Les politiques connaissent-ils l’IT ? Et le prennent-ils suffisamment en compte dans leurs programmes?
Non pour le Syntec Numérique, qui avance 5 propositions pour le secteur
Les politiques ne prennent pas suffisamment en compte l’industrie du logiciel, ou en tout cas ils ne la considèrent pas comme centrale dans leurs projets. C’est en substance ce que dénonce le Syntec Numérique dans un «Livre Blanc/Livre Noir» sur le secteur.
Pour les auteurs du document, les choses sont claires. L’IT en France est « une industrie mal comprise » par les pouvoirs publics. En pleine période électorale, le syndicat patronal a donc décidé d’agir et d’avancer cinq propositions pour changer la donne.
La première est la création d’un statut d’entreprise spécifique pour les créateurs de logiciels. « L’éditeur de logiciels est à la fois entreprise de croissance, société industrielle et activité de recherche et développement. Cette particularité nous conduit à proposer l’instauration d’un statut propre à la société créatrice de logiciels ». Ce statut devrait exonérer le plus possible les frais de R&D et de formation pour une industrie en mouvement permanent.
La deuxième part du constat que les développeurs français sont bons, mais ne s’occupent pas assez du marketing. Le Syntec Numérique propose donc un « pack » spécial de formation pour « faire en sorte que les créateurs de sociétés éditrices de logiciels soient mieux formés au management d’entreprise et aux techniques de marketing en leur apportant la vision concrète de dirigeants expérimentés ».
Troisième axe, qui vaut d’ailleurs pour tous les secteurs, l'organisation appelle les pouvoirs publics à centraliser en un guichet unique toutes les démarches administratives. « Il couvrirait les grandes préoccupations des entrepreneurs, quel que soit leur secteur : financement, internationalisation, fiscalité, formation, juridique, recrutement ».
Le Syntec regrette également que rien ne soit fait dans l’éducation pour répondre aux besoins d’une industrie à forte croissance et à forte valeur ajoutée. « Écoles et universités, censées produire les profils plus traditionnels – de chef de projet ou marketing produit – proposent des formations peu adaptées aux besoins spécifiques du secteur, parce que trop techniques et pas assez ouvertes sur les applications concrètes des technologies ». Pour y remédier, l’organisation appelle à favoriser les doubles cursus (ESC-Ingénieur) et le dialogue entre Éducation Nationale et professionnels du secteur pour quasiment créer une nouvelle filière.
Cinquième et dernier point, la France n’a pas de Silicon Valley. « Il n’existe pas de site à l’échelle nationale où puissent cohabiter et se rencontrer les différents acteurs de la filière : organismes de financement, start-up, grands éditeurs nationaux et internationaux, organismes d’accompagnement au développement international, universités, écoles, etc. ». Pour les auteurs du rapport, il est donc urgent de mettre en place des « clusters ».
Autrement dit, de « réunir sur un (ou plusieurs) sites toutes les forces qui peuvent concourir à la création d’une dynamique de croissance de l’industrie ».
Des propositions objectivement intéressantes, mais objectivement aussi assez peu nouvelles. Et qui risquent bien de rester une nouvelle fois lettres mortes. La faute à des politiques qui ne connaîtraient pas assez les nouvelles technologies et qui sous-estimeraient leurs potentiels d’emplois ?
Un point de vue que le Syntec n’affiche pas aussi clairement, mais qu’il exprime finalement très diplomatiquement en concluant qu’« il est regrettable que ce secteur clé, socle de l’économie numérique et moteur de la croissance nationale, reçoive assez peu d’attention de la part des pouvoirs publics, alors que des dispositifs législatifs et fiscaux appropriés enclencheraient une dynamique de croissance dans toute l’industrie qui profiterait à la jeune pousse comme à l’entreprise internationale ».
De quoi interpeller les candidats à la présidentielle ? Pas sûr.
Télécharger « Le Livre Noir et Blanc du Logiciel »
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Que vous inspirent les 5 propositions du Syntec Numérique ?
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