SAP : « Il faut faire simple, rapide, et sur mesure »
Bill McDermott, co-CEO, revient sur les grandes mutations en cours de l’éditeur allemand
De passage à Paris, Bill McDermott – un des deux co-PDG de SAP - a fait le tour des sujets qui conditionnent l’avenir de l’éditeur allemand. La conférence de presse s’est tenue au SAP Forum qui s’est déroulé le 31 mai au CNIT de La Défense.
Parmi la myriade de sujets, Bill McDermott a confirmé son ambition dans les bases de données. Avec le rachat de Sybase, SAP a un objectif clair : devenir le leader de ce secteur dominé actuellement (en valeur) par son grand concurrent Oracle et en unité par Microsoft.
« Dans le monde, nous avons la plus forte croissance [NDR : sur les SGBD] ». SAP revendique même la première place en Chine, où l’existant est très faible et où les clients n’ont donc pas à décider de migrer mais à choisir leurs premières bases.
Même ambition dans le Cloud. Les dirigeants ont décidé de racheter Ariba, spécialisé dans les applications de gestion commerciale, après avoir mis la main sur SuccessFactor, spécialisé lui dans la gestion des ressources humaines. « Soyons honnêtes : nous n'étions pas bons dans le Cloud. Nous avons eu recours aux acquisitions parce qu’il fallait aller vite. Le marché évolue très rapidement ».
Les équipes d’Ariba amèneront donc un savoir qui manque en interne à SAP. Le but affiché est de séduire les PME avec des produits qui ne demandent pas de coûts d’entrée importants (paiement à l’usage) contrairement aux applications traditionnelles de l’allemand (qui nécessitent d’acheter des licences souvent à un prix élevé).
Résultat, SAP confirme qu’il entend réaliser 2 milliards de chiffre d’affaires dans le SaaS d’ici 2015. Formulé différemment, cela signifie que les offres hébergées réaliseront 20% de sa croissance d'ici cette date. Et sur un modèle de plus en plus hybride (mélange d’applications sur site et hébergées) qui n’est pas sans rappeler la stratégie de Microsoft.
SAP World Cloud par Mark Madsen
« Il va y avoir 3 milliards de nouveaux clients potentiels d’ici 2030 », prédit Bill McDermott, « la question est de savoir comment les toucher. La question ne concerne pas que des entreprises du CAC 40, mais aussi les sociétés de tailles moyennes ».
Plus largement, le dirigeant américain voit le mouvement de numérisation et de dématérialisation de l’entreprise comme une vague irréversible qui enverra par le fond ceux qui ne sauront pas surfer sur elle. « La digitalisation doit être concrétisée dans votre société, ou vous allez perdre », prophétise-t-il.
Et bien évidemment, SAP est un partenaire central pour réaliser cette mutation.
Cloud, base de données, ERP, prévisionnel (avec Business Objects), mobilité avec Mobile Unwired Platefom, le SAP Store ou Afaria par exemple (« 80 % de nos clients laissent leurs salariés utiliser leurs terminaux nomades privés dans l'entreprise - le Bring Your Own Device - mais seulement 10 % d'entre eux ont mis en place un contrôle pour les sécuriser »), le portefeuille de l’éditeur ne cesse de s’étoffer.
Sans oublier le Big Data (« nous générons aujourd’hui en 12 heures autant de données qu'entre l'origine de l'humanité et l’année 2003 »). Son nouveau fer de lance, HANA (High-Performance Analytics Appliance), la solution maison de In-Memory Computing de SAP, afficherait des premiers résultats exceptionnels : « c’est le produit qui affiche le plus fort taux de croissance de notre histoire », se réjouit Bill McDermott. « Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 160 millions d’euros et plus d’1 milliard d’euros de commandes sont actuellement en discussion ».
Un des points forts de cette technologie est de pouvoir fonctionner avec des applications autres que celles de SAP. « Mettez HANA dans votre Cloud privé et il tournera aussi vite que les nôtres ! », invite le co-PDG. « Des clients l’utilisent déjà pour faire tourner d’autres solutions BI que Business Objects … mais je n’ai pas encore l’autorisation de les citer, désolé ».
Bill McDermott, co-CEO de SAP
Face au contexte macro-économique général, la ligne de SAP reste la même : la crise redistribue les cartes et la période récompensera ceux qui sauront prendre le risque d’investir dans des solutions innovantes. Sous-entendu, comme celles de SAP.
« Je crois que le monde a changé. Il est devenu cyclique. Les dirigeants doivent aujourd’hui apprendre à gérer les temps difficiles mais ils doivent aussi s’adapter à un contexte qui est désormais en perpétuel changement », analyse Bill McDermott.
Un constat qui concerne d’ailleurs SAP lui-même : « nos clients veulent plus de relations directes avec nous et pas simplement qu’on leur vende des licences supplémentaires. Nous devons leur apporter plus de valeur ».
Comprendre, plus dialoguer, analyser leur business et mieux les accompagner. Bref, les aider à fournir et à utiliser des services qui répondent aux trois mots clefs qui traduisent les exigences du moment : « rapidité, simplicité, personnalisation ».
Une révolution pour SAP ? Dans une certaine mesure.
Une chose ne changera pas en revanche, l’éditeur ne chamboulera pas sa grille tarifaire. Car si la « consumérisation de l’IT » (utilisation de technologies grand public en milieu professionnel) est à l’œuvre un peu partout et a pour conséquence de faire baisser les prix moyens des applications – y compris professionnelles - ce mouvement épargnerait les applications critiques. Le prix de la réputation allemande.
Source : Developpez.com, Conférence de Presse, Bill McDermott, 31/05/12, Paris - La Défense
Partager