Internet de filtrer le contenu piraté.
Pour les détenteurs de droits, du haut de ses 19 ans, le Digital Millennium Copyright Act n’est plus adapté à la réalité numérique moderne. Ils affirment que le processus d'octroi de l'immunité légale (ou « safe harbor ») accordée aux FAI qui retirent « rapidement » le contenu protégé par le droit d'auteur doit, être remplacé par de nouveaux contrôles de piratage.
« Nombreux sont les fournisseurs de services qui affirment volontiers dans leurs commentaires que les safe harbor de la DMCA, comme l’interprètent (à tort) les tribunaux et certains avocats, donnent aux fournisseurs de services une immunité totale concernant les dommages-intérêts pour violation du droit d'auteur (indépendamment de la persistance de l'infraction et de la façon dont cela profite à ces fournisseurs de services) tant qu’ils répondent aux avis de suppression en mettant fin aux services fournis aux utilisateurs qu'ils considèrent comme des contrefacteurs », a noté le conglomérat.
Pour eux, « ainsi interprétés, les safe harbor de la DMCA ne laissent pas aux ayants droit une protection conséquente face à la piraterie massive en ligne, contrairement à l’équilibre qu’a voulu apporter le Congrès. Au lieu de cela, les safe harbor, tels qu’interprétés, créent un terrain de jeu fortement biaisé où les fournisseurs de services peuvent choisir de se conformer aux obligations minimales du safe harbor pour recevoir une immunité totale face à une demande de dommages-intérêts, ou alors utiliser les safe harbor comme un bâton dans les négociations d'octroi de licences avec les titulaires de droits d'auteur afin d'obtenir des taux bien en dessous de la juste valeur marchande. Quel que soit le cheminement emprunté par les fournisseurs de service, les détenteurs de droits d'auteur et les créateurs sont nettement désavantagés parce qu'ils ne reçoivent pas une juste part de la valeur générée par leurs œuvres ».
Raison pour laquelle ils en appellent à revoir le processus de safe harbor du DMCA : « le processus extrêmement pénible (et finalement inefficace) d'avis et de retrait n'est guère un échange équitable pour l'immunité très précieuse que les safe harbor de la DMCA donnent aux fournisseurs de services, leur permettant de poursuivre des opérations commerciales rentables tout en évitant la responsabilité pour violation de copyright ».
Ils veulent que la DMCA définisse concrètement, en termes de quantité de jours ou d'heures, la période durant laquelle un contenu doit être supprimé en vertu de la DMCA. Pour l’instant, les FAI sont tenus de supprimer le contenu « rapidement ».
« Même une très courte période d'infraction peut être très dommageable pour les contenus avant ou après la sortie », ont-ils estimé. Aussi, un moyen pour parvenir à un juste équilibre est de filtrer les contenus piratés : « une solution possible à ce problème consisterait à exiger que le fournisseur de services utilise une technologie d'identification automatisée de contenu pour empêcher que la même œuvre ne soit téléchargée dans le futur. Une autre option consisterait à exiger l'utilisation d'une telle technologie pour identifier et prendre des mesures à l'égard des œuvres tierces connues protégées par des droits d'auteur au moment du téléchargement ou du partage ».
Ce n'est pas la première fois que les ayants droit ont demandé le filtrage. En 2015 par exemple, la Authors Guild, un groupe constitué d’auteurs réputés, a exhorté le Congrès des États-Unis à réviser la loi sur le droit d'auteur et exiger que les fournisseurs de services internet surveillent et filtrent l'Internet à la recherche de matériaux piratés, y compris les livres électroniques. Il y a une décennie, la Motion Picture Association of America, une organisation qui a les mêmes fonctions que la RIAA, a également plaidé en faveur des filtres.
Les groupes qui accompagnent la RIAA dans ce combat sont : American Federation of Musicians, American Society of Composers, Authors and Publishers, Broadcast Music, Content Creators Coalition, Global Music Rights, Living Legends Foundation, Music Managers Forum-United States, Nashville Songwriters Association International, National Academy of Recording Arts and Sciences, National Music Publishers' Association, Rhythm and Blues Foundation, Screen Actors Guild, American Federation of Television and Radio Artists, SESAC Holdings et SoundExchange
Source : plainte des ayants droit (au format PDF, pièce jointe)
Et vous ?
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Voir aussi :
USA : la justice a publié une liste d'exceptions à la section 1201 du Copyright Act, pour protéger les chercheurs qui étudient la sécurité des DRM
USA : l'EFF lance une pétition contre la section 1201 du Copyright Act, qui rend illégal le fait d'étudier la sécurité des DRM
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