Comme il n'y a pratiquement pas de forums dédiés aux professionnels du Québec, je me suis dit que ce sujet pourrait peut-être intéresser des gens ici. Comme le génie logiciel n’est pas encadré au Québec par un ordre professionnel (ni ailleurs dans le monde) au sens légal, l'OIQ (Ordre des Ingénieur du Québec) veut encadrer le génie logiciel ainsi que d’autres domaines. D’importantes ressources ont été déployées par l'ordre (OIQ), l'Office des Professions du Québec (OPQ) et le conseil des professions pour effectuer une refonte de la loi sur l'ingénieur. Depuis plus de 15 ans, l'OIQ et le comité mis surplace par l'OPQ soumet des projets mais se fait refuser par l'autre ou par une opposions très forte. Bref, beaucoup d’investissement, mais il semblerait que ce projet pourrait aboutir bientôt, selon un article publié par lesaffaires.com.
D'abord, pour comprendre la mise en situation, il faut savoir que le titre d'ingénieur est un titre réservé et protégé au Québec. L'Ordre des Ingénieurs du Québec (OIQ) est assez fermé. Il faut savoir que ceux qui ne sont pas de baccalauréat en génie (génie logiciel, génie informatique, génie mécanique, etc) n'ont pratiquement pas accès à cet ordre, donc n'ont pratiquement pas accès au titre d'ingénieur. Ceux qui ont un baccalauréat (Bac) en sciences peuvent y avoir accès avec un processus très long et très coûteux. Beaucoup de scientifiques abandonnent ce processus. En d’autres mots, aucun effort ne semble être fait de la part de l’OIQ pour intégrer les scientifiques universitaires. Par conséquent, la très grande majorité des informaticiens n’ont pas le titre d’ingénieur. Bref, on tente de s’emparer de pratiques professionnels avant même d’intégrer les professionnels concernés, ce qui est assez étrange.
Présentement, les ingénieurs logiciels, au Québec, sont une tout petite minorité par rapport aux informaticiens qui n’ont pas le titre d’ingénieur. Malgré cela, cela ferait en sorte que les informaticiens devraient retourner sur les bancs d’école pour obtenir alors qu’ils ont déjà les compétences nécessaires pour exercer leur profession.
Voici des articles intéressants concernant ce sujet :
- http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9nie_logiciel (voir la section Situation professionnelle du génie logiciel au Québec, Canada)
- 2010 : http://www.lesaffaires.com/dossier/n...en-2011/519038
- 2006 : http://technaute.cyberpresse.ca/nouv...intervenir.php
- 1999 - Travaux parlementaires : http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-p...859/index.html
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En gros, voici ma position personnelle concernant la situation au Québec :
Contre l’encadrement du génie logiciel par l’Ordre des Ingénieurs du Québec
Le génie logiciel est d’abord et avant tout une pratique des informaticiens
- Les informaticiens sont bien plus nombreux que les ingénieurs logiciels. Les ingénieurs logiciels sont une tout petite minorité par rapport aux informaticiens qui n’ont pas le titre d’ingénieur.
- Des connaissances en chimie, physique et biologie sont très rarement utilisées en génie logiciel.
- Le génie logiciel est un domaine très différent des autres domaines du génie. Le génie logiciel est beaucoup plus abstrait et n’est pas palpable, contrairement aux autres domaines des ingénieurs.
Aucun effort n’est fait pour intégrer les informaticiens chez l’OIQ (j’ai bien dit aucun)
- Un baccalauréat en informatique est dit non recevable pour l’admission chez l’OIQ car ceci n’inclue pas de cours en chimie, physique, biologie et autres sciences naturelles. La très grande majorité des informaticiens ne peuvent donc même pas accéder aux processus pour ceux qui ont un baccalauréat en sciences.
- La formation à distance est de plus en plus commune chez les informaticiens, mais elle n’est pas reconnue par l’OIQ. Par exemple, les cours à distance en direct par Internet de l’Université Laval est reconnu pour ceux qui étudient en génie, mais pas pour ceux qui étudient en informatique.
- Les passerelles destinés aux détenteurs d’un DEC (technique du Cégep/Collège) sont très pauvres en génie logiciel comparativement aux passerelles DEC-BAC des baccalauréats en informatique. Beaucoup d’informaticiens passent par la technique.
- Aucune intégration n’a été commencée avant même de faire les démarches nécessaires pour encadrer le génie logiciel.
Les impacts économiques seraient trop grands
- Comme les informaticiens sont bien plus nombreux et qu’aucun effort d’intégration n’est fait chez l’OIQ, 90% de la main d’œuvre devra retourner sur les bancs d’écoles, mêmes s’ils ont déjà les compétences nécessaires pour exercer leur profession. Ceci causerait un manque de main d’œuvre beaucoup trop élevé.
- D’autres informaticiens ne retourneraient pas sur les bancs d’écoles et changerait leur carrière professionnelle, ce qui diminuerait encore plus le nombre de professionnel en génie logiciel. Dîtes vous qu’un informaticien, c’est un indépendant dans sa mentalité (en général).
- Exiger de suivre des cours en sciences naturelles aux futurs informaticiens va diminuer le nombre de diplômés (qui est déjà beaucoup trop insuffisant). Il est faux de croire que tous les informaticiens sont passionnés de la physique, biologie, chimie et autres sciences naturelles. En fait, les plus près des informaticiens sont les mathématiciens et eux non plus ne sont pas reconnus par l’OIQ.
La sécurité publique ne serait pas mieux protégée
- Le développement logiciel évolue beaucoup trop vite pour pouvoir signer du code.
- En informatique, il est possible de prouver qu’un algorithme ne fonctionne pas, mais il est actuellement impossible de prouver qu’un algorithme fonctionne sans faille. Ainsi, la signature d’une batterie de tests et de spécifications n’aurait pas vraiment de valeur scientifique (scientifiquement parlant).
- La couverture de la conception logicielle permettrait de couvrir uniquement une petite partie de l’informatique. L’administration réseau et la sécurité des systèmes d’informations organisationnels ne seraient pas couverts.
- Les pratiques des autres domaines du génie ne sont pas applicables en génie logiciel.
- Le génie logiciel nécessite un code de déontologie différent étant donné que ce domaine est différent.
- Les conséquences économiques seraient en l’encontre de la protection publique.
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