USA : un décret de Trump sur l’immigration alerte les sociétés de l’IT
qui craignent des conséquences négatives pour les travailleurs étrangers
Les États-Unis sont un pays d’immigrés et où une bonne partie de l’élite intellectuelle n’est pas originaire du pays ; c’est le message qu’a laissé entendre Mark Zuckerberg suite à un décret présidentiel sur l’immigration pris par Donald Trump ce vendredi.
Après son investiture à la Maison-Blanche, le nouveau président des États-Unis a signé un décret visant à imposer des restrictions sur l’immigration dans le pays. Entre autres points, le décret ferme pendant 90 jours les frontières des États-Unis aux ressortissants de sept pays, à savoir le Yémen, l’Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et l’Irak. Cette liste pourrait être élargie à l’avenir sur proposition, à Donald Trump, du département de la sécurité intérieure, en accord avec le secrétaire d’État. Cette mesure signifie que si une entreprise veut embaucher un travailleur dans l'un de ces pays, elle ne sera pas en mesure d'obtenir un visa avant au moins 90 jours. Cela signifie aussi que les détenteurs de visa temporairement à l'étranger pourraient ne pas être en mesure d’entrer à nouveau aux États-Unis.
L’entrée en vigueur de ce décret étant immédiate, certains étrangers avec un visa américain ont été immédiatement bloqués à des aéroports alors qu’ils essayaient d’entrer aux États-Unis. L’administration Trump parle d’une mesure visant à lutter contre le terrorisme, mais les entreprises qui emploient des personnes dans ces pays sont directement touchées.
Les réactions ne se sont donc pas fait attendre dans le monde de la technologie en particulier. D’après Jack Dorsey, le PDG de Twitter, « l’impact humanitaire et économique du décret présidentiel est réel et troublant. Nous sommes bénéficiaires de ce que les réfugiés et les immigrants apportent aux États-Unis », rappelle-t-il, avant d’ajouter : « ce décret va à l'encontre de nos principes ».
Microsoft fait partie des entreprises qui comptent sur de jeunes talents venant des pays étrangers. La firme indique avoir identifié 76 personnes parmi ses employés qui sont des citoyens de ces sept pays et qui sont touchées. Dans un email envoyé à son personnel après la mesure annoncée par Donald Trump, le géant du logiciel tente donc de les rassurer ainsi que tous les autres employés qui en seraient affectés. « En tant qu'entreprise, Microsoft croit en un système d'immigration hautement qualifiée, solide et équilibrée », a écrit Brad Smith, le directeur juridique de la société. « Nous croyons également à des possibilités d'immigration plus larges, comme les protections offertes aux jeunes talentueux et respectueux de la loi dans le cadre du programme Deferred Access for Childhood Arrivals (DACA) », a-t-il assuré.
« En tant qu'immigré et en tant que PDG, j'ai vécu et vu l'impact positif de l'immigration sur notre entreprise, sur le pays et sur le monde », ajoute Satya Nadella dans un message sur LinkedIn. Le PDG de Microsoft promet donc de « continuer à plaider en faveur de cette question importante ».
Rappelant ses origines et celles de sa femme, le PDG de Facebook affirme pour sa part que « les États-Unis sont une nation d'immigrés » et qu’ils devraient en être fiers. Il a donc des inquiétudes à propos des conséquences du décret de Trump. « Comme beaucoup d'entre vous, je suis préoccupé par l'impact du récent décret signé par le président Trump », dit-il. Sa préoccupation concerne surtout les « Dreamers », les personnes bénéficiaires du programme Deferred Access for Childhood Arrivals (DACA) qui leur permet de vivre et de travailler légalement aux États-Unis, et Mark Zuckerberg dit qu’il « espère que le président [Trump] et son équipe garderont leurs protections en place ». D’après le patron de Facebook, Donald Trump croirait en effet que les États-Unis devraient continuer à bénéficier des « personnes de grand talent qui entrent dans le pays ».
Dans un communiqué publié ce weekend, l'Internet Association, qui compte parmi ses membres des sociétés de technologie Google, Amazon, Facebook et Microsoft affirme aussi que le travail des immigrés profite à l'économie et crée des emplois aux États-Unis.
Le prochain décret sur l’immigration : la réforme du visa H-1B ?
Ce décret a été signé alors qu'une autre réforme sur l'immigration visant le visa H-1B est en cours. Le visa H-1B est un visa de travail temporaire créé dans le but de permettre aux entreprises américaines d’embaucher des employés venant de pays étrangers, et ce, en raison de leurs qualifications ou de leurs compétences particulières. L’octroi de ce type de visa chaque année est toutefois limité afin de protéger les travailleurs américains, mais également de préserver la stabilité économique américaine.
Le sujet des visas de travail temporaires pour les étrangers aux États-Unis est revenu sur la scène publique suite à l’indignation de deux anciens employés de la branche IT de Disney, qui ont été obligés de former leurs remplaçants avant de perdre leur poste. Ils ont donné leur témoignage lors d'un rassemblement pendant la campagne de Donald Trump. Ils ont expliqué que 200 à 300 autres employés de Disney auraient perdu leur emploi dans les mêmes conditions et que de nombreux Américains sont mis au chômage parce que d’autres entreprises seraient en train de suivre la même voie que Disney. Profitant de cette occasion, Donald Trump a donc soulevé la question de la réforme du visa H-1B pour sauvegarder les emplois des citoyens américains. Mais ce mouvement d’ensemble des entreprises américaines de l’IT montre également leur éventuelle position face à la réforme du visa H-1B annoncée par Trump.
Sources : Mark Zuckerberg, Satya Nadella, Internet Association, New York Times, Jack Dorsey
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