Primaire de la droite et du centre : ce que proposent Alain Juppé et François Fillon
pour le numérique, l’informatique et la cybersécurité
Que proposent les différents candidats de la Primaire ouverte de la droite et du centre en France ? Alors qu’on tend vers la fin du dépouillement des votes (95 % des bureaux de vote), les résultats provisoires montrent François Fillon et Alain Juppé en tête avec respectivement 44,1 % et 28,6 %. Mais quel est le contenu de leurs programmes pour le numérique ?
Enseignement de l’informatique et de la programmation
Comme c’est la tendance ces dernières années dans de nombreux pays, Alain Juppé propose « d’adapter l’éducation à l’ère du numérique ». D’après son programme, cela passe par « l’introduction des cours de programmation à l’école ». Il prévoit aussi de « favoriser l'utilisation des MOOC dès le primaire ».
François Fillon a quant à lui voulu donner plus de détails sur son plan pour l’enseignement du numérique. Il estime que « l’école doit changer d’ambition, elle doit devenir innovante ». Pour l’école primaire, il veut se contenter de « l’enseignement des rudiments de la pensée informatique en mode connecté et non connecté ». L’enseignement de l’informatique proprement dit devrait donc commencer au collège : « Enseigner l’informatique au collège et introduire l’apprentissage de la programmation, du codage et de l’algorithmique sur le temps alloué à la technologie », a-t-il indiqué dans son programme. Il prévoit « d’enseigner l’informatique à tous les élèves de toutes les filières du lycée, en commençant par généraliser rapidement l’option Informatique et Sciences du Numérique ». François Fillon envisage encore de « développer des formations qui permettent de fournir au marché les 150 000 codeurs par an dont les entreprises du numérique ont besoin ». Pour l’enseignement supérieur, Fillon veut inscrire un module dédié aux techniques de cybersécurité et d’exploration de données (data mining) dans le programme de la plupart des disciplines.
Cybersécurité
Dans le contexte actuel, aucun des deux candidats n’a omis la cybersécurité. Ici, Alain Juppé a décliné quelques points visant à « mettre en place une véritable stratégie de cybersécurité ». Il compte « moderniser les pratiques de l’État face aux cyberattaques », en ayant recours aux Bug Bounty et au renforcement de l'e-police, une cellule composée de gendarmes et de policiers qui traitent les contenus illicites signalés sur Internet. Juppé prévoit aussi de former les magistrats à la cybersécurité. Il envisage également, entre autres, d’instaurer « un Pacte pour la cybersécurité entre l’État et les entreprises pour créer une offre nationale et européenne compétitive. » Il veut en plus renforcer la coopération à l’échelle européenne en soutenant par exemple la création d’une agence européenne de sécurité des systèmes d’information.
François Fillon est également partant pour l’idée de coopération à l’échelle européenne, mais surtout pour les questions liées de cybersécurité, criminalité et terrorisme. Il prévoit dans son programme de « renforcer dans le cadre européen la coordination entre les États, les organisations régionales et le secteur privé afin de faire obstacle, de prévenir et de sanctionner l’utilisation des nouvelles technologies à des fins terroristes et criminelles. » Comme nous l’avons déjà dit dans ses propositions pour le numérique et l’enseignement, Fillon promet d’introduire, dans l’enseignement supérieur, des cours sur les techniques de cybersécurité et d’exploration de données dans le programme de la plupart des disciplines.
En parlant de lutte contre le terrorisme, Alain Juppé envisage quant à lui de « sanctionner effectivement les personnes qui consultent habituellement des sites djihadistes pour mettre fin à l’endoctrinement sur internet ». Il veut également « généraliser l'utilisation des nouvelles technologies (biométrie, reconnaissance comportementale et faciale, etc.) pour faire face à la massification de la menace terroriste. »
Et la question HADOPI ?
En ce qui concerne la lutte contre le piratage des industries culturelles, François Fillon s’est amplement exprimé sur la question. Il ne remet en cause ni la loi HADOPI ni le mécanisme de riposte graduée. Pour lui, HADOPI a joué « son rôle pédagogique, destiné à sensibiliser le plus grand nombre au bon usage de l’Internet et au respect du droit d’auteur ». D’après Fillon, sa création a constitué une première étape dans la lutte contre le piratage, en ciblant les internautes eux-mêmes par des avertissements pédagogiques. Il ne restait plus qu’à engager une nouvelle étape en ciblant directement les acteurs commerciaux, ce que le gouvernement a manqué de faire depuis 2012 en « émettant des messages contradictoires sur sa détermination à lutter contre le piratage ».
« Le principal résultat de ces hésitations [du gouvernement], distillées au fil de multiples rapports, a été de discréditer le caractère dissuasif de la HADOPI, sans pour autant substituer à la « réponse graduée » la moindre action concrète en direction des acteurs commerciaux de l’économie du piratage », dit-il. Fillon pense que les deux approches devraient être utilisées pour lutter contre le piratage : la dissuasion de la « réponse graduée » pour les internautes, mais également un outil pénal et une pression politique pour les acteurs commerciaux.
Un peu discret sur cette question, Alain Juppé n’a pas non plus remis en cause la HADOPI. Mais, il envisage tout de même de « défendre le droit des auteurs et des créateurs et poursuivre la lutte contre le piratage sous toutes ses formes, notamment contre les sites de streaming illégaux. »
Sources : Propositions d’Alain Juppé, Propositions de François Fillon
Et vous ?
Sur la base de leurs différentes propositions pour le numérique, lequel d’Alain Juppé et François Fillon préférez-vous ? Pourquoi ?
Sur quels points chaque candidat a été plus pertinent ?
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