[Euthanasie] Vincent Humbert

**Gilles Louïse** · 26/04/2006, 10h08

Vivant en stagnation sans mouvoir aucun membre,
Inertement sondé sur un lit de raccords,
Ne me restait qu’une ouïe à distance des Morts
Comme ultime impression d’un vingt-quatre septembre.

Et cette vie perdue, qu’on a voulu me rendre,
Ne fut que pulsations aux forces du Dehors,
Tétraplégique, aveugle, alité sur mon corps,
Honteusement tenu sans pouvoir m’en défendre.

Un projet littéraire éclaira mes espoirs.
Ma mère m’assista des matins jusqu’aux soirs,
Baisant d’amour les doigts de ma main presque éteinte,

Elle avait sur mon pouls la lettre du Désir.
Rassure-toi, Marie, tu seras toujours Sainte :
Tu m’as rendu la Joie en m’aidant à mourir.

**Hephaistos007** · 26/04/2006, 10h43

**henderson** · 26/04/2006, 15h53

**ogenki** · 26/04/2006, 15h54

Envoyé par henderson

+1

**Médiat** · 26/04/2006, 15h58

C'était indispensable, et en plus c'est parfaitement fait...

**allyson** · 26/04/2006, 16h28

c'est magnifique (triste mais magnifique)!
bravo

**Gilles Louïse** · 27/04/2006, 14h08

Merci à vous tous de vos applaudissements qui me vont droit au coeur.

Ça fait toujours plaisir de voir qu'il en est encore certains qui savent apprécier notre belle langue française à l’heure du SMS et aussi aborder à la loyale toutes sortes de problème.

Comme je le dis souvent - et ceux qui aiment les formules bien ficelées peuvent l'ajouter à leurs tablettes : la valeur d'un individu se mesure à la quantité de vérité qu'il est capable de s'assimiler.

Il n'y a guère que mon sonnet sur le Pape, au moment de la mort de Jean-Paul II, qui ait été censuré ici par crainte d'un troll, m'avait-on répondu quand j'ai posé la question au responsable. J'avoue ne pas trop savoir si troll il y eût eu, ne lisant pas dans le marc de café, étant donné qu'un seul internaute, si j'ai bonne mémoire, avait réagi à cet écrit au moment de l’effacement du message. Ce fait m'avait assez amusé puisque ce même poème avait été validé par les censeurs dans un autre forum modéré, sans provoquer d’ailleurs ni troll ni tollé général, mais il est vrai que s'agissant de religion, je ne fais pas dans la dentelle et qu’il eût pu se faire que ces propos à l’emporte-pièce choquassent ou émussent les âmes par trop sensibles susceptibles d’ici sévir peu ou prou.

Quoi qu'il en soit, merci encore à vous et à bientôt
Gilles

**r0d** · 27/04/2006, 14h25

Magnifique.
Ton sonnet acrostichtisque (ou devrais-je dire acrostiche sonnétifiant) est fichtrement bien échaffaudé!! J'imagine que tu as dû y passer un sacré bout de temps non?

**calogerogigante** · 27/04/2006, 15h03

Très bel acrostiche !

J'apprécie énormément, sur un sujet très sensible...

Je salue bien bas ce travail d'écriture.

**L.nico** · 27/04/2006, 15h11

Envoyé par henderson

un grand bravo !!! c'est magnifique ....

**Betatesteur** · 27/04/2006, 15h23

c'est pas donné à tout le monde de magner l'art de la plume.
BrAvO

**Gilles Louïse** · 27/04/2006, 15h29

Envoyé par r0d

J'imagine que tu as dû y passer un sacré bout de temps non?

Ça ne peut certes pas s’écrire directement puisqu’il faut prévoir et calculer sans en donner l’impression et y aller à tâtons avec divers essais et corrections. Ce n’est pas si facile car il faut en plus que l’expression soit claire et aisée, on peut certes tolérer une formulation poétique dans un tel cadre à condition que ça ne paraisse ni forcé ni guindé. Comme je le dis ailleurs :

Tout doit être élégant, limpide et homogène
Sans heurt d'aucune sorte et sans la moindre gêne
Ni dans l'ordre des mots ni dans celui des faits
Ni dans l'économie globale des effets.

Donc, pour vous répondre, il me faut, pour ma part, y penser, pas forcément y travailler en me prenant la tête devant une feuille raturée mais simplement y penser, plusieurs heures par jour pendant plusieurs jours. Une fois qu’on est en possession d’une première version, la malaxer, la pétrir, la peaufiner, la polir ad unguem...

Ça ne peut pas trop s’expliquer. Pour la versification, il faut surtout lire et bien connaître les grands classiques, surtout à mon avis le théâtre puisqu’il exige beaucoup plus de souplesse et d’immédiateté dans la compréhension.

Cela dit, la seule règle, c’est qu’il n’y a pas de règle.

À bientôt
Gilles

**calogerogigante** · 27/04/2006, 15h32

Envoyé par Betatesteur

magner l'art de la plume.

"manier"

**lper** · 27/04/2006, 16h51

Bravo,

tu me donnes envie d'écrire ceci :

Tout comme les autres pendus à ton oraison
Je me laisse choir dans ces méandres funestes
L'envie monte en moi d'un être plus modeste
La sagesse élira la raison à la pendaison

**Le Pharaon** · 27/04/2006, 17h03

Paroles sage

**Trap D** · 27/04/2006, 17h04

Envoyé par Gilles Louïse

Tout doit être élégant, limpide et homogène
Sans heurt d'aucune sorte et sans la moindre gêne
Ni dans l'ordre des mots ni dans celui des faits
Ni dans l'économie globale des effets.

À bientôt
Gilles

Envoyé par Boileau

Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement Et les mots pour le dire arrivent aisément."
L'art poétique

Que préfères-tu entre être un poète (philosophe, musicien et latiniste distingué aussi je crois) et être un informaticien ?

**calogerogigante** · 27/04/2006, 17h06

Les deux ne sont pas incompatibles, heureusement...

J'écris aussi des poèmes, et je bidouille sur les ordinateurs...

Si les PC m'empêchaient d'explorer les autres domaines artistiques, je crois que je ne serais pas informaticien.

Qu'en penses-tu, toi, Gilles ?

**Gilles Louïse** · 27/04/2006, 18h46

Envoyé par Trap D

Que préfères-tu entre être un poète (philosophe, musicien et latiniste distingué aussi je crois) et être un informaticien ?

L’informatique m’a permis de gagner ma vie, ce qui n’a jamais le cas de la poésie. Cela dit, je ne me considère pas comme poète, n’étant que très velléitaire dans ce domaine, je manie simplement la langue française avec un minimum de correction, ça s’arrête là. On peut certes toujours discuter puisque poésie et poème viennent du verbe grec poiein, qui signifie tout simplement faire, ce qui donne poiesis, action de faire, et poiema, le poème. Un poète est un faiseur. Donc, comme il se trouvera toujours quelqu’un pour me dire que je fais…

Toute personne qui lit sérieusement, arrive fatalement à des résultats. Lire et relire, surtout les grands littérateurs et les grands penseurs de toutes époques, me paraît être un bon point de départ. Et la comparaison avec d’autres langues, modernes ou anciennes, ne peut qu’affermir ce tissu. C’est un choix, tout le monde ne voudra pas accorder un certain temps, fatalement régulier, à ce type d’étude. D’autres préfèrent se balader dans un parc : ambulo ergo sum.

Je ne me dirais pas philosophe car être philosophe implique d’avoir créé un système ou un mode de pensée, en principe par écrit (Socrate fait exception), ce qui n’est pas mon cas. J’ai simplement étudié un peu dans ce domaine.

Mais musicien, oui, guitariste classique, depuis toujours. Latiniste aussi, mon site personnel étant dédié à l’Éthique de Spinoza, bien qu’il s’agisse d’un latin tardif. Encore que Spinoza ne s’éloigne pas trop de la latinité classique.

Difficile de dire ce qu’on préfère être, tout est plus ou moins lié. Si vous êtes un peu poète, vous ferez de l’informatique plus ou moins en poète c’est-à-dire que la structure et la clarté d’un développement, incluant les commentaires, la documentation et la façon d’aborder les problèmes et de les expliquer aux utilisateurs, auront quelque chose de poétique. On ne peut pas se refaire.

Cela dit, pour finir, je ne crois pas trop au verbe être, comme l’a très bien vu Nietzsche, on ne fait que devenir ce que l’on est : wie man wird, was man ist, comment est-ce que l’on devient ce que l’on est (en exergue d’Ecce Homo)

En tout cas, merci bien à tous, et à bientôt
Gilles

Xo · 27/04/2006, 19h17

Très émouvant ... merci

**Arnaud F.** · 27/04/2006, 19h31

Très belles paroles

[Euthanasie] Vincent Humbert

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