Les internautes sont de moins en moins libres au fil des ans,
d'après une étude de Freedom House
L’ONG new-yorkaise Freedom House a fait un état des lieux sur la liberté sur internet. Cette cinquième édition montre qu’au fil des années les libertés sur internet s’amenuisent tandis que les gouvernements prennent de plus en plus de mesures pour restreindre la liberté d’expression en ligne et/ou surveiller les utilisateurs.
Les éditeurs avancent que les gouvernements intensifient leurs efforts pour contrôler ce qui se dit sur internet en « adoptant rapidement de nouvelles lois qui rendent légitime une répression existante sur la dissidence en ligne ». Sur les 65 pays qui ont constitué l’univers, 19 ont voté de nouvelles législations qui accroissent la surveillance en ligne ou restreignent l’anonymat des utilisateurs. Par exemple en avril 2014, la Turquie a adopté des amendements sur la loi sur ses services de renseignements qui permettaient d’isoler les activités des forces de l’ordre loin du regard des médias ou de la justice. Ces changements autorisent les services de renseignements à obtenir des informations et des données électroniques d’organismes publics, d’entreprises privées et même de particuliers sans avoir besoin de mandat.
En Ouzbékistan et au Nigeria, les gouvernements ont voté pour des lois qui obligent les cybercafés à garder un journal de leurs clients. Dans le cas de l’Ouzbékistan, les propriétaires doivent également garder les historiques de navigation sur une période qui peut aller jusqu’à trois mois. Pour le cas de la Russie, la « loi sur les blogueurs » qui a été adoptée en mai 2014 a augmenté la surveillance du gouvernement sur les utilisateurs des médias sociaux en exigeant de toute personne qui tient une page avec plus de 3 000 visiteurs journaliers de s’enregistrer auprès du régulateur des télécommunications.
Freedom House note que « depuis le retour de Poutine à la présidence en 2012, le gouvernement a promulgué plusieurs lois pour bloquer des contenus en ligne, y compris les médias critiques ou d'opposition. Les particuliers sont assujettis à des poursuites et à la violence physique pour leurs activités sur Internet et la surveillance de plus en plus étendue faite sur les TIC manque d’un contrôle judiciaire suffisant. »
La Turquie a été placée sur le même pied d’égalité que la Russie : « les autorités ont fermé YouTube, Twitter et d’autres plateformes pendant des mois – voire des années – à un moment. Les journalistes d’éditoriaux en ligne ainsi que les utilisateurs de médias sociaux étaient de plus en plus la cible de poursuites et d’agressions ».
Mais qu’est-ce qui peut expliquer le fait que de plus en plus de gouvernements montent au créneau et prônent la surveillance sur internet ? Un petit indice ? Snowden. D’après le rapport, « certains États utilisent les révélations de surveillance généralisée par la National Security Agency (NSA) comme une excuse pour augmenter leurs propres capacités de surveillance, parfois avec peu ou pas de contrôle, d’autres fois pour garder un œil sur l’opposition politique et les militants des droits de l’homme ».
Concernant les menaces émergentes, le rapport met en garde contre la localisation des données – stockage de l’information des utilisateurs à l’intérieur des frontières de leur pays -, chose que quelques pays ont commencé à mettre en œuvre depuis qu’il était évident que la NSA récoltait le maximum d’informations possible. Freedom House ne voit pas cette tendance d’un bon œil : « ces mesures coûteuses pourraient exposer les données des utilisateurs à l’application des lois locales ».
Dans la colonne des bonnes nouvelles, les révélations sur les exactions de la NSA ont permis aux organisations de la société civile d’avoir une plus grande sensibilisation du public lorsqu’elles parlaient de ce que les autorités nationales sont capables de faire : « les utilisateurs ordinaires à travers le monde sont devenus plus engagés dans la sécurisation de leur vie privée et de leur liberté d’expression en ligne. Dans certains cas, des campagnes de longues durées débattant de la liberté de l’internet ont finalement eu l’audimat nécessaire pour être couronnées de succès ».
Les 65 pays qui ont constitué l’univers dans le rapport ont été notés sur une échelle de 0 à 100, 0 représentant un maximum de liberté (moins de contrôles) et 100 un minimum de liberté. En tête du classement des pays les moins libres figure l’Iran qui enregistre un formidable 89 / 100, suivi par la Chine et la Syrie enregistrant respectivement 87 et 88 points.
Quel est le pays le plus libre ? L'Islande, apparemment, avec une note de 6 points, suivie par l'Estonie (qui a annoncé cette semaine qu'elle offrirait l’e-citoyenneté) avec 8 points. Ensuite vient le Canada avec 15 points, puis l'Australie et l'Allemagne qui sont ex æquo avec 17 points chacun. La France s’offrira la septième place avec 20 points.
Source : rapport Freedom House (au format PDF)
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