OIP : une coalition d’acteurs européens attaque à nouveau Google
pour abus de position dominante
Rassemblés au sein de l’Open Internet Project (OIP), 400 acteurs du numérique européens (start-up, éditeurs en ligne, associations de consommateurs, etc.) parmi lesquels Axel Springer, Lagardère Active ou encore CCM Benchmark, ont annoncé leur intention de déposer une plainte contre Google auprès de la Commission européenne, pour abus de position dominante. Une fois de plus, le moteur de recherche est accusé de promouvoir ses propres services et de dégrader ceux de ses concurrents. L'OIP revendique des membres dans une quinzaine de pays d’Europe.
Articulée avec l’enquête européenne ouverte il y a trois ans et demi, « la plainte met en avant de nouveaux excès de Google et apporte des preuves de leur danger, tant pour une concurrence équitable que pour les consommateurs finaux », indique l’OIP dans son communiqué. Cette nouvelle plainte, qui détaille plusieurs pratiques anti-concurrentielles, comme le détournement de trafic, vient compléter 18 procédures en cours à Bruxelles contre Mountain View.
Après trois ans de procédure, le commissaire européen à la Concurrence Joaquin Almunia avait indiqué en février que des concessions proposées par Google pour assurer une meilleure visibilité en ligne de ses concurrents, par exemple dans le domaine de la recherche de voyage ou de restaurants. Ils étaient satisfaisants aux yeux de la Commission qui n'avait pas prévu de troisième test de marché, ou consultation des concurrents.
« A la lumière des anciens et nouveaux excès commis par Google, l'OIP considère que le troisième paquet de propositions avancé par Google est insuffisant et qu'il renforcerait encore davantage sa position dominante », souligne l'OIP dans un communiqué.
À l'approche des élections européennes, les membres de l'Open Internet Project souhaitent donc profiter de cette période, aussi délicate que médiatisée, pour s'attaquer à Google face à l'échec de la Commission européenne. « C’est un sujet d’importance mondiale. Google, moteur de recherche en situation de monopole, géant de l’Internet, manipule les résultats de recherche afin de promouvoir ses propres services et dégrader ceux de ses concurrents. Cette situation est inacceptable. L’existence même d’entreprises numériques innovantes, créatrices d’emplois dans tous les pays de l’Union Européenne, est menacée si ces abus de position dominante d’un moteur de recherche en situation de monopole ne sont pas interdits » explique l'OIP.
Le mois dernier, Mathias Döpfner, P-DG du groupe de presse allemand Axel Springer, éditeur de Bild et Die Welt, a publié une lettre ouverte destinée à Eric Schmidt, où il expliquait que la situation actuelle est telle que le rapport de force entre Google et les autres sites est disproportionné. Il n'y a pas de rapport d'égal à égal, mais uniquement de dépendance pure. « Si Google change un algorithme, il peut écraser une de nos filiales en quelques jours et réduire son trafic de 70 %. Il s'agit d'un cas réel. Et si cette filiale est un concurrent de Google, c'est bien sûr une coïncidence. ». Raison pour laquelle pour lui, s’attaquer au moteur de recherche est d’une importance vitale : « nous avons peur de Google. Je dois le dire clairement et honnêtement, car pas un de mes collègues n'ose le faire publiquement »
Benoît Sillard, le PDG de CCM Benchmark, s’est prononcé pour « la mise en place d'une sorte d'autorité de régulation qui permettrait de contrôler de manière beaucoup plus réactive qu'aujourd'hui les agissements de Google » et estime qu'il faudra « probablement aller vers une séparation des activités » de Google, entre son moteur de recherche et les autres. « Ou bien on est capable d'obtenir que Google respecte les règles d'une compétition équitable ou bien alors oui, il faudra demander le dégroupage de Google », a déclaré Denis Olivennes.
Source : OIP, lettre ouverte de Mathias Dopfner (traduction de l'Allemand par Google)
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