Le minotaure d'aujourd'hui
Auto-entrepeneurs, croissance et décroissance d'activité, concurrence déloyale de ceux qui ont un emploi, droit au travail, mon regard sur la société française ...
Le système qui consiste à taxer le travail est dans son principe absurde. Avec quoi consomme-t-on ? avec le fruit de son travail. Les dépenses sociales et fiscales, qui sont absolument nécessaires, doivent donc s'appuyer sur ce que les gens ont encaissé et non pas sur ce qu'ils vont peut-être encaisser. Le système des auto-entrepreneurs est ce qui se rapproche le mieux d'un meilleur principe.
Le problème vient du fait que le système général repose sur un équilibre de plus en plus bancal issu des résolutions successives de luttes sociales. Faire payer l'entreprise qui ne vote pas, plutôt que le salarié qui vote, est parfaitement démagogique sur le plan politique... mais c'est plus facile. Faire payer l'entreprise plutôt que le salarié est une illusion pour le salarié. C'est pris sur la masse salariale. Mais cela va dans son sens des luttes sociales : les patrons doivent payer par l'autre bout, s'ils ne payent pas de salaires assez élevés. C'est logique mais cela inverse ce qui devrait être... si les "patrons" étaient tous équitables....
Alors que faut-il faire ? Notre système en terme de résultat social est meilleur qu'ailleurs, mais nous pénalise au plan international. Il nous pénalise aussi au plan de l'initiative économique. L'auto-entrepreneuriat le montre à contrario. Il faudrait envisager le principe de la TVA sociale et celui du développement de la CSG. J'ai une formation comptable et sur le plan comptable c'est là que se trouve la solution assurément, à condition que les employeurs et l'Etat soient honnêtes et répercutent d'un côté ce qui est récupéré de l'autre. C'est le nœud du problème et là la gauche et surtout les "grands" syndicats pètent de trouille, non sans raison, et refusent donc de s'engager pleinement dans ces voies. (C'est pourtant la gauche qui a développé la CSG telle qu'elle est). Il va falloir dépasser ces peurs. Trouver la confiance sociale.... après des décennies de méfiances ?
Par ailleurs citation de Wiképédia
(article Droit au travail):
"Le droit au travail a ensuite été proclamé dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 : « Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. » (article 23).
Il est aussi inclus dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966 (art. 6), Charte sociale européenne de 1961 (art. 1), de même que dans la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981 (art. 15).
De même, la Constitution de 1946 affirme : « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi », droit qui est repris dans la Constitution de 1958 qui fonde les bases de la Ve République."
L'auto-entreprise matérialise un droit fondamental car c'est ce qui se rapproche le plus du droit individuel au travail. On doit pouvoir travailler en n'importe quelle circonstance sans avoir aucune entrave, financière ou autre, pour le faire.
Enfin, corollaire sous-jacent, l'autoentreprise est la seule solution pour des gens en situation précaire. Cela gêne ceux qui ne comprennent pas que l'économie ne commence pas avec un emploi à plein temps au SMIC bien organisé et encadré, mais avec un emploi pour quelques heures dès qu'on peut les attraper. Ceux qui ne comprennent pas que la société n'est pas une colonie de vacances ne comprennent pas que là où certains croissent économiquement d'autres ont nécessairement besoin de décroître décemment. Une personne jeune a besoin de croître, une personne âgée a besoin ou décroit nécessairement y compris dans son activité. Idem quand le facteur santé, le facteur engagement familial ou associatif, etc entre en jeu. Il faut sortir de l'homme économique unidimensionnel pour comprendre la nécessité que pose l’auto-entrepreneuriat.
Les solutions économiques qui n'envisagent pas le tout petit qui devient grand ou le grand qui redevient petit ou même le tout petit qui reste petit transforment notre société en un albatros condamné à méditer sa gloire passée et à rêver de ré-enchanter l'avenir ...
Pour ma part j'ai relevé la tête grâce à ce statut, là où le statut d'indépendant classique m'avait enfoncé. Les faits seraient-ils moins probants que les théories ?
Cet aspect m'amène à d'autres considérations liées :
Je suis atterré de voir que des hommes politiques (ou des femmes en ce qui concerne la jeune ministre de service pour aller au casse pipe contre les auto-entrepreneurs), tous bords confondus, ne comprennent pas cela. Ils rêvent que la société soit comme dans les trente glorieuses... mais ils oublient un détail : les trente glorieuses sont parties de rien au sortir de la guerre, et surtout elles sont parties sous la perfusion américaine et en pillant nos colonies, puis l'Afrique indépendante naissante... Le modèle a cassé à partir de 1973 quand des producteurs de pétrole arabes ont commencé à dire que ce pillage suffisait ! Et les pétroliers de la françafrique s'y sont pliés volontiers : l'argent continuait d'aller dans leur poche... mais la société occidentale commençait de payer là où elle payait très peu... et le chômage occidental a commencé à croître en même temps que la bancalisation de la société française.
Donc l'idéologie du plein emploi garanti par l'encadrement sociétal repose sur la nostalgie d'une période dont les fondements économiques étaient malsains : la sortie d'un état de guerre. De plus dans une société qui vieillit, le dynamisme des jeunes, dont le nombre diminue en proportion de la population, est contrebalancé par la fatigue des vieux qui augmentent. Globalement leurs croissances et décroissances s'annulent. La croissance ne se décrète pas, mais elle repose sur le calcul du PIB. Et le PIB n'est en aucune manière un critère de richesse, mais un critère d'activité, mesurable uniquement si chaque acte économique est enregistré par l'Etat. (Au passage ce n'est pas le cas dans les sociétés dont l'Etat est faible, voire affaiblis par les pays à Etats forts, ce qui ne signifie pas qu'il n'y a pas d'activité... elle n'est seulement pas mesurée.)
Exemple : Vous construisez une voiture. Vous créez du PIB. Elle est achetée, le client crée du PIB. Il roule avec, paye son assurance et son essence, l'entretient. Il crée du PIB. Il a un accident. Objectivement c'est une perte de richesse, parfois même une perte de santé en plus, voire une perte totale d'énergie économique si le client meurt. Mais cela crée encore du PIB pour réparer la voiture, à travers le PÏB généré par l'assureur et le garagiste, cela crée du PIB pour soigner les blessés, acheter le matériel de soins, les ambulances, payer les salaires des personnels qui vont aspirer de la production de PIB avec ce pouvoir d'achat... etc... Le PIB compte en positif ce qui est négatif comme en positif ce qui est positif. Il ne mesure que de l'activité, que cette activité soit pertinente ou pas, qu'elle crée des richesses ou qu'elle en répare. On ne comptabilise pas les pertes dans le PIB. Il faudrait enregistrer des "valeurs retranchées" parallèlement aux "valeurs ajoutées".
Mais tout le monde, y compris et en premier lieu les politiques, continue de croire qu'il suffit d'un gros PIB pour être riche.... C'est pas sûr du tout. Le seul objectif qui devrait compter c'est que chacun puisse agir et non pas que chacun puisse d'abord jouir. Non pas qu'il ne faille pas jouir, mais il ne faut pas tuer la poule aux œufs d'or si on veut continuer d'avoir de l'or, et il ne faut pas prendre de l'agitation pour de l'activité et encore moins pour de la richesse.
En guise de conclusion incidente ceux qui produisent de la richesse de plus en plus rare, se la voient pompée par les multi-propriétaires de l'immobilier, s'enrichissant passivement et donc de façon improductive, qui entendent ne pas être solidaires du reste de la société... et même compenser par là ce qu'ils perdent ailleurs. C'est immoral et la encore couve une belle poule aux œufs d'or. La retraite nous tue aussi à travers ceux qui gèrent ses capitaux et ces gestions de participations dans des entreprises exigeant des rendements financiers sur-multipliés qui détruisent des emplois... une autre poule aux œufs d'or.... Bref je suis déjà très long....
Vive le statut de l'auto-entreprise ! La première des concurrences déloyales est d'empêcher les autres de travailler pour garder pour soi les revenus d'un secteur. Tous les syndicats professionnels doivent battre leur poulpe ici. "Numerus clausus", espace professionnels réservés, seuils de protection, barrières de diplômes et de comportements, etc sont autant de pratiques générales qui sont particulièrement développées et stériles en France. Et pour ma part je pense que c'est de nature criminelle.... mais totalement admis et bien vu, quand ce n'est pas protégé par la loi. Pour notre malheur. Ce statut de l'auto-entrepreneur est une faille pour cette espèce de mafia mentale anonyme qui imprègne tant d'esprits "si biens" de notre France si étranglée.
Publié sur mon site : Le minotaure d'aujourd'hui
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