USA : un ordinateur portable sur deux dans les salles de classe est désormais un Chromebook,
d'après les statistiques de Futuresource Consulting
Avec Chromebook, Google a pris une large avance sur ses concurrents aux États-Unis dans le marché de la technologie destinée à l’éducation. Désormais, Chromebook compte pour plus de la moitié des dispositifs présents dans les salles de classe aux É.-U. selon les statistiques d’un rapport de Futuresource Consulting.
« Bien qu’il fût évident que les Chromebooks aient fait une percée significative dans le secteur de l’éducation, cette annonce est franchement très surprenante », a commenté J. P. Gownder, un analyste du cabinet Forrester. « Les Chromebooks se sont frayé un chemin incroyable en l’espace de quelques années, évinçant Microsoft et Apple avec une apparente facilité ».
Des parts de marché qui s’obtiennent bien évidemment aux dépens de ses rivaux : durant les trois dernières années, les parts de marché d’Apple se sont vu diminuer de plus de la moitié. La marque à la pomme est passée de 52 % des parts de marché en 2012 à 24 % des parts de marché en 2015. Microsoft a également perdu des parts, passant de 43 % à 24 %.
Même Google semble surpris par un tel succès. « Ça a été incroyable de voir que cette croissance a eu lieu en un laps de temps aussi court », a avancé Rajen Steth, le directeur de la gestion produit d’Android et Chrome pour l’entreprise et pour l’éducation. « Si vous regardez le marché mondial des dispositifs dans l’éducation, il s’est plutôt beaucoup élargi et les Chromebooks ont énormément profité de cette expansion ».
Des chiffres impressionnants. Les Chromebooks représentent 4,4 millions sur les 8,9 millions de dispositifs vendus aux écoles (primaires et secondaires) et aux écoles de districts. Étant donné que les écoles de district apportent du budget en ligne, mais aussi sur les achats en matériel (PC, tablettes), Mike Fisher, analyste chez Futuresource, estime que « c’est la raison pour laquelle nous voyons cette bataille dans l’éducation, ils savent à quel point le segment de l’éducation est important ». Pour lui, « c’est fondamentalement un combat sur l’entrée de gamme du marché qui fournit de gros volumes ». Un avantage donc pour Google qui propose des prix extrêmement compétitifs et qui va sans doute constituer une bonne partie des 11 millions de dispositifs que les écoles de districts américaines ont prévu d’acheter l’année prochaine.
Google For Education est déjà utilisé par plus de 50 millions d’élèves pour partager des documents ou travailler en collaboration, soumettre des devoirs, faire des projets de recherche. Les Chromebooks viennent quant à eux faciliter l’accès à Play for Education, dont le prix varie entre 199 dollars pour le Chromebook CTL J2 et 249,99 dollars pour le Chromebook Toshiba 2 en plus de 30 dollars de frais de gestion. Ces dispositifs embarquent avec des applications et des livres approuvés par les enseignants et permettent aux administrateurs de partager du contenu de façon individuelle, à toute la classe, voire à toute l’école en un seul clic.
Steth explique que le logiciel permet aux enseignants de proposer des plannings de révision adaptés aux besoins des élèves. Selon lui, les jours où les éducateurs enseignaient la même chose à une classe de 30 élèves sont désormais révolus. « Du temps où nous étions encore écoliers, nombreux d’entre nous étions dans une classe où nous avions 30 élèves. L’enseignant expliquait la même chose aux 30 élèves. Si vous aviez compris le concept, alors il passait à autre chose. C’était comme ça qu’il fallait enseigner. Désormais, nous cherchons de nouvelles façons de le faire ».
Il a évoqué le cas d’Oakland Unified School District, qui a déployé 10 000 Chromebooks dans le cadre de son UPA (Urban Promise Academy) : « ce qu’ils ont été capables de faire c’est de réunir des élèves avec des niveaux différents et ils ont été capables de leur enseigner individuellement. Ils ont défini ce qu’on appelle une classe mixte afin qu’un enseignant se retrouve uniquement avec sept élèves environ. Pendant ce temps, sept autres apprendraient de la Khan Academy, sept autres seraient en train de monter un projet de groupe, sept autres seraient en train d’évaluer leurs compétences pour essayer de situer leur niveau à l’instant donné ».
Pour Gownder, « les Chromebooks sont la proposition parfaite pour l’éducation : ils sont faciles à gérer, sécurisés, peuvent aisément être commutés entre utilisateurs et sont rentables. De plus, de nombreux contenus et logiciels d’éducation ont été optimisés pour une diffusion sur le web ».
Petit bémol : l’ONG de défense des droits numérique l’Electronic Frontier Foundation a porté plainte contre Google auprès de la Federal Trade Commission, l’accusant de violer les droits des élèves utilisant des Chromebooks destinés à un usage éducatif. « Google traque la navigation des étudiants sur internet. Lorsqu’un étudiant se connecte à un compte éducatif et utilise ensuite Google News, Google Books, Google Maps ou YouTube, Google traque cette activité et la collecte sous un profil lié au compte scolaire de l’élève. Malgré sa promesse de ne pas pister les étudiants, Google abuse de sa position de pouvoir en tant que pourvoyeur de services éducationnels pour tirer profit des données des élèves ». Selon l’EFF, Google récolte ces données à des fins publicitaires.
Et pendant ce temps, que prépare la compétition ? Du côté de Microsoft, un rapport de Digitimes Research indique qu’un dispositif sous la barre des 300 dollars est prévu. L’entreprise a signé un partenariat avec Lightspeed Systems, une entreprise qui fournit un service de gestion de dispositif depuis le cloud, afin de permettre aux enseignants de fournir un contenu de programme, gérer les dispositifs et faire des partages des écrans des élèves.
Apple pour sa part a adopté une autre approche : aller à la conquête des enseignants. L’entreprise serait en train de développer une application pour fournir aux enseignants des analyses de données en temps réel sur les élèves dont plusieurs attendent un déploiement au printemps prochain en partenariat avec IBM selon Fisher. « C’est une chose sur laquelle il travaille qui s’avère extrêmement intéressante et pourrait constituer une proposition de vente unique dans le futur. S’ils arrivent à prouver que les analyses des données efficaces peuvent être utilisées pour évaluer les progrès des élèves, alors cela pourrait être un argument de vente très convaincant et unique ».
Source : Futuresource Crowding, plainte EFF, UPA
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